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Esbriet
Esbriet se présente en gélules dosées à 267 mg de pirfénidone. Cette nouvelle molécule est un immunosuppresseur. Elle représente le premier traitement doté d’une AMM pour traiter la fibrose pulmonaire idiopathique légère à modérée, une maladie rare.
Indications
Le médicament orphelin Esbriet constitue un traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique légère à modérée chez l’adulte. Il est pris en charge (à 15 %) uniquement lorsque le diagnostic de la pathologie a été confirmé cliniquement et radiologiquement, que la capacité vitale forcée est supérieure ou égale à 50 % et que la capacité de diffusion du monoxyde de carbone est supérieure ou égale à 35 %.
Mode d’action
La pirfénidone est un immunosuppresseur. Son mécanisme d’action est encore mal connu. Elle aurait à la fois des propriétés antifibrosantes et anti-inflammatoires.
Posologies
• Durant les 14 premiers jours de traitement, la posologie est progressivement augmentée : de J1 à J7, elle est de une gélule trois fois par jour et, de J8 à J14, elle passe à deux gélules trois fois par jour. Une fois cette phase d’initiation terminée, le patient absorbe trois gélules trois fois par jour.
Cette dose quotidienne d’entretien de 2 403 mg de pirfénidone ne doit pas être dépassée.
• La posologie peut être revue à la baisse en cas de symptômes gastro-intestinaux persistants malgré une prise au cours des repas, de réaction de photosensibilisation ou de réaction cutanée, ou d’augmentation trop importante des transaminases.
• Si le traitement n’est pas pris pendant 14 jours consécutifs ou plus, le traitement doit être réinstauré avec une nouvelle phase d’augmentation progressive de la posologie sur 14 jours.
• Les gélules d’Esbriet sont avalées avec de l’eau, au cours d’un repas ou d’un encas.
Contre-indications
Esbriet ne doit pas être administré en cas d’insuffisances hépatique ou rénale sévères.
Grossesse et allaitement
• En l’absence de données sur l’administration de la pirfénidone chez la femme enceinte, Esbriet ne doit pas être utilisé au cours de la grossesse.
• Le traitement n’est pas compatible avec l’allaitement.
Effets indésirables
• Des nausées, des éruptions cutanées, de la fatigue, des diarrhées, une dyspepsie et des réactions de photosensibilisation sont les effets indésirables les plus fréquents sous pirfénidone.
• La possible survenue de vertiges, une fatigue, doivent être signalées au patient afin qu’il soit attentif à ses propres réactions à la prise du médicament avant d’exercer des activités impliquant sa vigilance (conduite…).
• Etant donné le risque de photosensibilisation et de réaction cutanée, les patients ne doivent pas s’exposer au soleil ni aux UV artificiels durant le traitement. Ils doivent utiliser une photoprotection quotidiennement, porter des vêtements couvrants et éviter de prendre d’autres médicaments photosensibilisants.
• Le traitement peut induire une perte de poids de l’ordre de 3 à 4 kg.
Interactions médicamenteuses
La pirfénidone est métabolisée par le cytochrome CYP 1A2.
• Le jus de pamplemousse, inhibiteur du CYP 1A2, ne doit pas être consommé pendant le traitement.
• L’association d’Esbriet à un inhibiteur puissant du CYP 1A2, tel que la fluvoxamine, est contre-indiquée. La prudence est recommandée avec la ciprofloxacine, l’amiodarone et la propafénone.
Surveillance particulière
Etant donné le risque d’élévation des transaminases sous Esbriet, les ALAT, les ASAT et la bilirubine sont contrôlées avant la mise sous traitement puis tous les mois durant les six premiers mois de traitement, puis tous les trimestres.
FICHE TECHNIQUE
Remb. SS à 15 %.
Pirfénidone 267 mg pour une gélule opaque bleu et or.
→ Boîte de 63 gélules, 561,44 €, AMM : 416 883.1.
→ Boîte de 252 gélules, 2 122,40 €, AMM : 416 884.8.
Intermune
01 55 60 20 60
L’AVIS DE LA HAS
→ Service médical rendu faible.
→ Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).
→ Population cible : 7 700 patients.
LA FIBROSE PULMONAIRE IDIOPATHIQUE
Qu’est-ce que c’est ?
