Extension des compétences vaccinales - Solutions - Le Moniteur des pharmacies.fr
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en-tête, vaccination, extension des compétences vaccinales, une mission hautement valorisante

Les compétences vaccinales des pharmaciens sont élargies à la prescription et à l’administration des vaccinations à l’ensemble de la population à partir de 11 ans. Les vaccinations concernées sont toutes celles mentionnées au calendrier vaccinal en vigueur et selon les recommandations de ce même calendrier. Une exception : les vaccinations vivantes atténuées ne peuvent pas être prescrites aux personnes immunodéprimées.

Objectifs ? Simplifier le parcours de soin et renforcer la couverture vaccinale. Le savoir-faire est justement acquis grâce à leur expérience dans l'administration des vaccinations contre le COVID-19 et la grippe.

Il ne reste plus qu’à ouvrir le dialogue et convaincre. Comment ? Avec quels arguments ? Retrouvez nos cas pratiques pour appuyer votre démarche et valoriser cette nouvelle mission… qui ne peut que renforcer la confiance des patients envers l’expertise et le conseil officinal ! (1)


1) Diphtérie, tétanos, polio : tous concernés !

Pourquoi ?

Si la couverture vaccinale contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) est très satisfaisante chez les nourrissons et les enfants, elle l’est nettement moins chez les adolescents et les adultes.

Point positif, l’adhésion à la vaccination en population générale augmente depuis 2019, pour atteindre 84,6 % en 2022 ! (2)



Les chiffres

  • - Couverture vaccinale DTP chez les personnes âgées de plus de 16 ans en 2012 : 50,5%
  • - En 2022, 60 cas déclarés de diphtérie dont 43 en Métropole (soit une nette augmentation par rapport aux années précédentes), 13 à Mayotte et 4 à La Réunion
  • - Entre 1 et 10 cas de tétanos déclarés chaque année
  • - La poliomyélite a disparu en France mais des foyers endémiques persistent
    Sources : Enquête Santé et protection sociale IRDES, France, 2012, Santé publique France.
    Vaccination coverage rates for Diphtheria, Tetanus, Poliomyelitis and Pertussis booster
    System Real-World Data. et al, Vaccines 2021 jan 15;39(3):505-511.

Vos arguments (3,4,5,6)

  • -> Le tétanos, potentiellement mortel dans 25 à 30 % des cas, affecte des personnes avec une absence de vaccination ou une vaccination incomplète qui se contaminent par le biais d’une plaie cutanée souillée.
  • -> La diphtérie et la poliomyélite sont des maladies rares en France mais qui n’ont pas disparu dans le monde. Contagieuses, elles peuvent toucher des personnes migrantes, qui peuvent transmettre la maladie, ou des voyageurs avec une vaccination incomplète.
    La vaccination est un moyen de se protéger et de contrôler la diffusion de ces maladies. Même si la protection qu’elle confère ne dure pas toute la vie, elle reste importante pour les nourrissons.

Mémo schéma vaccinal (7)

  • L’ensemble de la population adulte est éligible aux rappels contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite qui se font à âge fixe :
  • - à 25 ans, en incluant la coqueluche si le dernier rappel contre la coqueluche remonte à plus de 5 ans (rattrapage jusqu’à 39 ans révolus)
  • - à 45 ans
  • - à 65 ans
  • - puis tous les 10 ans : 75 ans, 85 ans, etc.

En pratique (8)

  • -> « Au fait, où en êtes-vous de vos vaccinations de rappel ? »
    En une phrase simple, sensibiliser à l’importance d’être à jour de la vaccination DTP et inciter à vérifier à quand remonte le dernier rappel.
  • -> En cas de retard et/ou pour rattraper le calendrier vaccinal en vigueur, facile à retenir, et dans la mesure où la vaccination dans l’enfance a été complète, proposer :
  • - un rattrapage à 25 ans (incluant la valence contre la coqueluche), à 45 ans et à 65 ans si la dernière dose reçue remonte à plus de 5 ans
  • - ou attendre le prochain rendez-vous vaccinal (45, 65 ans) mais sans dépasser un intervalle de 25 ans jusqu’à 65 ans, 10 ans au-delà.
  • - si le patient ne connait pas son statut vaccinal qu’il n’y aucun moyen de le vérifier, vous pouvez le revacciner en toute sécurité si le patient n’a pas eu de vaccin DTP dans le dernier mois (source : Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales en vigueur)

Sources :
(1) Décret n° 2023-736 du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers, des pharmaciens d'officine, des infirmiers et des pharmaciens exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur, des professionnels de santé exerçant au sein des laboratoires de biologie médicale et des étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques. Arrêté du 8 août 2023 fixant la liste des vaccins que certains professionnels de santé et étudiants sont autorisés à prescrire ou administrer et la liste des personnes pouvant en bénéficier en application des articles L. 4311-1, L. 4151-2, L. 5125-1-1 A, L. 5126-1, L. 6212-3 et L. 6153-5 du code de la santé publique.(2) Santé Publique France. Semaine européenne de la vaccination. Publié le 20 avril 2023(3) Santé Publique France / Données de couverture vaccinale DTP coqueluche par groupe d’âge(4) Santé Publique France / Diphtérie(5) Santé Publique France / Tétanos(6) Santé Publique France / Poliomyélite(7) Calendrier des vaccinations 2023(8) Rattrapage des vaccinations chez l’enfant et chez l’adulte Fiche Infovac-France. Mise à jour juin 2023


2) Coqueluche : dès lors qu’il existe un projet parental


Pourquoi ?

