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Un réseau durable

Publié le 1 décembre 2007
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Antoine Bouis a été l’un des officinaux pionniers du réseau ville-hôpital lancé en 2004 par Marie-Pierre Bréchet, pharmacienne hospitalière à Mont-de-Marsan, pour l’accompagnement des sorties de la réserve hospitalière. Réseau qui se lance aujourd’hui dans le suivi des patients… entrant à l’hôpital.

Marie-Pierre Bréchet, chef de service à la pharmacie du centre hospitalier de Mont-de-Marsan (Landes), est à l’origine d’un réseau ville-hôpital unique en Aquitaine. Initiative qu’elle a lancée en 2004 pour encadrer la sortie de plusieurs spécialités pharmaceutiques de la réserve hospitalière. Parmi elles, les érythropoïétines concernaient 400 insuffisants rénaux et cancéreux par an, dont la moitié sortant de l’hôpital. « On ne se voyait pas téléphoner à chaque pharmacien de Mont-de-Marsan pour l’informer à ce sujet, cela aurait été ingérable… D’où l’idée de travailler en réseau en s’appuyant sur Internet », explique Marie-Pierre Bréchet.

C’est ainsi que la pharmacie centrale de l’hôpital montois, qui emploie cinq pharmaciens en équivalent temps plein et onze préparateurs, aura lancé une campagne de mailing auprès des 70 pharmacies landaises relevant de son bassin. Pour faire bon poids, les séances de formation continue des officinaux ne seront pas oubliées. De nombreux pharmaciens se montreront réticents, mais, au final, 22 se laisseront convaincre d’intégrer le réseau.

Messagerie Internet sécurisée

Marie-Pierre Bréchet entrera de cette façon en contact avec Antoine Bouis, qui deviendra l’un de ses deux plus importants correspondants chez les officinaux libéraux de Mont-de-Marsan. « Un de mes anciens assistants travaille avec elle à la pharmacie centrale de l’hôpital. Au cours d’une séance de formation, il a rencontré ma femme, également pharmacienne. C’est ainsi que tout a commencé. Je m’intéresse à l’informatique, nous avions un noyau de communication interne déjà en place, nous avons testé le système pendant quinze jours et ça fonctionnait parfaitement », se souvient Antoine Bouis.

Le réseau dispose d’une carte maîtresse. Une messagerie via Internet sécurisée et facile d’emploi développée par le groupement Télésanté Aquitaine (TSA), à Bordeaux, créé fin 2002 par l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) afin de participer au décloisonnement entre la ville et l’hôpital. Pratique et rassurant pour tout le monde ! « TSA, qui maîtrise parfaitement ce type de réseau de communication, nous a envoyé un technicien qui a mis le système en place très rapidement, décrit Marie-Pierre Bréchet. La procédure est sûre, peu coûteuse, et le dispositif très facile à utiliser, sans quoi notre réseau n’aurait pas pu fonctionner. Cela n’a toutefois pas convaincu tous les pharmaciens libéraux que nous voulions toucher, mais nous avons quand même atteint nos objectifs. »

Parmi les premiers utilisateurs du réseau, Antoine Bouis confirme l’efficacité et la facilité d’utilisation du système. « A chaque sortie d’un patient de l’hôpital, je reçois un mail d’alerte et, avec ma carte sécurisée, je vais sur le portail Internet correspondant pour récupérer le message électronique envoyé par la pharmacie centrale. Je sais que monsieur Untel sort de l’hôpital à telle date, à quel moment il a pris son médicament pour la dernière fois et quand il doit prendre le prochain », résume-t-il. Au plus fort des sorties de la réserve hospitalière, Antoine Bouis avait ainsi le temps de mettre le nouveau médicament en stock. Une entrée en réseau d’autant plus facile que Marie-Pierre Bréchet complétait chaque mail avec l’ordonnance correspondant au traitement, sans oublier une fiche technique en pièce jointe décrivant le médicament. « Cela nous a permis de découvrir des molécules que nous ne connaissions pas, avec les précautions d’emploi particulières à suivre, les effets secondaires possibles, etc. », raconte Antoine Bouis.

En 2008, c’est la ville qui informera l’hôpital !

La pharmacie centrale de l’hôpital s’est également débrouillée pour donner un coup de main aux pharmaciens montois pour l’approvisionnement en médicaments lors du lancement du réseau. Des médicaments évidemment coûteux et obéissant à des règles de stockage inhabituelles, comme la conservation au froid. « A la sortie de la réserve hospitalière, l’opération a mis un peu moins de cinq mois à se mettre en place. Elle a également réussi sans problèmes parce que le département des Landes connaît très peu de nomadisme médical. Les patients sont attachés à leurs pharmaciens et cela facilite énormément les choses », analyse Marie-Pierre Bréchet. Hier axé sur le suivi des patients aux traitements sortant de l’hôpital, le réseau ville-hôpital montois se donne aujourd’hui pour objectif d’informer la pharmacie centrale et le personnel soignant sur le profil des patients entrant à l’hôpital.

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« Les médecins hospitaliers ne connaissent pas l’historique des traitements. Je viens donc de tester, avec Antoine Bouis et un autre pharmacien de Mont-de-Marsan, l’envoi par les officinaux d’informations à la pharmacie centrale de l’hôpital. Nous aurons une réunion à ce sujet au mois de décembre avec un représentant de l’ARH pour remotiver les pharmaciens de la ville. Nous avons toujours les 22 pharmaciens de la première heure avec nous, il s’agit maintenant d’aller au-delà », espère Marie-Pierre Bréchet.

Dans ce deuxième temps du réseau, les pharmaciens montois devraient jouer un rôle comparable à celui de la pharmacie centrale lors de la sortie de la réserve hospitalière. « Les médicaments sortis de l’hôpital n’y reviennent plus. D’où l’intérêt d’informer la pharmacie centrale sur les traitements des patients en cours, y compris avec des fiches s’il le faut », observe Antoine Bouis. Parfaitement autonome, le réseau ville hôpital montois n’est pas pour autant laissé à lui-même et bénéficie en permanence de l’appui de TSA en cas de besoin. Marie-Pierre Bréchet estime que le nouveau système sera opérationnel dès 2008.

Envie d’essayer ?

Les avantages

– La découverte de nouveaux médicaments rares, souvent inconnus hors du réseau.

– L’utilisation de protocoles de communication modernes.

– La possibilité d’élargir sa clientèle, même indirectement, par le bouche-à-oreille grâce à son savoir-faire.

– La fidélisation de cette clientèle nouvelle.

Les difficultés

– Créer un climat de confiance entre les membres du réseau et s’assurer de leur écoute.

– Gérer ses stocks avec précaution, les médicaments sortant de l’hôpital étant coûteux.

– Mettre un système d’information efficace en place, à l’échelle du réseau.

– Prévoir un conseil très personnalisé pour les patients sortant de l’hôpital.

Les conseils d’Antoine Bouis

– « Il est important de trouver le bon moyen de communiquer. Les règles de confidentialité et les contraintes du métier de pharmacien de ville excluent tout suivi de la rétrocession par téléphone. »

– « Avec un bon système d’approvisionnement, le stockage de ce type de médicament n’est pas problématique. Quand on est livré deux fois par jour il est facile de s’adapter aux besoins. »

– « Pour bien fonctionner, le réseau doit faire circuler l’information de la meilleure façon. Alors le pharmacien de ville sait de quel stock il aura besoin, tandis que le patient est assuré de trouver son médicament. »

– « Si l’occasion se présente, n’hésitez pas à suivre une telle initiative. Un réseau bien organisé et bien géré ne coûte rien à personne ! »