Mieux délivrer Izalgi, antalgique de palier II

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Mieux délivrer Izalgi, antalgique de palier II

Publié le 15 mars 2025
Par Marianne Maugez
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Association fixe de paracétamol et de poudre d’opium, Izalgi est un antalgique de palier II. Le pouvoir addictogène du dérivé morphinique impose une vigilance particulière lors de la dispensation.

L’essentiel

Izalgi 500 mg/25 mg est indiqué à partir de 15 ans dans le traitement de la douleur aiguë, d’intensité modérée à intense.

Le paracétamol est un antipyrétique et un antalgique d’action essentiellement centrale.

La poudre d’opium est un analgésique opiacé d’action centrale et périphérique. Dans la spécialité Izalgi, elle est titrée à 10 % de morphine, ce qui correspond à 2,5 mg de morphine par gélule.

Bon usage du traitement

Comme pour tous les traitements antalgiques, la posologie doit être adaptée à l’intensité de la douleur et à la réponse clinique de chaque patient.

La posologie usuelle est de 1 gélule à renouveler si besoin au bout de 4 à 6 heures. Il n’est généralement pas nécessaire de dépasser 4 gélules par jour.

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En cas d’insuffisance rénale sévère (clairance à la créatinine inférieure à 10 ml/min), respecter un intervalle de 8 heures entre les prises.

L’insuffisance hépatocellulaire sévère constitue une contre-indication absolue. La spécialité ne doit pas être utilisée en cas d’asthme ou d’insuffisance respiratoire.

Vigilance

La prise prolongée et à des doses supérieures à celles recommandées peut conduire à un état de pharmacodépendance. Chez les patients prédisposés, le traitement doit se faire sous surveillance médicale étroite.

La prescription concomitante avec des sédatifs tels que les benzodiazépines ou d’autres médicaments apparentés augmente le risque de somnolence, de dépression respiratoire et peut conduire à un coma, voire au décès.

L’opium est susceptible d’abaisser le seuil épileptogène chez les patients présentant des antécédents d’épilepsie. Izalgi doit donc être utilisé avec prudence chez ces personnes.

Chez le patient cholécystectomisé, la poudre d’opium peut provoquer un syndrome douloureux abdominal aigu de type biliaire ou pancréatique, le plus souvent associé à des anomalies biologiques. De plus, des troubles mictionnels à type de dysurie, voire de rétention urinaire, peuvent être observés, notamment chez les personnes âgées (prudence en cas d’adénome de la prostate).

Attention aux prescriptions chez les patients sportifs, Izalgi est une spécialité inscrite sur la liste des substances dopantes.

Izalgi : prévenir les effets indésirables

L’arrêt brutal du traitement peut entraîner un syndrome de sevrage (anxiété, nervosité, agitation, douleurs, tremblements, sueurs et troubles digestifs) lors d’une utilisation prolongée à dose élevée. Favoriser un arrêt progressif des doses.

La constipation est un effet indésirable connu de la poudre d’opium, les patients doivent, si possible, adapter leur activité physique et leur alimentation pendant le traitement.

À dire au patient

Ne pas associer à d’autres médicaments contenant du paracétamol afin de ne pas dépasser les doses maximales conseillées.

L’absorption d’alcool est déconseillée pendant le traitement (risque de majoration de l’effet sédatif).

Ne pas utiliser au cours de la grossesse (sauf en cas de nécessité absolue), ni en cas d’allaitement.

Savoir repérer les signes de surdosage (dépression respiratoire principalement) et disposer d’une seringue de naloxone chez les patients à risque.

Les entretiens courts « opioïdes »

Afin de repérer ou prévenir un mésusage ou une dépendance aux antalgiques de palier II (tramadol, codéine, dihydrocodéine, poudre d’opium), les pharmaciens d’officine peuvent proposer des entretiens d’accompagnement aux patients sous ces traitements.

Les plus de 18 ans présentant une prescription d’Izalgi sont donc éligibles dès le premier renouvellement de leur ordonnance. En plus d’informer le patient des risques liés à la nature de son traitement, notamment en cas de prise prolongée, et de rappeler les règles de bon usage, le pharmacien doit profiter de cet entretien pour évaluer le risque de mésusage des opiacés à l’aide du questionnaire Pomi (prescription opioid misuse index).