La coqueluche est la deuxième maladie la plus contagieuse après la rougeole. Une personne atteinte en contamine 15 en moyenne. (1) (A titre de comparaison, 1 personne atteinte de la COVID-19 en contamine 3 en moyenne.) (2)

La maladie n’est pas immunisante : il est possible d’attraper plusieurs fois la coqueluche. Par ailleurs, la durée de protection de la vaccination contre la coqueluche est estimée entre cinq et dix ans d’où l’importance de faire, au cours de la vie, les rappels recommandés dans le calendrier des vaccinations.(3)

Les proches non vaccinés (parents, frères et sœurs ou grands-parents) sont la source principale de transmission de la maladie au nourrisson. 1 nourrisson sur 2 contractant la coqueluche a été contaminé par ses parents (4) et seulement 1 couple sur 4 est à jour de leur rappel coquelucheux. (5)

La coqueluche est une pathologie grave voire mortelle chez le nourrisson de moins de 6 mois. La vaccination, initiée à 2 mois révolus n’est que partiellement protectrice et ce, seulement à partir de 3 mois. (6)

Sont considérés comme protégés par la vaccination :

  • - les nourrissons ayant reçu 2 doses jusqu'à 11 mois (soit, selon le calendrier vaccinal, à 2 et 4 mois)
  • - au-delà de 11 mois, ceux ayant reçu 3 doses (à 2 mois, 4 mois et un rappel à 11 mois)
    Source : conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche HCSP 2014.

Or, la contamination des nourrissons se fait par leur entourage, dont la protection vis-à-vis de la maladie via une vaccination anticoquelucheuse antérieure n’est plus suffisante. (6)

Recommandée depuis 2022, la vaccination des femmes enceintes permet de protéger le nourrisson dès ses premières semaines de vie.

Les chiffres

  • - 90 % des décès par coqueluche surviennent au cours des 6 premiers mois de vie et notamment avant 3 mois
  • - Les parents (41 à 57 % des cas) et la fratrie (17 à 24 % des cas) sont les principales sources de contamination des nourrissons

    -> Dans les pays où la vaccination des femmes enceintes est mise en place, une diminution des hospitalisations et de la mortalité des nourrissons de moins de 3 mois est constatée

    Sources : Recommandation vaccinale contre la coqueluche chez la femme enceinte. HAS avril 2022.

Vos arguments (7)

  • -> La coqueluche circule et passe parfois inaperçue ! A l’origine de formes atténuées et bénignes chez l’adulte en bonne santé, vacciné ou anciennement vacciné, elle est gravissime chez les nourrissons contaminés par leur proche
  • -> La durée de protection conférée la vaccination est estimée entre 5 et 10 ans seulement.
  • -> La vaccination au cours de la grossesse protège le nouveau-né grâce aux anticorps anticoquelucheux maternels qui lui sont transmis par voie placentaire
  • -> La vaccination de l'entourage (parents, fratrie, grands-parents, baby-sitter…) prévient la maladie et protège indirectement le nourrisson si la mère n’a pas été vaccinée durant la grossesse

Mémo schéma vaccinal (8,9)

  • Pour protéger les nourrissons de moins de 6 mois de la coqueluche, la stratégie vaccinale de la France repose sur des recommandations vaccinales chez l'enfant à 6 ans, chez l'adolescent à 11-13 ans et chez l'adulte à 25 ans.

  • Chez la femme enceinte : une dose diphtérie tétanos coqueluche polio à partir du 2e trimestre, de préférence entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, soit entre le 5e et le 8e mois de grossesse.
  • -> A répéter à chaque grossesse car la concentration des anticorps maternels baisse en quelques mois. Elle n’est par exemple pas suffisante si elle est réalisée avant la grossesse.
  • Si la mère n’a pas été vaccinée durant la grossesse, la stratégie du cocooning est mise en place :

  • -> vaccination en post-partum immédiat, réalisée généralement à la maternité Et pour l’entourage
  • -> une dose de rappel pour les moins de 26 ans dont la vaccination antérieure remonte à plus de 5 ans ;
  • -> à partir de 26 ans, une dose de rappel lorsque la vaccination antérieure remonte à 10 ans ou plus.

