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« J’ai exclu la pseudoéphédrine de mon rayon conseil »
Dans sa pharmacie bordelaise, François Couchouron ne propose plus la pseudoéphédrine. Une décision éclairée qu’il est capable de reproduire pour d’autres principes actifs sur la sellette. Ce titulaire incite ses confrères à faire de la pharmacovigilance un axe de leur exercice au quotidien.
Non à la pseudoéphédrine. Au point de la bouter hors de son rayon conseil. C’est la décision radicale prise par François Couchouron voilà cinq ans. « Les mises en garde sur cette molécule se succèdent. Aujourd’hui encore, pas plus tard qu’en décembre 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament a réitéré son appel à la prudence en éditant des fiches d’information à destination des patients et des professionnels de santé », justifie ce titulaire d’une pharmacie de quartier à Bordeaux (Gironde). A l’époque, sa démarche suscite l’intérêt des médias. Le pharmacien tente sans succès de convaincre son groupement de faire passer la consigne auprès des adhérents. Sa prise de position le rassure au prix de quelques centaines d’euros perdus tous les ans. Elle se fonde sur un rapport de la Commission nationale de pharmacovigilance de 2008 qui met en garde contre les effets indésirables rares mais graves du vasoconstricteur. Et aussi sur ce constat d’un accident survenu chez un homme qui, se voyant refuser le médicament antirhume qu’il convoitait, était allé le chercher dans une autre officine et avait fini en service de soins intensifs de cardiologie. « On ne sait pas vraiment ce que les gens font de leurs médicaments. Ils circulent dans les familles. Les notices ne sont pas lues. Et ce qui était valable à un moment ne l’est plus, par exemple lorsque survient une grossesse. » Dans l’officine bordelaise, la pseudoéphédrine est toutefois délivrée sur prescription, ce qui est devenu peu fréquent.
Le droit du choix
Le pharmacien s’appuie sur son esprit critique et sur son devoir de refuser la délivrance d’un médicament lorsque la santé du patient lui paraît l’exiger. Dans sa ligne de mire se trouve aussi un antiémétique du rayon conseil aux effets neuroleptiques. « Dans mon référencement, j’ai le droit de faire des choix. » Un choix sans conséquence pour ses relations avec les fournisseurs. « Les médicaments vasoconstricteurs n’entrent pas en ligne de compte dans les clauses d’assortiment. Les laboratoires les ont prudemment exclues de leurs conditions commerciales. » Les clients non plus ne s’en offusquent pas. « Il faut pouvoir expliquer et justifier. J’indique tout simplement que ces médicaments présentent plus d’inconvénients que de bénéfices. Et contre le rhume, il y a de quoi conseiller. » Le titulaire est attaché à la mission de pharmacovigilance. « C’est une procédure obligatoire pour les professionnels de santé, qui est simple et rapide. C’est important de déclarer en présence d’effets indésirables inattendus ou qui se manifestent rarement. » Cette démarche a eu raison d’un baume corporel pour nourrissons dont les dérivés terpéniques furent à l’origine de deux cas de convulsions au milieu des années 2000, se félicite François Couchouron. Le contact qu’il entretient avec le centre de pharmacovigilance de sa région lui permet aussi de recevoir des réponses fiables lorsque se présentent des doses et des posologies inhabituelles.
BIO François Couchouron
2005 Obtient son diplôme et s’installe en association
2016 Devient titulaire au printemps de la pharmacie du Lac à Bordeaux (Gironde)
2016 Décide, en septembre, d’exclure la pseudoéphédrine de son rayon conseil
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