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La critique, c’est automatique

Publié le 24 novembre 2016
Par Laurent Lefort
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Entre 30 et 50 % des traitements antibiotiques sont prescrits inutilement car inadaptés aux pathologies diagnostiquées », explique la ministre de la Santé qui cherche par tous les moyens à lutter contre l’antibiorésistance. Son but est louable, mais la critique somme toute facile, tant il faudrait réguler en même temps les consommations d’antibiotiques en médecine vétérinaire, à l’hôpital et en ville. Et accessoirement opérer un lavage de cerveau. Une étude OpinionWay* menée pour Sanofi montre que 40 % des Français demandent quand même un antibiotique à leur médecin lorsqu’ils ont des maladies virales. 37 % des 25-34 ans pensent qu’un traitement antibiotique guérit les maladies virales. Et de toute façon, quand ils décrochent la prescription de leur sacro-saint antibio, 41 % de ces mêmes « 25-34 » ne suivent pas leur traitement pendant toute la durée prescrite. Le combat à mener n’est pas seulement celui de l’antibiorésistance, mais bien celui de l’antibio-ignorance.

Le 24 novembre est sortie la mise à jour du best-seller de 2012, le fameux « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » des professeurs Even et Debré. « Une nouvelle édition qui répond à une demande des gens », explique Philippe Even au quotidien Le Parisien. Depuis 2012, 1 500 nouvelles AMM ont été accordées, mais la critique des auteurs est toujours aussi féroce : un tiers des médicaments ne servent à rien. Et de prôner l’urgence à changer « ce » système. Décidément, les déclarations de bonnes intentions ont de beaux jours devant elles. Au moins, elles ne mangent pas de pain.

* 1 029 interviews du 19 au 20 octobre 2016

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