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Antipsychotique en suspension injectable

Publié le 16 février 2013
Par Yolande Gauthier
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Le principe actif de Xeplion, la palipéridone, est un métabolite actif de la rispéridone présente dans Risperdal. Xeplion possède l’avantage d’une injection mensuelle et d’une conservation à température ambiante (mais inférieure à 30 °C).

Indications

Xeplion est indiqué dans le traitement d’entretien de la schizophrénie chez les patients adultes stabilisés par la palipéridone (non disponible en France par voie orale) ou la rispéridone.

Ce médicament peut aussi être utilisé sans qu’il y ait eu stabilisation préalable par un traitement oral chez des patients adultes sélectionnés atteints de schizophrénie et ayant précédemment répondu à la palipéridone ou à la rispéridone orale, mais uniquement si les symptômes psychotiques sont légers à modérés et si un traitement injectable à action prolongée est nécessaire.

Mode d’action

La palipéridone se lie fortement aux récepteurs sérotoninergiques 5-HT2 et dopaminergiques D2, bloquant sélectivement les effets des monoamines et induisant de ce fait des effets bénéfiques sur les symptômes de la schizophrénie. La palipéridone bloque également les récepteurs alpha 1-adrénergiques et, à un degré moindre, les récepteurs histaminergiques H1 et alpha-2-adrénergiques. Elle ne se lie pas aux récepteurs cholinergiques.

Posologie

La dose initiale recommandée est de 150 mg injectés par voie intramusculaire au premier jour de traitement, puis 100 mg injectés une semaine plus tard (J8). Pour atteindre plus rapidement les concentrations thérapeutiques, ces deux injections d’initiation de traitement sont effectuées dans le muscle deltoïde.

La dose d’entretien recommandée est de 75 mg par mois. Toutefois, cette dose d’entretien mensuelle peut varier de 25 à 150 mg selon la tolérance du patient et/ou l’efficacité du médicament. Des doses comprises dans l’intervalle supérieur peuvent être nécessaires chez les patients en surpoids ou obèses. Les doses d’entretien mensuelles peuvent être injectées au choix dans le muscle deltoïde ou dans le muscle fessier.

Si le patient prenait auparavant un traitement (rispéridone) oral, celui-ci peut être arrêté au moment de la première injection de Xeplion à J1.

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Si le patient était traité par la rispéridone injectable à action prolongée, l’injection de Xeplion se substitue à l’injection de rispéridone programmée, puis les injections de Xeplion seront poursuivies à un rythme mensuel. Le schéma posologique d’initiation de traitement ne s’applique pas dans ce cas.

Contre-indications

Xeplion ne doit pas être utilisé pour prendre en charge un état psychotique grave ou une agitation aiguë lorsqu’un contrôle immédiat des symptômes est recherché.

Son utilisation est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité à la palipéridone, à la rispéridone ou à l’un des excipients.

Grossesse et allaitement

Sauf si cela est vraiment nécessaire, Xeplion ne doit pas être utilisé pendant la grossesse. Bien que les études n’aient pas relevé d’effets tératogènes chez l’animal, d’autres types de toxicité sur la reproduction ont été observés (effets délétères sur le poids de naissance, le développement moteur, les capacités d’apprentissage).

La palipéridone est excrétée dans le lait maternel. Par conséquent, Xeplion ne doit pas être utilisé au cours de l’allaitement.

Effets indésirables

Insomnie et céphalées sont les effets indésirables le plus souvent rapportés. Des infections des voies respiratoires supérieures, une prise de poids, une anxiété, un parkinsonisme, une agitation ou encore des douleurs abdominales, des nausées, des douleurs musculosquelettiques ou une tachycardie peuvent aussi survenir.

L’akathisie (impossibilité de rester assis, au repos) et la sédation/somnolence, également fréquentes, sont des effets indésirables dose-dépendants.

Interactions médicamenteuses

Prudence avec les médicaments connus pour allonger l’intervalle QT (amiodarone, méfloquine…) ainsi qu’avec les autres médicaments agissant sur le système nerveux central. Prudence aussi en cas d’association à des médicaments diminuant le seuil épileptogène : phénothiazines, tramadol, méfloquine, IRSS…

La palipéridone peut antagoniser l’effet de la lévodopa et d’autres agonistes dopaminergiques. Une réévaluation des doses de Xeplion est nécessaire en cas d’initiation ou d’arrêt d’un traitement par carbamazépine.

FICHE TECHNIQUE

Remb. SS à 65 % dans le traitement d’entretien de la schizophrénie chez les patients adultes stabilisés par la palipéridone ou la rispéridone.

Suspension injectable à libération prolongée. Boîte de 1 seringue préremplie avec 2 aiguilles.