En pratique (10)

  • -> « Avez-vous fait l’objet d’une vaccination contre la coqueluche dernièrement ? »
  • Jeune adulte, femme enceinte, patient poussant un cosy ou une nacelle, ordonnance de sortie de maternité… les occasions sont multiples pour sensibiliser les patients aux contacts des nourrissons ou ayant un projet parental.
  • En cas de plaie, outre les soins locaux, les recommandations vaccinales sont les suivantes:
    • - pour une personne à jour de ses vaccinations, un rappel est inutile ;
    • - pour une personne non à jour de ses vaccinations, une injection immédiate d’une dose est nécessaire.

Sources :
(1) Santé sur le net - Rougeole, Ebola, grippe : quel virus est le plus contagieux [En ligne, consulté le 07 juillet 2023]
(2) Gouvernement.fr. Info coronavirus. Comprendre la COVID-19. Mise à jour le 10 novembre 2021.
(3) Vaccination Info Service - Les maladies et leurs vaccins [En ligne, consulté le 07 juillet 2023]
(4) Santé Publique France. Principales caractéristiques des cas de coqueluche identifiés par le réseau Renacoq, 1996-2015. [En ligne, consulté le 20 mai 2022]
(5) Cohen R et al. Pertussis vaccination coverage among French parents of infants after 10 years of cocoon strategy. Médecine et maladies infectieuses 2016;46:188-193.
(6) Santé Publique France / Coqueluche
(7) Recommandation vaccinale contre la coqueluche chez la femme enceinte. HAS avril 2022
(8) Calendrier des vaccinations 2023
(9) Vaccination Info Service
(10) Le vaccin contre le tétanos. VIDAL


3) Papillomavirus : filles et garçons jusqu’à 19 ou 26 ans révolus


Pourquoi ?
L’infection par les papillomavirus humains (HPV) est l’une des IST les plus fréquentes en population générale.
Asymptomatique, l’infection peut persister dans 10 % des cas et entraîner l’apparition de lésions précancéreuses pouvant elles-mêmes régresser ou évoluer vers des cancers du col de l’utérus, de l’anus, du vagin, du pénis ou de la sphère ORL. (1)



Les chiffres

  • - Chaque année, plus de 8000 cancers des régions génitales, anales et oropharyngées sont liés à ces virus, et environ 3000 nouveaux cancers du col de l’utérus
  • - Plus de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes
  • - En 2022, 41,5 % des filles âgées de 16 ans avaient un schéma vaccinal complet. Chez les garçons, couverture vaccinale de 12,8 % pour la 1ere dose à 15 ans
  • Sources : Santé Publique France/Maladies à prévention vaccinale et CP Semaine européenne de la vaccination, « Vaccination HPV : la France est très en retard » communiqué de presse du 23 juin 2022 de l’Académie nationale de médecine, « Pour éradiquer les cancers HPV-induits, il y a une solution : la vaccination » argumentaire INCa destiné aux professionnels de santé.

Vos arguments (2)

  • -> L’infection à HPV a généralement lieu au début de la vie sexuelle, l’efficacité de la vaccination est optimale lorsqu’elle est effectuée avant le début de la vie sexuelle.
  • -> La vaccination vise une protection individuelle mais aussi collective avec, à terme, l’éradication du cancer du col de l’utérus
  • -> La vaccination prévient jusqu’à 90 % des infections à HPV à l’origine des cancers

Mémo schéma vaccinal (3)

  • Entre 11 et 14 ans : vaccination recommandée aux filles et aux garçons avec un schéma à 2 doses à six mois d intervalle (M0-M6)
    Si la vaccination n’a pas été faite entre 11 et 14 ans, un rattrapage selon un schéma à 3 doses administrées est recommandé :
  • -> entre 15 et 19 ans révolus
  • -> jusqu’à 26 ans révolus : pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes

En pratique

  • -> Renouvellement d’une contraception, traitement antiacnéique, soins post-piercing ou tatouages…
    Quel que soit le motif de la visite à la pharmacie, évoquer la vaccination en remettant la brochure ou le dépliant élaboré par l’Institut national du cancer (INCa), téléchargeable sur cespharm.fr ou e-cancer.fr
  • -> Dans tous les cas, sensibiliser au dépistage de routine des cancers du col de l’utérus, entre 25 et 65 ans, tous les 3 ans jusqu’à 29 ans puis tous les 5 ans.
  • -> L’une des doses de la vaccination contre les infections à HPV peut être administrée au même moment que le rappel diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche prévu entre 11 et 13 ans ou avec un vaccin contre l’hépatite B, dans le cadre du rattrapage vaccinal.
  • -> La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière peut être l’occasion de vérifier le statut vaccinal du patient et faire un rappel si nécessaire.

Sources :
(1) Santé Publique France / Maladies à prévention vaccinale.
(2) Les Infections à Papillomavirus humains (HPV) | Vaccination Info Service.
(3) Calendrier des vaccinations 2023