Vyvgart, dans la myasthénie auto-immune
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Vyvgart, dans la myasthénie auto-immune

Publié le 9 novembre 2024 | modifié le 27 novembre 2024
Par Yolande Gauthier
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Médicament orphelin, Vyvgart (efgartigimod alfa) a bénéficié, depuis 2021, d’une autorisation d’accès d’abord compassionnel puis précoce. Il offre une approche nouvelle et originale dans le traitement de première intention de la myasthénie auto-immune généralisée.

Indication remboursée

Vyvgart est indiqué en complément du traitement standard, incluant les immunosuppresseurs de première ligne, chez les patients adultes atteints de myasthénie auto-immune généralisée et présentant des anticorps antirécepteurs de l’acétylcholine (RACh) qui restent symptomatiques.

La prise en charge est subordonnée à la validation de l’indication par concertation d’une équipe d’experts de la filière de santé maladies neuromusculaires Filnemus.

Mode d’action

L’efgartigimod alfa est un fragment d’anticorps IgG1 humain qui se lie au récepteur néonatal Fc (FcRn) et le bloque. Cela entraîne une diminution des taux d’immunoglobuline G (IgG) circulantes, y compris les auto-anticorps IgG pathogènes (anticorps anti-RAch) qui sont à l’origine des problèmes de neurotransmission dans la myasthénie auto-immune.

Posologie

Le premier cycle de traitement et la première injection du deuxième cycle doivent être administrés par ou sous la supervision d’un professionnel de santé et la surveillance doit être maintenue au cours des 30 minutes qui suivent. La suite du traitement peut être administrée à domicile par le patient lui-même ou par un aidant, après qu’ils y ont été formés.

La dose recommandée est de 1 000 mg administrés par voie sous-cutanée, par cycles de 1 injection hebdomadaire pendant 4 semaines. La fréquence des cycles de traitement suivants varie selon l’évaluation clinique du patient.

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Le volume de 5,6 ml doit être injecté au niveau de l’abdomen en 30 à 90 secondes. L’introduction du produit peut être effectuée plus lentement en cas de gêne.

Contre-indications

Hypersensibilité à l’un des composants.

Dites-le au patient

  • Sortir le flacon du réfrigérateur au moins 15 minutes avant d’effectuer l’injection sous-cutanée. Ne pas l’agiter.
  • Alterner les sites d’injection au niveau de l’abdomen (à une distance d’au moins 5 cm du nombril) et ne pas injecter la solution dans des grains de beauté, des cicatrices ou des zones de peau sensibles, contusionnées, rouges ou dures.
  • Si une injection programmée n’est pas possible, le traitement peut être administré jusqu’à 3 jours avant ou après la date prévue. Le schéma d’administration initial doit ensuite être repris jusqu’à la fin du cycle de traitement. Un intervalle d’au moins 3 jours doit être respecté entre deux doses consécutives.

Grossesse et allaitement

Le traitement par Vyvgart chez la femme enceinte ou la femme qui allaite doit être envisagé seulement si le bénéfice clinique est supérieur aux risques.

L’administration de vaccins vivants ou de vaccins vivants atténués aux nourrissons exposés in utero doit être évaluée au regard du rapport bénéfice/risque, car Vyvgart peut faire baisser les taux d’anticorps maternels et réduire la protection passive du nouveau-né.

Effets indésirables

Des réactions au site d’injection (douleur, érythème, prurit, rash), des infections des voies aériennes supérieures et des infections des voies urinaires sont les effets indésirables les plus fréquents.

Une bronchite et des myalgies sont aussi souvent rapportées.

Interactions médicamenteuses

L’administration de vaccins vivants ou de vaccins vivants atténués pendant le traitement est déconseillée. Si elle est nécessaire, la réaliser au moins 4 semaines avant le traitement et au moins 2 semaines après la dernière dose de Vyvgart.

Si possible, reporter l’instauration d’un traitement par immunoglobulines, anticorps monoclonaux ou dérivés d’anticorps contenant le domaine Fc humain de la sous-classe des IgG jusqu’à 2 semaines après la dernière dose d’un cycle de traitement par efgartigimod alfa.

Délivrance

  • Liste I.
  • Médicament soumis à prescription hospitalière.
  • Prescription réservée aux spécialistes en neurologie.
  • Médicament à surveillance particulière pendant le traitement.

Surveillance particulière

Surveillance de signes cliniques ou de symptômes d’infection pendant le traitement.

Conservation

À placer au réfrigérateur à une température située entre + 2 et + 8 °C.Si nécessaire, les flacons non ouverts peuvent être conservés à température ambiante (jusqu’à + 30 °C) pendant 3 jours au maximum ou être remis au réfrigérateur avant la fin de ce délai.

L’avis de la HAS

  • Service médical rendu important.
  • Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à la solution à diluer pour perfusion Vyvgart 20 mg/ml (usage hospitalier).
  • Population cible estimée entre 2 180 et 6 808 patients.

Fiche technique

Efgartigimod alfa 1 000 mg en solution injectable jaunâtre, flacon de 5,6 ml, 14 838,32 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 302 812 2 2.

Argenx : 01 87 43 00 40

Commandes à Arvato : 0805 10 10 85

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

La myasthénie auto-immune

La myasthénie, ou myasthénie acquise, est une maladie rare auto-immune dont la prévalence et l’incidence sont respectivement estimées entre 50 et 200 pour 1 million d’habitants et entre 5,3 et 17 pour 1 million d’habitants. La maladie touche, dans 60 % des cas, des adultes de moins de 40 ans, dont deux tiers de femmes.

À quoi est-elle due ? La myasthénie auto-immune est dûe à la synthèse d’autoanticorps spécifiques qui induisent un dysfonctionnement de la transmission neuromusculaire. Les anticorps responsables de myasthénie auto-immune sont dans la grande majorité des cas des anticorps anti-récepteurs de l’acétylcholine (anti-RACh), qui empêchent la fixation de l’acétylcholine à ses récepteurs, avec notamment pour conséquence une diminution de la contraction musculaire. Les responsables sont moins souvent des anticorps dirigés contre le récepteur tyrosine kinase spécifique du muscle (anti-MuSK) ou, encore plus rarement, des anticorps anti-LRP4, LRP4 étant le récepteur de l’agrine qui active MuSK.

Comment se manifeste-t-elle ? La myasthénie se manifeste par une fatigabilité excessive de la musculature striée liée à l’effort, d’intensité et de durée variables. La fatigabilité concerne le plus souvent initialement les yeux avec une ptose asymétrique (affaissement anormal de l’une des deux paupières entraînant sa fermeture partielle) et une diplopie binoculaire (vision double d’un objet). Après un an d’évolution, la myasthénie se généralise chez la quasi-totalité des patients, atteignant d’autres muscles tels que les muscles oropharyngés, ceux des membres et/ou les muscles respiratoires. La myasthénie est fréquemment associée à des troubles du thymus (organe situé sous le sternum et entre les poumons qui synthétise des lymphocytes T et des hormones) ou à un thymome (tumeur cancéreuse dérivée de l’épithélium de la glande thymique). La myasthénie auto-immune évolue de façon variable et imprévisible avec une alternance de poussées et de rémissions. Les poussées qui touchent les muscles de la respiration et de la déglutition peuvent engager le pronostic vital.

Par Delphine Guilloux