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Les camomilles

Publié le 19 janvier 2024
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Vous prendrez bien une camomille ou une verveine ? Ces plantes sont tellement associées aux infusions que leur seul nom remplace parfois le mot tisane. Les camomilles n’en sont pas moins dénuées de propriétés médicinales intéressantes !

Quelles sont ces plantes ?

Les plantes appelées camomilles appartiennent toutes à la famille des astéracées et se caractérisent généralement par une inflorescence en capitules de fleurs ligulées blanches qu’on appelle souvent des « pétales », autour d’un cœur de fleur jaune comme chez les marguerites. Camomilles matricaire, romaine, ananas, inodore, puante… en tout, près d’une quinzaine de plantes différentes sont appelées camomilles dans le langage courant. Au niveau médicinal, essentiellement trois d’entre elles sont utilisées : camomille matricaire, camomille romaine et grande camomille. Cette dernière, à l’odeur moins engageante, est principalement employée pour soulager les maux de tête et certaines douleurs menstruelles. Un article lui sera consacré dans un prochain numéro. Intéressons-nous ici aux deux principales camomilles qui partagent notamment des propriétés digestives et anti-inflammatoires.

La camomille matricaire

La camomille matricaire, simplement matricaire ou camomille allemande (Matricaria chamomilla) est une plante herbacée de 20 à 50 cm, aux feuilles très découpées en fines lanières. Elle dégage un parfum qui évoque les fruits exotiques. Ses capitules au cœur jaune et bombé sont nombreux au bout de tiges très ramifiées. Les pétales blancs des fleurs ligulées du pourtour ont tendance à s’incliner vers le bas.

• Où la trouver ? On la retrouve en Europe centrale et en Afrique du Nord. La camomille matricaire peut pousser spontanément dans les friches et les terrains incultes, mais elle est souvent cultivée pour les besoins de la phytothérapie.

• Quand la récolter ? On récolte en général ses capitules en mai-juin, mais sa floraison peut se poursuivre dans l’été.

• Où est-elle vendue ? Le capitule de camomille matricaire est inscrit à la liste A de la pharmacopée française, mais a été libéré du monopole pharmaceutique. Elle est donc en vente libre.

Quels sont ses usages ?

• Utilisation. Le capitule de camomille matricaire est avant tout utilisé pour ses propriétés digestives pour soulager les spasmes intestinaux et réduire les ballonnements. La plante est également reconnue pour ses propriétés anti-inflammatoires au niveau de la bouche et de la gorge en tisane, mais aussi de la peau et des muqueuses en usage externe. La matricaire est aussi utilisée traditionnellement pour soulager les symptômes associés au rhume et aux refroidissements sous la forme d’inhalations.

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• Partie utilisée : les capitules.

• Principes actifs. Le capitule de camomille matricaire contient principalement :

→ une huile essentielle, jusqu’à 1,5 % du capitule sec. Cette huile essentielle, obtenue après distillation, a la particularité d’être colorée d’un bleu franc en raison de la présence de chamazulène. Elle contient également du bisabolol et ses dérivés ;

→ des flavonoïdes : apigénine, apigénol, rutine, hypéroside… ;

→ des coumarines ;

→ des mucilages : 3 à 10 %.

• Posologie recommandée.

→ Tisane : réaliser une infusion durant 10 minutes de 1,5 à 4 g de capitules pour une tasse de 150 mL, 3 à 4 fois par jour.

La camomille matricaire étant très bien tolérée et dépourvue de contre-indications majeures, elle peut être employée sans risque sous forme de tisane chez le jeune enfant dès l’âge de 6 mois. Il conviendra simplement d’adapter la posologie de la manière suivante :

– 6 à 24 mois : 0,5 à 1 g, 2 à 4 fois par jour ;

– 2 à 6 ans : 1 à 1,5 g, 2 à 4 fois par jour ;

– 6 à 12 ans : 1,5 à 3 g, 2 à 4 fois par jour.

→ Inhalations : 3 à 10 g à infuser dans 100 mL d’eau chaude et à inhaler plusieurs fois par jour chez l’adulte et l’équivalent de 2 à 5 g, 1 à 2 fois par jour chez l’enfant de 6 à 12 ans.

• Contre-indications et précautions d’emploi : l’usage de la camomille matricaire est déconseillé en cas d’allergie à la plante ou aux autres astéracées.