La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une pneumopathie interstitielle diffuse dont la cause est inconnue. Elle se caractérise par une fibrogenèse anormale, c’est-à-dire par une anomalie dans la réparation du tissu pulmonaire suite à une agression. La destruction progressive du tissu pulmonaire se traduit par une altération de la fonction respiratoire. La FPI se manifeste par une dyspnée d’effort d’installation progressive, l’essoufflement survenant ensuite également au repos. S’y associe le plus souvent une toux sèche. Certains symptômes généraux apparaissent parfois : asthénie, amaigrissement, arthralgie…
Qui touche-t-elle ?
La FPI est une maladie rare dont la prévalence estimée est comprise entre 13 et 42 pour 100 000 personnes. Plus fréquente chez l’homme que chez la femme, la FPI débute généralement après 60 ans. Elle semble toucher indifféremment toutes les populations. Certains facteurs ont été identifiés comme jouant un rôle dans la survenue ou l’aggravation de la maladie : exposition chronique à certaines substances (fumée de cigarette, poussières de bois, métaux…), infection par certains virus (Cytomégalovirus, Epstein-Barr, virus de l’hépatite C et de l’herpès) et RGO. Des facteurs génétiques seraient également impliqués puisque des formes familiales, rares, existent. La FPI ne semble pas être une maladie auto-immune.
Quelle est l’évolution de la maladie ?
La FPI s’aggrave plus ou moins rapidement jusqu’à l’insuffisance respiratoire chronique et le décès : la médiane de survie est de 2 à 4 ans après l’établissement du diagnostic. Les complications de la FPI sont caractérisées par les exacerbations aiguës, qui surviennent dans 10 à 20 % des cas, et par l’hypertension pulmonaire.
Delphine Guilloux
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)
Pirfénidone : un petit plus dans la fibrose pulmonaire
Deux études (PIPF-004 et PIPF-006) randomisées et conduites en double aveugle versus placebo chez 779 patients présentant une fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) ont été versées au dossier de la Commission de la transparence de la HAS. Elles ont révélé que l’effet de la pirfénidone (2 403 mg/j) reste faible. A 72 semaines, la différence absolue entre le bras pirfénidone et le bras placebo sur la capacité vitale forcée était de 4,4 % dans une étude et nulle dans l’autre. L’analyse groupée de ces deux études livre une différence de 2,5 % entre pirfénidone et placebo pour ce critère. Le délai d’aggravation de la FPI a été identique pour les deux groupes dans les deux études. La survie sans progression n’a pas différé dans l’étude PIPF-006 ; le risque de progression ou de survenue d’un décès a été légèrement réduit par la pirfénidone dans l’étude PIPF-004.
L’efficacité de la pirfénidone a été appréciée selon un critère intermédiaire évaluant la fonction pulmonaire, marqueur de la progression de la fibrose. Les résultats sont, sur ce critère, en faveur de la pirfénidone mais cet avantage demeure faible, de pertinence mal connue et hétérogène d’une étude à l’autre : le bénéfice clinique apporté par le traitement aux patients en termes de qualité de vie ou de survie globale ne fait donc l’objet que d’analyses peu valides au plan statistique – ce que regrette la Commission de la transparence.
Esbriet n’a été étudié que dans le contexte d’une FPI légère à modérée, d’où son indication. C’est actuellement l’unique traitement existant. On peut noter qu’Esbriet n’a pas été approuvé par la FDA : l’autorité américaine a demandé au laboratoire la réalisation d’une étude de phase III complémentaire.
DÉLIVRANCE
→ Liste I.
→ Médicament d’exception.
→ Prescription hospitalière.
→ Prescription (initiale et renouvellement) réservée aux spécialistes en pneumologie.
→ Surveillance particulière pendant le traitement.
Dites-le au patient
• Avaler la ou les gélules d’Esbriet en même temps que de la nourriture.
• Ne pas boire de jus de pamplemousse.
• Prudence au volant ou lors d’activités exigeant de la vigilance, notamment en début de traitement à cause du risque de vertiges et/ou de fatigue.
• Penser à se protéger du soleil (crème photoprotectrice, vêtements couvrants) à cause du risque de photosensibilisation.
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