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Dans le cancer du sein

Publié le 20 avril 2019
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Après Ibrance (palbociclib) mis à disposition en 2018 et Verzenios (abémaciclib) commercialisé depuis le mois dernier, voici un troisième représentant de la classe des inhibiteurs des kinases cycline-dépendantes (CDK) 4 et 6 : Kisqali (ribociclib).

INDICATIONS

En association au létrozole (inhibiteur de l’aromatase) et en l’absence d’atteinte viscérale symptomatique menaçant le pronostic vital à court terme, Kisqali est indiqué chez les femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein localement avancé ou métastatique avec récepteurs hormonaux (RH) positifs et récepteurs du facteur de croissance épidermique humain 2 (HER2) négatifs, en première ligne de traitement pour le stade avancé de la maladie, et qui n’ont pas reçu un inhibiteur de l’aromatase non stéroïdien (létrozole ou anastrazole) dans le cadre d’un traitement adjuvant dans les 12 mois précédents.

MODE D’ACTION

Le ribociclib est un inhibiteur sélectif des kinases cycline-dépendantes (CDK) 4 et 6 qui jouent un rôle majeur dans les voies de signalisation conduisant à la progression du cycle cellulaire et à la prolifération cellulaire. L’association du ribociclib et du létrozole entraîne, par rapport à chaque médicament seul, une inhibition supérieure de la croissance tumorale avec une régression tumorale durable et une reprise de la croissance tumorale retardée après un arrêt du traitement.

POSOLOGIE

La dose recommandée est de 600 mg de ribociclib, soit trois comprimés, à prendre une fois par jour selon un cycle de 28 jours : 21 jours consécutifs de traitement, suivis d’une interruption de 7 jours. Les comprimés sont à avaler pendant ou en dehors des repas, approximativement à la même heure chaque jour, de préférence le matin.

Kisqali doit être associé à 2,5 mg de létrozole (Femara), à prendre une fois par jour pendant tout le cycle de 28 jours.

Une réduction de la dose de ribociclib à 400 mg/jour, voire 200 mg/jour, peut être envisagée pour prendre en charge les effets indésirables sévères.

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CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité au ribociclib, à l’arachide ou au soja (présence de lécithine de soja).

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Kisqali n’est pas recommandé pendant la grossesse ni chez les femmes en âge de procréer qui n’utilisent pas de méthode de contraception.

Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une méthode de contraception efficace (par exemple double contraception) pendant le traitement et pendant au moins 21 jours après la dernière dose.

Les patientes ne doivent pas allaiter pendant le traitement et pendant au moins 21 jours après la dernière prise.

EFFETS INDÉSIRABLES

Des infections, une neutropénie, une leucopénie, des céphalées, de la toux, une fatigue, une perte d’appétit, une alopécie et des rashs cutanés sont très souvent rapportés, ainsi que des nausées, des vomissements, des diarrhées ou des constipations. Des anomalies du bilan hépatique ou une dorsalgie sont également très fréquentes.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Eviter la coadministration d’inhibiteurs puissants du CYP3A4 (clarithromycine, kétoconazole, ritonavir, vérapamil, etc.) ou d’inducteurs puissants du CYP3A4 (phénytoïne, rifampicine, carbamazépine, millepertuis, etc.) en raison du risque d’augmentation ou de perte d’efficacité de Kisqali.

Association au tamoxifène non recommandée (risque d’allongement de l’intervalle QT). Eviter l’utilisation de Kisqali avec des médicaments connus pour allonger l’intervalle QT (antiarythmiques, chloroquine, ciprofloxacine, halopéridol, méthadone, etc.).

Prudence en cas d’administration concomitante de substrats à index thérapeutique étroit du CYP3A4, de la P-gp (glycoprotéine P), du BCRP (breast cancer resistance protein) ou d’autres transporteurs : ciclosporine, évérolimus, fentanyl, tacrolimus, digoxine, pravastatine, rosuvastatine, metformine, etc.

