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Dans le cancer du poumon

Publié le 7 septembre 2019
Par Yolande Gauthier
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L’osimertinib (Tagrisso) sort de la réserve hospitalière et est disponible à l’officine depuis le 30   juillet. C’est un traitement de seconde intention de certains cancers du poumon. Il offre dans ce cadre une alternative aux chimiothérapies à base de platine.

INDICATIONS

Traitement en monothérapie des patients adultes atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique, avec mutation de résistance du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) T790M.

Tagrisso est un traitement de seconde ligne, prescrit après échec d’un traitement antérieur par inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) anti-EGFR (erlotinib, afatinib, etc.).

MODE D’ACTION

L’osimertinib appartient à la classe des inhibiteurs de tyrosine kinase. Il inhibe de manière irréversible les récepteurs du facteur de croissance épidermique porteurs de la mutation activatrice (EGFRm) et de la mutation de résistance aux ITK T790M. In vivo, l’administration orale d’osimertinib inhibe la croissance cellulaire et conduit à une réduction de la taille de la tumeur.

POSOLOGIE

La dose recommandée est de 80 mg, à prendre 1 fois par jour jusqu’à progression de la maladie ou survenue d’une toxicité inacceptable. Le comprimé doit être avalé entier avec de l’eau chaque jour à la même heure, avec ou sans nourriture. Une réduction de la posologie à 40 mg 1 fois par jour peut être nécessaire en fonction de la tolérance du patient.

CONTRE-INDICATIONS

Association avec le millepertuis.

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L’utilisation de Tagrisso n’est pas recommandée chez les patients qui présentent une insuffisance hépatique sévère.

Eviter si possible l’utilisation de l’osimertinib chez les patients atteints d’un syndrome du QT long congénital.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Tagrisso ne doit pas être utilisé pendant la grossesse sauf si l’état clinique de la patiente le nécessite.

Les patients doivent utiliser une méthode de contraception efficace pendant toute la durée du traitement et la poursuivre au moins 2 mois après l’arrêt pour les femmes et 4 mois pour les hommes. Un risque de diminution de l’exposition aux contraceptifs hormonaux n’est pas exclu.

L’allaitement sera interrompu pendant le traitement.

EFFETS INDÉSIRABLES

Des diarrhées et des rashs surviennent très fréquemment, de même qu’une stomatite, une sécheresse cutanée, un prurit ou un périonyxis (inflammation des replis cutanés latéraux de l’ongle).

Une diminution du nombre de plaquettes, de leucocytes, de lymphocytes et de neutrophiles est également très fréquente.

La pneumopathie interstitielle diffuse est un effet indésirable souvent observé.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Les inducteurs puissants du CYP3A4 (rifampicine, phénytoïne, carbamazépine, etc.) peuvent réduire l’exposition à l’osimertinib et doivent être évités. Prudence avec les inducteurs modérés du CYP3A4 (éfavirenz, modafinil, etc.)

L’osimertinib peut augmenter l’exposition aux substrats de la protéine de résistance du cancer du sein (BCRP), comme la rosuvastatine, et de la P-glycoprotéine (digoxine, dabigatran, etc.).

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

Avant le traitement, détermination du statut mutationnel EGFR dans des échantillons tumoraux ou plasmatiques.

Surveillance étroite des patients âgés de plus de 65 ans ou des patients pesant moins de 50 kg : risque plus élevé d’effets indésirables graves.

Evaluation attentive de tout début aigu et/ou d’aggravation inexpliquée des symptômes pulmonaires (dyspnée, toux, fièvre) en vue d’exclure une pneumopathie interstitielle diffuse. Si cette dernière est diagnostiquée, arrêter définitivement Tagrisso.

En cas de signes et de symptômes aigus ou s’aggravant suggérant une kératite (inflammation de l’œil, larmoiement, sensibilité à la lumière, vision trouble, douleur oculaire et/ou œil rouge), consulter rapidement un ophtalmologiste. 

DITES-LE AU PATIENT

– En cas d’oubli d’une dose, la prendre immédiatement, sauf s’il reste moins de 12 heures avant la prochaine prise.
– Si le patient ne peut pas avaler le comprimé entier, celui-ci peut être dispersé dans 50 ml d’eau non gazeuse, sans être écrasé. La solution obtenue est à boire sans délai, puis un demi-verre d’eau additionnel doit être ajouté et bu pour être sûr qu’aucun résidu ne reste dans le verre.
Delphine Guilloux

LE CANCER DU POUMON

Le cancer du poumon représente la première cause de décès par cancer en France. Son pronostic tend à s’améliorer mais reste mauvais puisque la survie à 5 ans n’est que de 17 %. Le cancer du poumon, généralement diagnostiqué autour de 65 ans, est plus fréquent chez l’homme que chez la femme, même s’il est en forte augmentation chez cette dernière du fait du tabagisme. Ce facteur est d’ailleurs responsable de 8 cancers du poumon sur 10.

Qu’est-ce que c’est ?
Le cancer primitif du poumon, cancer bronchique, ou cancer bronchopulmonaire, débute le plus souvent au niveau des cellules des bronches. Selon la nature des cellules atteintes (aspect au microscope, etc.), sont distingués les cancers « à petites cellules » et les cancers « non à petites cellules ». Les cancers « non à petites cellules » sont les plus fréquents (environ 85 % des cancers du poumon) et sont eux-mêmes divisés en 3 principaux sous-groupes : le carcinome épidermoïde, l’adénocarcinome bronchique et le carcinome à grandes cellules.

Les mutations activatrices de l’EGFR
Une mutation activatrice du récepteur au facteur de croissance épidermique (EGFR) est présente chez environ 10 à 15 % des patients atteints de cancer du poumon « non à petites cellules ». Ce récepteur appartient à la famille des récepteurs à tyrosine kinase. Une mutation de l’EGFR aboutit à la prolifération et à une survie accrue des cellules tumorales, avec apparition d’un phénotype métastatique. L’apparition fréquente de nouvelles mutations explique le développement progressif de résistances. Parmi elles, la mutation T790M est présente chez 50 à 60 % des patients ayant développé une résistance aux inhibiteurs de tyrosine kinase anti-EGFR, alors qu’elle n’est retrouvée initialement que dans seulement environ 1 % des cas.

FICHE TECHNIQUE

Boîte de 30 comprimés pelliculés, 6 015,13 €, remb. SS à 100 %.
– Osimertinib 40 mg pour un comprimé beige et rond, AMM : 34009 300 476 4 4.
– Osimertinib 80 mg pour un comprimé beige et ovale, AMM : 34009 300 476 5 1.
AstraZeneca : 01 41 29 40 00
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important

• Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)

• Population cible estimée à 1 460 patients par an

DÉLIVRANCE


• Liste I

• Prescription hospitalière (initiale et renouvellement) réservée aux spécialistes et services en cancérologie et oncologie médicale

• Surveillance particulière pendant le traitement