→ Palipéridone 25 mg, 111,90 €, AMM : 34009 417665 8 9.

→ Palipéridone 50 mg, 218,25 €, AMM : 34009 417666 4 0.

→ Palipéridone 75 mg, 280,58 €, AMM : 34009 417667 0 1.

→ Palipéridone 100 mg, 342,96 €, AMM : 34009 417668 7 9.

→ Palipéridone 150 mg, 509,22 €, AMM : 34009 417669 3 0.

Janssen-Cilag

Tél. 01 55 00 45 00

LA SCHIZOPHRÉNIE

Qu’est-ce que c’est ?

La schizophrénie est une pathologie psychiatrique chronique se traduisant par une importante désorganisation de la personnalité. La prévalence, d’environ 1 %, est identique partout dans le monde (environ 600 000 personnes en France). La maladie débute le plus souvent chez des patients âgés de 15 à 30 ans. Son origine est mal connue. Le déclenchement associe généralement des facteurs génétiques et environnementaux, notamment la consommation de toxiques (dont le cannabis), une infection virale durant la grossesse, des complications au moment de l’accouchement…

Quels sont les symptômes ?

La maladie se caractérise par une triade d’éléments : le syndrome dissociatif, le syndrome délirant et l’autisme. Le syndrome dissociatif entraîne des troubles du langage et de la pensée qui ne sont plus en adéquation, la dissociation atteignant également les domaines affectifs (traduction des émotions en décalage avec la réalité) et moteurs (expressions inappropriées). Le syndrome délirant se traduit par des hallucinations auditives et verbales, avec un sentiment de persécution quasi omniprésent. Les hallucinations peuvent plus rarement être visuelles, olfactives ou gustatives. L’autisme, quant à lui, est caractérisé par des symptômes négatifs, c’est-à-dire un isolement du sujet associant désintérêt général, manque d’initiative, apathie, troubles de la concentration…

Comment évolue-t-elle ?

Les risques majeurs de la schizophrénie sont le suicide et la toxicomanie. L’évolution de la maladie doit être évaluée sous traitement, qui n’est pas curatif mais dont l’objectif est d’obtenir la rémission. Cet objectif est atteint dans environ un tiers des cas.

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE

→ Liste I.

→ Prescription initiale réservée aux spécialistes en psychiatrie.

→ Renouvellement non restreint.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important dans le traitement d’entretien de la schizophrénie chez les patients adultes stabilisés par la palipéridone ou la rispéridone.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans le traitement d’entretien de la schizophrénie chez les patients adultes stabilisés par la palipéridone ou la rispéridone.

→ Population cible : environ 300 000 personnes.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Palipéridone : un intérêt pour la pratique

→ Quatre études de phase III à court terme et deux à long terme sont versées au dossier de transparence :

• Etudes à court terme : 3 études comparent l’efficacité et la tolérance de Xeplion sur 13 semaines versus placebo, en phase aiguë de schizophrénie sur 388, 518 et 652 patients. Dans une étude, seul Xeplion 100 mg montre une efficacité supérieure au placebo ; dans les autres, Xeplion est supérieur au placebo. Une étude versus comparateur actif sur 1 220 patients montre que Xeplion n’est pas inférieur à RisperdalConsta.

• Etudes à long terme : l’étude PSY-3001 randomisée, en double insu versus placebo, a duré 52 semaines. Le traitement a été instauré par Xeplion chez 849 patients ; 681 ont été inclus dans la phase de maintenance puis 410 dans celle d’évaluation de la prévention des rechutes, objectif de l’étude. Le délai jusqu’à la première rechute a été plus long pour Xeplion que pour le placebo. 53 patients sous placebo ont rechuté versus 15 sous Xeplion.

• L’étude PSY-3002, randomisée, en double insu (53 semaines, 749 patients), ne montre pas la non-infériorité de Xeplion versus RisperdalConsta sur l’amélioration clinique (la dose de Xeplion administrée à J1 et J8 était de 50 mg, inférieure à celles de l’AMM qui sont de 150 mg et 100 mg). Elle ne permet pas de comparer Xeplion versus médicament actif dans la prévention des rechutes de schizophrénie.

→ Le profil de tolérance des traitements par Xeplion et RisperdalConsta est comparable, qu’il s’agisse des réactions au site d’injection, de la prise de poids ou de la survenue de signes extrapyramidaux.

Si Xeplion n’apporte rien de neuf au plan pharmacologique et clinique, il a un triple intérêt pratique : pas de chaîne du froid, facilité d’instauration du traitement (pas délai de latence imposant la prise de rispéridone en parallèle) et administration mensuelle (bimensuelle pour RisperdalConsta).

L’injection mensuelle peut être effectuée jusqu’à 7 jours avant ou après la date d’échéance prévue.