La camomille romaine

La camomille romaine (Chamaemelum nobile) est une plante herbacée pouvant atteindre une trentaine de centimètres, aux feuilles très découpées. Son port est plutôt retombant et ses tiges ont tendance à s’étaler sur le sol. Elle est recouverte de nombreux petits poils qui lui donnent un aspect grisâtre. Les individus sauvages ont des capitules ressemblant à ceux de la camomille matricaire, mais les variétés cultivées sont essentiellement des hybrides à fleurs doubles. Les capitules sont alors constitués de très nombreuses fleurs blanches qui forment des petits pompons légèrement aplatis de 2 à 3 cm où les fleurs jaunes du centre sont pratiquement absentes ou invisibles.

• Où la trouver ? La camomille romaine est naturellement présente en Europe et en Afrique du Nord. Ce sont presque exclusivement les formes hybridées à fleurs doubles qui sont récoltées pour le marché de l’herboristerie. Ces hybrides étant stériles, la camomille romaine à fleurs double est multipliée par boutures.

• Quand la récolter ? La camomille romaine fleurit tout l’été et est récoltée généralement de juin à septembre, parfois au-delà selon les automnes.

• Où est-elle vendue ? Elle est inscrite à la liste A de la pharmacopée française, mais est en vente libre.

Quels sont ses usages ?

• Utilisation. Le capitule de camomille romaine, comme celui de sa cousine la matricaire, est avant tout connu pour ses propriétés digestives. Elle présente en outre des propriétés toniques digestives en raison de son amertume. La camomille romaine est aussi traditionnellement reconnue pour ses propriétés au niveau utérin, intéressantes dans différents troubles menstruels (a- et dysménorrhées) ainsi que pendant la ménopause. Elle présente également des propriétés anti-inflammatoires au niveau cutané et muqueux et calmantes en cas d’anxiété et de troubles du sommeil légers.

• Partie utilisée : capitules.

• Principes actifs. Le capitule de camomille matricaire contient principalement :

→ une huile essentielle, jusqu’à 2,4 % du capitule sec. Contrairement à celle de la matricaire, elle est très légèrement bleutée en raison d’une faible concentration en chamazulène. Une huile essentielle de camomille romaine légèrement bleutée est un signe de qualité car la couleur s’estompe avec le temps ;

→ des lactones sesquiterpéniques (nobiline), responsables de l’amertume ;

→ des flavonoïdes : apigénine et dérivés, lutéoline…

• Posologie recommandée.

→ Tisane : réaliser une infusion pendant 10 minutes de 1 à 4 g de capitules pour une tasse de 150 mL à prendre 3 fois par jour. En raison de l’amertume de la plante, il est conseillé de ne pas dépasser un capitule par tasse.

• Contre-indications et précautions d’emploi : elle est également déconseillée en cas d’allergie à la plante ou d’allergie croisée aux astéracées. En raison d’un effet tonique utérin, elle est déconseillée chez la femme enceinte. Son emploi n’est pas non plus recommandé chez l’enfant de moins de 12 ans en l’absence de données.

Des questions ou des envies de sujets ? Envoyez vos demandes par mail à : phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Les capitules de camomilles romaine et matricaire sont utilisés pour soulager les :

→ troubles digestifs (spasmes et ballonnements) ;

→ inflammations cutanées et muqueuses.

Camomille matricaire

Tisane (infusion, 10 minutes) :

– Adultes et > 12 ans : 1,5-4 g, 3-4 fois par jour.

– 6 à 24 mois : 0,5 à 1 g, 2-4 ×/j.

– 2 à 6 ans : 1 à 1,5 g, 2-4 ×/j.

– 6 à 12 ans : 1,5 à 3 g, 2-4 ×/j.

La camomille matricaire peut s’utiliser sous forme d’inhalation pour soulager les symptômes du rhume et les refroidissements. Inhalation (infusion) :

– Adultes et > 12 ans : 3 à 10 g de capitules, plusieurs fois par jour ;

– 6 à 12 ans : 2 à 5 g, 1-2 ×/j.

Contre-indications et précautions d’emploi : allergie à la plante et aux astéracées.

Camomille romaine

Peut aussi être employée en cas de :

→ troubles menstruels ;

→ anxiété et troubles du sommeil légers.

Tisane (infusion, 10 minutes) :

– Adultes et > 12 ans : 1-4 g de capitules 3 fois par jour.

Contre-indications et précautions d’emploi : allergie à la plante et aux astéracées. Déconseillée chez la femme enceinte et l’enfant de moins de 12 ans.