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Retsevmo (selpercatinib), inhibiteur de tyrosine kinase anticancéreux
Indications
Retsevmo est indiqué en monothérapie, en traitement de première ou deuxième ligne et plus :
– chez l’adulte et l’adolescent à partir de 12 ans atteints d’un cancer médullaire de la thyroïde avancé présentant une mutation du gène RET (rearranged during transfection) ;
– chez l’adulte atteint d’un cancer bronchique non à petites cellules avancé présentant une fusion positive du gène RET, non précédemment traité par un inhibiteur de RET.
Mode d’action
Le selpercatinib est un inhibiteur du récepteur à tyrosine kinase RET. Celui-ci code pour une protéine transmembranaire qui intervient dans la régulation de la croissance et de la division cellulaire. Certaines fusions ou mutations du gène RET seraient impliquées dans la cancérogenèse de diverses tumeurs solides en favorisant la prolifération de lignées cellulaires tumorales.
Retsevmo : posologie
La dose recommandée est fonction du poids corporel du patient : 120 mg 2 fois par jour pour les personnes pesant moins de 50 kg, et 160 mg 2 fois par jour pour celles qui font 50 kg ou plus.
Cette dose est réduite de moitié en cas d’administration concomitante avec un inhibiteur puissant du CYP3A comme le kétoconazole, le ritonavir et la télithromycine.
Une réduction de la dose par paliers de 40 mg peut également intervenir en cas d’effets indésirables.
Dites-le au patient
- Les gélules peuvent être prises avec ou sans nourriture, mais à peu près à la même heure chaque jour. Ne pas les ouvrir, ni les écraser ou les mâcher avant de les avaler.
- En cas d’oubli d’une dose ou de vomissement, attendre et prendre la dose suivante à l’heure prévue.
Contre-indications
Hypersensibilité à l’un des composants.
Grossesse et allaitement
Les femmes en âge de procréer doivent adopter une méthode de contraception hautement efficace durant toute la durée du traitement et pendant 1 semaine au moins après la dernière dose. Idem pour les hommes dont les partenaires sont des femmes en âge de procréer.
Retsevmo ne doit pas être utilisé pendant la grossesse, sauf si les bénéfices attendus pour la mère justifient les risques pour le fœtus.
L’allaitement sera interrompu durant tout le traitement et pendant 1 semaine au moins après la dernière dose.
Retsevmo : effets indésirables
Retsevmo peut provoquer une fatigue ou des sensations vertigineuses. La prudence s’impose lors de la conduite de véhicules ou l’utilisation de machines.
Les effets indésirables les plus fréquents sont des infections des voies urinaires, une pneumonie, une hypothyroïdie, une perte d’appétit, des céphalées, une hémorragie ou une hypertension artérielle. Des troubles gastro-intestinaux, une éruption cutanée, un œdème, de la fatigue et de la fièvre sont également très souvent observés.
Interactions médicamenteuses
En raison d’un risque de perte d’efficacité du selpercatinib, éviter l’administration concomitante d’inducteurs puissants du CYP3A4 (carbamazépine, phénytoïne, rifampicine, millepertuis, etc.).
Ne pas coadministrer non plus avec des substrats sensibles du CYP2C8 (répaglinide, sorafénib, buprénorphine, montélukast, etc.) ou du CYP3A4 (midazolam, simvastatine, darunavir, vardénafil, etc.), dont les concentrations peuvent être fortement augmentées par Retsevmo.
Prudence lors de la prise concomitante d’un substrat sensible de la P-gp, en particulier ceux à index thérapeutique étroit comme la digoxine, la colchicine ou le dabigatran.
Si un inhibiteur de la pompe à protons est utilisé en même temps, Retsevmo doit être avalé au cours d’un repas pour prévenir une diminution de sa concentration.
Prendre Retsevmo 2 heures avant ou 10 heures après un antagoniste du récepteur H2.
Surveillance particulière
Confirmation de la présence d’une mutation ou d’une fusion du gène RET par un test validé avant l’instauration du traitement.
