Qinlock, antitumoral gastro-intestinal de quatrième ligne

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Qinlock, antitumoral gastro-intestinal de quatrième ligne

Publié le 22 mars 2025
Par Yolande Gauthier
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Qinlock (riprétinib) est un médicament orphelin qui a bénéficié d’une autorisation temporaire d’utilisation depuis octobre 2019. Il est maintenant disponible en ville.

Il s’agit de la première spécialité à être indiquée en quatrième ligne de traitement des tumeurs stromales gastro-intestinales inopérables ou métastatiques.

Indications

Traitement des patients adultes atteints d’une tumeur stromale gastro-intestinale (GIST) avancée, qui ont reçu au préalable un traitement par au moins 3 inhibiteurs de la kinase, dont l’imatinib (Glivec et génériques).

Mode d’action

Le riprétinib est un inhibiteur de la tyrosine kinase des récepteurs proto-oncogènes KIT et de la kinase PDGFRA (platelet derived growth factor receptor α, ou récepteur α du facteur de croissance dérivé des plaquettes), y compris leurs mutations de type sauvage, primaires et secondaires. 

In vitro, le riprétinib inhibe également d’autres kinases, telles que PDGFRB, TIE2, VEGFR2 et Braf.

Posologie

La dose recommandée est de 150 mg de riprétinib (soit 3 comprimés de Qinlock) à prendre 1 fois par jour.

Cette posologie peut être réduite à 100 mg 1 fois par jour en cas d’effets indésirables.

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Qinlock peut être pris au cours ou en dehors des repas, mais à la même heure chaque jour. Les comprimés cassés, fissurés ou abîmés ne doivent pas être ingérés.

Dites-le au patient

  • En cas d’oubli de dose datant de moins de 8 heures, prendre dès que possible la dose omise puis avaler la suivante à l’heure normalement prévue. Si plus de 8 heures se sont écoulées depuis l’heure habituelle de prise, attendre et reprendre le schéma posologique le lendemain à l’heure normalement prévue.
  • Ne pas prendre de dose de remplacement en cas de vomissement après ingestion.
  • Suspendre Qinlock au moins 3 jours avant et 3 jours après une intervention chirurgicale mineure, et au moins 5 jours avant et après une intervention chirurgicale majeure. Le traitement pourra être repris si la cicatrisation des plaies est jugée adéquate.
  • Éviter ou réduire au minimum toute exposition à la lumière directe du soleil, aux lampes ultraviolettes et aux autres sources de rayonnement ultraviolet (risque de phototoxicité). Utiliser une crème protectrice solaire à indice élevé et porter des vêtements couvrants. 

Contre-indications

Hypersensibilité à l’un des composants (présence de lactose).

Grossesse et allaitement

Les femmes en âge de procréer et les hommes ayant des partenaires féminines en âge de procréer doivent adopter des méthodes de contraception efficaces pendant le traitement et pendant au moins 1 semaine après la dernière dose. En cas d’utilisation de contraceptifs hormonaux systémiques, une méthode de contraception barrière doit être ajoutée.

Qinlock ne doit pas être employé pendant la grossesse sauf si la situation clinique de la femme le justifie.

Interrompre l’allaitement au cours du traitement et pendant au moins 1 semaine après la dernière dose.

Effets indésirables

Une fatigue, une alopécie, des nausées, une myalgie, une constipation, une diarrhée, un syndrome d’érythrodysesthésie palmoplantaire, une perte de poids et des vomissements surviennent très fréquemment.

Des spasmes musculaires, une arthralgie, des maux de tête, une dyspnée, une hypertension, une sécheresse cutanée, des douleurs dorsales, une toux ou un œdème périphérique sont également très souvent observés.

Interactions médicamenteuses

Éviter la coadministration avec des inducteurs puissants ou modérés du CYP3A (carbamazépine, phénytoïne, rifampicine, millepertuis, etc.). À défaut, augmenter la fréquence de prise de Qinlock (150 mg 2 fois par jour) pendant la période d’administration concomitante.

Prudence avec les inhibiteurs puissants du CYP3A ou de la P-gp comme le kétoconazole, la clarithromycine et le ritonavir, car ils peuvent entraîner une augmentation de l’exposition plasmatique au riprétinib. La consommation de jus de pamplemousse n’est pas recommandée.

Prudence en cas d’administration concomitante avec des substrats du CYP2C8  (répaglinide, par exemple), de la BCRP (rosuvastatine, sulfasalazine, etc.) et de la MATE-1 (metformine), ou avec des substrats du CYP3A4 ou de la glycoprotéine P (P-gp) à marge thérapeutique étroite (tacrolimus, ciclosporine, digoxine, dabigatran, etc.).

Surveillance particulière

Surveillance de la tension artérielle. Le traitement ne doit pas être instauré si celle-ci n’est pas correctement contrôlée.

Mesure de la fraction d’éjection par échocardiogramme ou ventriculographie isotopique avant le début du traitement et pendant.

Évaluations dermatologiques au début des prises puis régulièrement ensuite pour détecter mélanomes ou carcinomes épidermoïdes.

Vérification de l’absence de grossesse chez les femmes en âge de procréer avant l’instauration du traitement et pendant.

L’avis de la HAS

– Service médical rendu important.

– Amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III).

– Population cible comprise entre 160 et 200 patients.

Délivrance

Liste I.

Médicament soumis à prescription hospitalière.

Prescription réservée aux médecins spécialistes en oncologie et aux médecins compétents en cancérologie.

Médicament à surveillance particulière pendant le traitement.

Fiche technique

Riprétinib 50 mg pour un comprimé blanc et ovale, flacon de 90, 18 857,04 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 302 436 4 0.

Commande directe au 06 82 24 70 11 ou via la plateforme commande.deciphera.fr.

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation

Les tumeurs stromales gastro-intestinales

Les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) sont des tumeurs mésenchymateuses du tube digestif qui touchent principalement l’estomac (50 à 60 % des cas), l’intestin grêle (30 à 35 %) et, plus rarement, le côlon et le rectum (5 %) et l’œsophage (moins de 1 %). Avec une incidence annuelle estimée à 1 pour 100 000 habitants, les GIST sont rares et représentent entre 1 et 3 % de tous les cancers gastro-intestinaux.

À quoi sont-elles dues ?

Les GIST dérivent des cellules interstitielles de Cajal qui, en étant à l’origine de l’automatisme des fibres lisses gastro-intestinales, interviennent dans la motricité digestive. Les mutations des cellules du GIST touchent des gènes codant pour des récepteurs de type tyrosine kinase, la mutation la plus fréquente étant celle de l’oncogène c-kit, ce dernier codant pour le récepteur membranaire CD117. Plus rarement la mutation peut être située sur le gène codant le récepteur PDGFRA (platelet derived growth factor receptor α). Quelle que soit la mutation en cause, cette dernière entraîne une activation excessive des récepteurs membranaires CD117 à l’origine d’une transformation maligne.

Comment se manifestent-elles ?

Les conséquences des GIST vont de l’apparition de petites lésions bénignes à celle d’un sarcome malin agressif. Après un stade asymptomatique, les GIST se manifestent généralement, en fonction de leur localisation et du stade de développement, par une dysphagie, des douleurs gastriques, une coloration des selles en noir, une hématémèse (vomissement de sang), voire une occlusion digestive… 10 à 20 % des GIST sont d’emblée métastatiques au moment du diagnostic et environ 40 % des formes localisées entraînent des métastases. Ces dernières sont principalement intra-abdominales, péritonéales, hépatiques et/ou osseuses.

Par Delphine Guilloux