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L’effet antabuse
Manifestation iatrogène potentiellement grave liée à de nombreux médicaments, l’effet antabuse peut aussi être recherché comme aide au maintien de l’abstinence chez le patient alcoolodépendant.
Qu’est-ce que c’est ?
L’effet antabuse est une réaction physiologique désagréable due à une accumulation dans l’organisme d’acétaldéhyde (ou éthanal), molécule vasodilatatrice.
L’effet antabuse s’exprime donc cliniquement par des manifestations de vasodilatation (flush facial, bouffées de chaleur vasomotrices, céphalées, sueurs abondantes, hypotension artérielle avec tachycardie réactionnelle, malaise ou vertiges), mais aussi par des nausées, des vomissements, des diarrhées, et éventuellement par une confusion mentale, une ataxie, des convulsions, une dépression respiratoire, des troubles cardiaques graves voire un collapsus.
Quelle en est la cause ?
L’effet antabuse apparaît 10 minutes à 1 heure après l’ingestion d’alcool, même en faible quantité, par une personne exposée à des substances (médicamenteuses ou non) qui diminuent le métabolisme hépatique de l’éthanol en inhibant l’aldéhyde déshydrogénase (ALDH).
Cette enzyme présente dans le cytoplasme des hépatocytes catalyse l’oxydation d’un alcool primaire (et plus spécifiquement de l’alcool éthylique) en aldéhyde.
L’inhibition de l’ALDH provoque ainsi une accumulation d’acétaldéhyde, toxique pour l’organisme.
Quelles sont les substances responsables ?
Plusieurs médicaments peuvent être responsables d’effet antabuse :
– de nombreux antifongiques ou antiparasitaires (griséofulvine, tinidazole, ornidazole, secnidazole, métronidazole – y compris par voie vaginale –) ;
– certains sulfamides hypoglycémiants (glibenclamide et glipizide) ou anti-infectieux (sulfaméthoxazole) ;
– certaines céphalosporines ;
– un cytotoxique : la procarbazine.
Si l’effet antabuse est un effet indésirable (donc non souhaité), il peut aussi être recherché dans le cadre d’un sevrage alcoolique pour dégoûter le patient de l’alcool. C’est le cas du disulfirame (Espéral) qui a pour objectif de provoquer une réaction aversive vis-à-vis de l’alcool et de favoriser le maintien de l’abstinence.
Certains champignons contenant des toxines inhibant l’ALDH, comme le Coprin noir d’encre (Coprinus atramentarius) ou le Bolet blafard (Boletus luridus), peuvent, mal cuits, provoquer un effet antabuse.
Quelle en est l’évolution ?
Les symptômes régressent habituellement spontanément en 30 minutes à plusieurs heures.
En cas de choc réfractaire dans un contexte de rechute alcoolique chez un patient sous disulfirame, le Fomépizole AP-HP (uniquement à l’hôpital), un inhibiteur de l’alcool déshydrogénase (ADH), peut être utilisé (hors AMM) pour sa capacité à inhiber la synthèse d’éthanal.
Source : Le Guide « Interactions médicamenteuses », Prescrire, 2016 ; Métabolisme de l’alcool, chups.jussieu.fr ; L’effet antabuse : le point en 2014, vigitox.cap-lyon.fr/Fiche technique ; Thésaurus des interactions médicamenteuses, ANSM, août 2016.
MÉTABOLISME DE L’ÉTHANOL
L’éthanol est métabolisé au niveau du foie en acétaldéhyde par l’alcool déshydrogénase (ADH), puis oxydé en acétate (acide acétique) par l’acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH). L’acide acétique se lie au coenzyme A et devient substrat du cycle de Krebs.
En inhibant l’ALDH, certains médicaments sont responsables d’effet antabuse par accumulation d’acétaldéhyde.
EN PRATIQUE
•Lors de la délivrance de médicaments à effet antabuse, déconseiller la consommation d’alcool pendant toute la durée de traitement, et quelques jours après son arrêt (tenir compte de la demi-vie).
• Attention aux interactions entre les médicaments à effet antabuse et ceux contenant de l’alcool comme excipient (sirops antitussifs, bains de bouche, solutions buvables, par exemple).
• En cas de délivrance de disulfirame, il est nécessaire d’être à jeun d’alcool depuis 24 heures avant de débuter le traitement. Informer les patients que des réactions à l’alcool peuvent survenir jusqu’à 2 semaines après l’arrêt du disulfirame.
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