Surveillance des taux d’alanine aminotransférase (Alat) et d’aspartate aminotransférase (Asat) avant le lancement du traitement, puis toutes les 2 semaines pendant les 3 premiers mois et tous les mois pendant les 3 mois de traitement suivants, puis à nouveau si cela est cliniquement indiqué.
Contrôle de la pression artérielle avant le début du traitement et surveillance pendant.
Vérification de l’électrocardiogramme et dosage des électrolytes sériques avant l’instauration du traitement, 1 semaine après le début, puis au moins 1 fois par mois pendant les 6 premiers mois et lorsque cela est cliniquement indiqué.
Évaluation de la fonction thyroïdienne avant le début du traitement et pendant. Surveillance étroite des signes de dysfonctionnement thyroïdien tout au long de la prise.
Surveillance de symptômes pulmonaires évocateurs d’une pneumopathie interstitielle diffuse ou d’une pneumopathie inflammatoire. Le traitement sera interrompu en cas de symptômes respiratoires aigus ou d’aggravation de symptômes tels que dyspnée, toux ou fièvre, et il convient de consulter rapidement un médecin.
L’avis de la HAS
– Service médical rendu important en première ligne du cancer médullaire de la thyroïde et du cancer bronchique non à petites cellules, faible en deuxième ligne.
– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) en première ligne, pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) en deuxième ligne.
– Population cible estimée entre 80 et 155 patients par an dans le cancer médullaire de la thyroïde, entre 340 et 760 patients par an dans le cancer bronchique non à petites cellules.
Délivrance
– Liste I.
– Médicament à prescription hospitalière (initiale et renouvellement) réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie.
– Surveillance particulière pendant le traitement.
Fiche technique
Selpercatinib en gélule grise (40 mg) ou bleue (80 mg), boîte de 56, remb. SS à 100 %.
– Retsevmo 40 mg, 862,84 €, AMM : 34009 302 353 6 2.
– Retsevmo 80 mg, 1 691,32 €, AMM : 34009 302 354 0 9.
Lilly : 01 55 49 34 34
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.
Le cancer bronchique non à petites cellules
Le cancer du poumon constitue la première cause de décès par cancer en France et dans le monde. Son pronostic est mauvais puisque la survie à 5 ans n’est que d’environ 15 %, notamment en raison d’une détection souvent tardive. Généralement diagnostiqué autour de 65 ans, il reste plus fréquent chez l’homme que chez la femme, même s’il est en forte augmentation chez cette dernière du fait du tabagisme.
Qu’est-ce que c’est ?
Le cancer primitif du poumon, appelé aussi cancer bronchique ou cancer bronchopulmonaire, commence le plus souvent au niveau des cellules des bronches. Selon la nature de celles-ci (aspect au microscope et origine cellulaire, sensibilité aux traitements, etc.), on distingue les cancers « à petites cellules » et les cancers « non à petites cellules ». Ces derniers sont les plus fréquents (environ 85 % des cancers bronchiques) et sont eux-mêmes divisés en deux sous-groupes : les carcinomes épidermoïdes (15 à 25 % des cas) et non épidermoïdes (75 à 85 %), parmi lesquels l’adénocarcinome bronchique et le carcinome à grandes cellules. Les cancers à petites cellules représentent environ 15 % des cancers bronchiques et sont dits « agressifs » (risque important de métastases).
La mutation RET
L’oncogène RET (rearranged during transfection) est un récepteur à tyrosine-kinase transmembranaire anormalement activé dans certains cancers de la thyroïde et dans environ 1 à 2 % des cancers bronchiques non à petites cellules. Parmi les anomalies possibles de celui-ci (mutations, fusions et amplifications), les fusions RET sont celles retrouvées dans les cancers bronchiques non à petites cellules, en particulier chez les patients atteints d’un adénocarcinome. À noter que ces fusions sont généralement exclusives des autres mutations retrouvées dans les cancers bronchiques non à petites cellules (EGFR, Kras, ALK).
Par Delphine Guilloux
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