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Dans l’allergie aux acariens

Publié le 23 mars 2018
Par Yolande Gauthier
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Acarizax est le premier médicament d’immunothérapie allergénique par voie sublinguale à base d’extrait standardisé d’acariens à obtenir une AMM. S’inscrivant dans la lignée de Grazax et Oralair (extraits de pollens de graminées à prendre également par voie orale), il offre une alternative aux allergènes préparés spécialement pour un individu (APSI).

INDICATIONS

Acarizax est indiqué chez les adultes de 18 à 65 ans en cas de rhinite allergique aux acariens persistante modérée à sévère, insuffisamment contrôlée par les traitements symptomatiques et/ou d’asthme allergique aux acariens, insuffisamment contrôlé par les corticostéroïdes inhalés avec rhinite allergique aux acariens légère à sévère.

Acarizax est également indiqué, mais non remboursé actuellement, chez les adolescents de 12 à 17 ans qui présentent une rhinite allergique aux acariens persistante modérée à sévère, insuffisamment contrôlée par les traitements symptomatiques.

Dans tous les cas, le diagnostic se fonde sur une histoire clinique évocatrice et sur un test de sensibilisation aux acariens de la poussière de maison (prick test cutané et/ou présence d’IgE spécifiques).

POSOLOGIE

1 lyophilisat oral, soit 12 SQ-HDM par jour. HDM est l’abréviation de house dust mite (acarien de la poussière de maison). SQ est une méthode de standardisation de la puissance biologique, de la teneur en allergènes majeurs et de la complexité de l’extrait allergénique utilisé dans Acarizax.

La première prise d’Acarizax doit toujours s’effectuer sous surveillance médicale pendant au moins 30 minutes, pour évaluer et traiter les éventuels effets indésirables d’apparition immédiate.

L’effet clinique se manifeste 8 à 14 semaines après le début du traitement, prévu pour durer environ 3 ans.

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Le traitement pourra être arrêté si aucune amélioration n’est observée pendant la première année.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilié à l’un des excipients (présence de gélatine à base de poisson).

VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) < 70 % de la valeur théorique (après un traitement médicamenteux adapté) lors de l’initiation du traitement.

Exacerbation sévère d’asthme au cours des 3 derniers mois.

Infection aiguë des voies respiratoires chez les sujets asthmatiques. La mise en route du traitement sera alors différée jusqu’à guérison de l’infection.

Maladies auto-immunes évolutives ou mal contrôlées, déficits immunitaires, immunodépression ou maladies néoplasiques malignes évolutives.

Inflammation buccale aiguë sévère (ulcération, mycose…) ou plaies de la muqueuse buccale.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Le traitement par Acarizax ne doit pas être instauré au cours de la grossesse. Si une grossesse survient pendant le traitement, la décision de poursuivre ou pas l’immunothérapie allergénique prendra en compte l’état clinique de la patiente et ses antécédents de réactions au traitement.

EFFETS INDÉSIRABLES

Des réactions allergiques locales légères à modérées sont attendues au cours des premiers jours de traitement : rhinopharyngite, prurit auriculaire, irritation de la gorge, œdème labial ou buccal, prurit oral… Elles disparaissent en 1 à 3 mois avec la poursuite du traitement.

L’utilisation d’un antihistaminique doit être éventuellement envisagée en cas de réaction indésirable locale significative.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’administration concomitante de traitements symptomatiques de l’allergie peut augmenter la tolérance clinique de l’immunothérapie allergénique. 

Responsables de plus de 50 % des allergies, les acariens représentent la cause la plus fréquente d’allergies respiratoires avec comme principales manifestations rhinite (obstruction nasale, écoulement nasal, démangeaisons au niveau du nez et du palais) et asthme (crises marquées par dyspnée, toux, sibilance, oppression thoracique).

Que sont les acariens ?
Les acariens de la poussière domestique, surtout Dermatophagoïdes pteronyssinus et farinae, sont des arachnides invisibles à l’œil nu. Ils se nourrissent de débris organiques et de squames cutanées humaines et animales, l’allergène étant principalement retrouvé dans les déjections des acariens. Les acariens sont particulièrement présents en automne et en hiver du fait du renouvellement souvent insuffisant de l’air, dans les milieux où la température est élevée et présentant une forte hygrométrie. A l’inverse, les acariens sont moins présents voire quasi-inexistants en altitude, du fait de la faible humidité relative de l’air à la montagne.

