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Il faut sortir du corporatisme médical
Décidément, rien n’arrête le médecin le plus célèbre du paf ! Michel Cymes consulte à l’hôpital, écrit des livres, anime des émissions sur france télévisions, donne des conseils santé à la radio et va bientôt jouer un rôle dans une fiction…
Il a cependant trouvé quelques instants pour répondre à nos questions.
« Pharmacien Manager ». La médecine a-telle été une vocation ?
Michel Cymes. Pas du tout. J’étais en terminale D, et j’adorais la biologie. Le métier de médecin m’attirait. Je n’en ressentais pas la vocation mais dès les premiers contacts avec les patients, j’ai su que c’était le métier de ma vie.
P.M. Vous figurez parmi les personnalités préférées des Français. Ça vous fait quoi ?
M.C. Il y a un double sentiment. C’est d’abord une immense fierté parce qu’on ne fait pas ce métier sans vouloir plaire au plus grand nombre. Et d’un autre côté, j’ai un sentiment « d’imposture ». Je me sens tellement médecin, que je me suis demandé s’il n’y avait pas une erreur. C’est aussi une immense responsabilité dont je commence à prendre conscience. Aujourd’hui, cette cote fait que je sais que les Français m’écoutent. Je les rassure par rapport à leur santé et je me sers de cela pour faire passer les messages.
P.M. Vous êtes sur tous les fronts : télé, radio, livres… Avez-vous encore d’autres projets ?
M.C. Il y a ce que j’aimerais faire, et qui m’éclaterait, en termes de médias, mais que je ne ferai pas pour garder une crédibilité vis-à-vis des téléspectateurs mais aussi de mes patients à l’hôpital ; et ce que je vais m’autoriser à faire comme jouer le rôle d’un médecin dans une fiction.
P.M. Le Magazine de la santé existe depuis près de 20 ans. Selon vous, sur quoi repose son succès ?
M.C. Il repose tout d’abord sur le fait qu’on nous ait donné du temps pour nous installer, pour nous faire connaître auprès des téléspectateurs. Ce qui est rare en télé. Il repose aussi sur le duo que je forme avec Marina Carrère d’Encausse, depuis pratiquement vingt ans. C’est un duo qui a pris sa place dans le PAF. On traite un sujet très anxiogène, la santé, mais de façon détendue. C’était la première fois à la télévision qu’il y avait une émission santé multithématiques. On voulait que chacun s’y retrouve et trouve un sujet qui l’intéresse, quels que soient son âge et sa santé.
P.M. L’humour est votre marque de fabrique. Peut-on tout dire avec l’humour ?
M.C. Je pense qu’on peut mettre de l’humour dans tous les sujets. Y compris dans des choses sérieuses. Ça permet, si c’est fait avec délicatesse, de faire passer un certain nombre de messages. Cependant, je ne vais pas aller faire des vannes sur le cancer.
P.M. Quel regard portez-vous sur les pharmaciens ?
M.C. Un regard bienveillant car ils font partie de la chaîne de santé. Dans les déserts médicaux, il n’y a plus de cabinet mais il y a quand même des pharmacies ! Il est souvent dix fois plus facile d’aller voir son pharmacien que l’on connaît et qui est à côté de chez soi, que de prendre un rendez-vous dans un mois avec un médecin. Il faut absolument que les pharmaciens reprennent leur rôle de premier interlocuteur et de premier conseiller pour les gens qui n’ont pas accès facilement aux médecins. Il faut sortir du corporatisme médical et accepter, parce que géographiquement cela s’impose, de faire une délégation de compétences à une autre profession de confiance. Pour moi, la médecine de demain, ce sont les médecins, les pharmaciens et les infirmières. Ces trois professions réunies feront en sorte, si tout le monde travaille main dans la main, que la santé se porte mieux en France.
P.M. Vous avez lancé avec Christophe Brun une application de santé, Betterise. Quels sont ses objectifs ?
M.C. Betterise est une plate-forme que l’on peut considérer comme le majordome de votre santé. Plutôt que d’avoir des conseils standardisés, comme cela existe sur plusieurs sites, cette appli va donner des conseils ultra-personnalisés qui vont aider les gens à se prendre en charge eux-mêmes. Notre système réunit plus de 5 000 critères qui vont permettre à l’algorithme de vous connaître mieux que vous ou même que votre médecin.
P.M. La santé de demain sera-t-elle connectée ?
M.C. Forcément ! Demain, dans les déserts médicaux, rien ne pourra se faire si on n’a pas une bonne connexion entre les infirmières, les médecins, les pharmaciens et les personnes isolées. La santé sera aussi forcément préventive parce qu’on commence à comprendre que la prévention n’est pas un gros mot. Elle concerne avant tout les professionnels de santé et non des politiques, qui ont pour échéance l’élection suivante. La prévention, c’est de l’éducation contre les idées reçues. Par exemple, le pharmacien aujourd’hui doit faire face à une méfiance autour de la vaccination et c’est insupportable. Et il doit savoir rassurer les gens pour les inciter à se faire vacciner.
P.M. La e-santé remplacera-t-elle le médecin ou le pharmacien ?
M.C. Rien ne remplacera un examen fait par un médecin ou l’écoute d’un médecin. L’ordinateur ne vous écoutera jamais. Si vous avez des signes de dépression ou de burn-out, ce n’est pas lui qui va le diagnostiquer. Nous sommes des êtres humains qui avons besoin d’autres êtres humains. Certes, on peut commander du paracétamol sur Internet car on sait que ça va soulager un mal de tête. Mais le Web ne peut pas se substituer à un pharmacien car c’est une personne humaine avec qui on va parler. C’est quelqu’un qui connaît les médicaments, qui nous connaît et qui va pouvoir nous donner des conseils.
P.M. Vous venez de sortir pour la première fois un livre destiné aux enfants, intitulé Quand ça va, quand ça va pas. L’objectif ?
M.C. L’année dernière, mon fils de six ans me posait beaucoup de questions sur le fonctionnement du coeur. Puis sur le rôle du docteur. à chaque question, je lui faisais des planches avec quelques mots et des croquis. Et au même moment, Maureen Dor qui est éditrice, m’a proposé de faire un livre sur la santé expliquée aux enfants. Je lui ai donné les planches qui me servaient de base pour répondre aux questions de mon fils, et on a commencé à travailler dessus. C’est important d’expliquer le fonctionnement de chacun des organes du corps humain aux petits et de dédramatiser la consultation…
→ Baccalauréat en poche, Michel Cymes démarre des études de médecine à l’hôpital Necker, qui lui permettront de devenir chirurgien. En 1999, après avoir publié avec d’autres spécialistes des guides médicaux et après avoir été médecin sur le rallye au Sahara, il se lance sur les ondes, à France Info. Il rejoint ensuite le petit écran et devient chroniqueur médical pour « Télématin » sur France 2, avant d’intervenir sur la Cinquième en 2005. Depuis septembre 2007, il présente quotidiennement sur France 5 avec Marina Carrère d’Encausse, « Le Magazine de la santé ».
L’INVITÉ ANIMATEUR ET MÉDECIN
Michel Cymes
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