Eviter la coadministration avec les substrats suivants du CYP3A4 : alfuzosine, amiodarone, pimozide, quinidine, ergotamine, dihydroergotamine, quétiapine, simvastatine, sildénafil, midazolam, triazolam.

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

Numération formule sanguine avant l’initiation du traitement, puis toutes les 2 semaines pendant les 2 premiers cycles et au début de chacun des 4 cycles suivants, puis si cliniquement indiqué.

Bilan hépatique avant l’initiation du traitement, puis toutes les 2 semaines pendant les 2 premiers cycles et au début de chacun des 4 cycles suivants, puis si cliniquement indiqué.

ECG avant le début du traitement, à J14 environ du premier cycle et au début du second cycle, puis si cliniquement indiqué.

Contrôle des électrolytes sériques (notamment potassium, calcium, phosphore et magnésium) avant l’instauration du traitement, au début des 6 premiers cycles puis si cliniquement indiqué.

Vérification du statut gestationnel avant le début du traitement.

DITES-LE AU PATIENT

– En cas de vomissement ou d’oubli d’une dose, ne pas prendre une dose supplémentaire au cours de la journée. Prendre la suivante à l’heure habituelle.
– Ne pas avaler de comprimé cassé, fendu ou dégradé de toute autre manière.
– Eviter la consommation de pamplemousse ou de jus de pamplemousse (risque d’augmentation de l’exposition au ribociclib).

Delphine Guilloux

LE CANCER DU SEIN

Avec une incidence estimée à 58 968 nouveaux cas par an en France en 2017, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme et serait à l’origine de 18,2 % des décès par cancer chez les femmes (11 883 décès projetés en 2017). Cependant, dépisté à un stade précoce, la survie à 5 ans est de 99 %.

Quels sont les facteurs de risque ?
Le cancer du sein touche en grande majorité les femmes puisque moins de 1 % des cas seulement concernent les hommes. L’âge moyen du diagnostic est de 63 ans, le risque de cancer du sein augmentant avec l’âge : près de 80 % des cancers du sein surviennent après 50 ans. En dehors du sexe et de l’âge, les facteurs de risque sont l’hygiène de vie (consommation d’alcool, tabagisme, surpoids, etc.), les antécédents personnels et familiaux (prédispositions génétiques dans 5 à 10 % des cas) et les facteurs environnementaux (exposition répétée à des radiations médicales).

Que sont les récepteurs hormonaux et le gène HER2 ?
Les cellules cancéreuses peuvent être porteuses de récepteurs hormonaux, aux œstrogènes et/ou à la progestérone, et/ou de marqueurs génétiques HER2 (human epidermal growth factor receptor 2), ce qui permet de classer le cancer du sein en différents sous-types. Le plus fréquent est le cancer RH+/HER2-, qui concerne 65 à 70 % des patientes. Lorsque les cellules cancéreuses possèdent des récepteurs aux œstrogènes et/ou à la progestérone, la liaison des hormones à leurs récepteurs entraîne une action stimulante sur les cellules cancéreuses ; la tumeur est dite hormonosensible. La surexpression de la protéine HER2, qui est un récepteur à activité tyrosine kinase, entraîne quant à elle la persistance des signaux de croissance des cellules.

FICHE TECHNIQUE

Ribociclib 200 mg pour un comprimé pelliculé violet et rond, remb. SS à 100 %.
– Boîte de 21, 900,60 €, AMM : 34009 301 093 3 5. – Boîte de 42, 1 768,65 €, AMM : 34009 301 093 4 2. – Boîte de 63, 2 587,83 €, AMM : 34009 301 093 5 9.
Commande directe à Novartis : 0 800 002 787
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important dans l’indication remboursée

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V)

• Population cible estimée entre 1 529 et 2 739 patientes

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Prescription hospitalière, réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie

• Surveillance particulière pendant le traitement