Comment les évincer ?
Même s’il n’est pas possible d’éliminer complètement les acariens, différentes mesures permettent d’en limiter la présence et la prolifération : maintenir une température de l’habitat autour de 18-20 °C, aérer toutes les pièces au moins 30 minutes par jour, limiter l’humidité de l’air, laver régulièrement le linge de lit à plus de 60 °C et une fois par an les couettes et oreillers, privilégier les sommiers à lattes, éviter la moquette, passer régulièrement l’aspirateur, idéalement avec un filtre HEPA (haute efficacité particules aériennes)… Les objets ne pouvant être lavés à 60 °C peuvent être placés 24 heures au congélateur avant lavage. Les housses anti-acariens sont efficaces mais onéreuses.

– Toujours avoir les doigts bien secs pour ouvrir la plaquette, prendre le lyophilisat et le placer immédiatement après sous la langue. Ne pas déglutir pendant environ 1 minute.
– Ne pas boire ni manger pendant les 5 minutes qui suivent la prise du lyophilisat.
– Si le traitement est interrompu pendant plus de 7 jours, un avis médical est recommandé avant la reprise.
– Consulter immédiatement un médecin en cas d’aggravation aiguë de l’asthme, de réaction allergique systémique sévère, d’angio-œdème, de dysphagie, dyspnée, hypotension ou sensation de constriction pharyngée.

Extrait allergénique standardisé d’acariens de la poussière de maison Dermatophagoides pteronyssinus et Dermatophagoides farinae.
Boîte de 30 lyophilisats oraux de 12 SQ-HDM, liste I, prix hors honoraires de dispensation : 78,14 €, remb. SS à 15 %, AMM : 34009 300 453 4 3.
ALK Abello : 01 41 02 86 68
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation

• Service médical rendu faible

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V)

• Population cible estimée à environ 210 000 patients

1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

L’administration répétée d’allergènes vise à modifier la réponse immunitaire à ces derniers.
Le mécanisme d’action exact n’est pas totalement connu. Acarizax induit une augmentation de la production d’IgG4 spécifiques anti-acariens et d’anticorps circulants susceptibles d’entrer en compétition au niveau de la liaison des IgE avec les allergènes d’acariens.
L’effet, observé dès quatre semaines de traitement, agit sur la cause de l’allergie respiratoire aux acariens.

2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

Non. En revanche, Acarizax est le premier médicament à base d’extrait allergénique standardisé d’acariens administré par voie sublinguale agréé.

3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

Rhinite allergique. Une étude randomisée en double aveugle a comparé l’extrait standardisé versus placebo chez 992 sujets atteints de rhinite allergique aux acariens persistante modérée à sévère, associée ou non à un asthme, en échec de traitement symptomatique, durant 12 mois. Le score total des symptômes de rhinite et de consommation des médicaments associés à été plus faible dans le bras acariens 12 SQ-HDM que dans le bras placebo, avec une différence à la limite du seuil de pertinence.
Une autre étude réalisée en chambre d’exposition aux allergènes chez 124 sujets a donné, elle, une différence cliniquement pertinente.
Asthme allergique. Une étude randomisée en double aveugle a comparé l’extrait allergénique standardisé d’acariens au placebo

chez 834 sujets atteints d’asthme allergique aux acariens. Les patients traités pendant 13 à 18 mois devaient réduire la dose de corticoïdes inhalée et l’arrêter pendant les 6 derniers mois. Le taux de patients ayant eu une première exacerbation modérée ou sévère de l’asthme au cours de la période de réduction des corticoïdes a été de 21 % dans le bras allergènes versus 30 % dans le bras placebo avec une réduction du risque absolu de 10 %.
Au total, l’immunothérapie allergénique à la dose de 12 SQ-HDM a montré une faible efficacité versus placebo dans la rhinite allergique et a faiblement diminué la morbimortalité dans l’asthme allergique aux acariens. Une telle immunothérapie requiert un traitement prolongé (3 ans) alors que les données examinées par la commission de la Transparence n’offrent qu’un recul de 18 mois.