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© Getty Images
Vente en ligne de médicaments : la mobilisation des pharmaciens a porté ses fruits
Suite à la forte mobilisation massive des pharmaciens, jeudi 30 mai, Bercy a changé de ton : le projet de loi visant à déréguler la vente en ligne de médicaments n’est, à ce stade, qu’une “réflexion” et ne fait pas l’objet d’un calendrier précis. Rassurés, les syndicats ne baissent pas la garde pour autant.
Très suivie, la grève des pharmaciens du jeudi 30 mai porterait-elle déjà ses fruits ? Reçus au ministère de l’Économie et des Finances le soir même de la mobilisation, les présidents de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) se sont réjouis d’entendre un discours plus accommodant, notamment sur le sujet de la libéralisation de la vente en ligne de médicaments. « Yannick Sala, le conseiller aux professions libérales de la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, Olivia Grégoire, nous a reçus pendant 2 h 30. Il a pris le temps de se concerter avec ses homologues du budget et de la santé et semblait parfaitement maîtriser les sujets qui nous préoccupent. Nous nous sommes sentis écoutés et respectés », assure Philippe Besset, président de la FSPF. Pour sa part Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, confirme qu’ « il y a bien un projet de loi, déjà déposé au Sénat, qui va être examiné dès la semaine prochaine. Mais le deuxième volet de ce projet, qui nous intéresse de près et nous inquiète, car il y est question de la vente en ligne de médicaments ne fait l’objet d’aucun calendrier pour l’instant ». Et contrairement à ce qui avait précédemment annoncé, « l’équipe d’Olivia Grégoire nous a assuré ne rien vouloir faire sans nous consulter. Il y aura donc une co-construction, incluant les pharmaciens, sur ce projet de libéralisation de la vente en ligne des médicaments », a ajouté Pierre-Olivier Variot.
Les lignes rouges des syndicats
Les syndicats ont rappelé leurs lignes rouges : « Nous ne voulons pas entendre parler de plateformes ni de stocks déportés », ont-ils tranché pendant cette réunion. À la place, ils proposent la création d’un « standard » pour mettre en relation les patients avec leur pharmacien habituel. « C’est un énorme chantier sur lequel planche Alain Grollaud, le président de Federgy. L’idée, c’est que le patient puisse passer commande sur un site mis à la disposition de la pharmacie, de manière à ce que celle-ci puisse le livrer, par le biais d’un transporteur ou par ses propres moyens. Ce n’est pas une plateforme où l’on peut choisir parmi toutes les pharmacies de France mais une solution qui permet de maintenir le lien avec le patient et de l’accompagner au mieux », explique Pierre-Olivier Variot. Le président de l’USPO reste malgré tout dubitatif face à la pertinence d’une vente en ligne dérégulée : « Le gouvernement trouve que la vente en ligne n’est pas aussi développée en France que dans d’autres pays européens. Pour moi, cela veut dire que ce besoin n’est pas essentiel. Les pharmacies sont présentes dans tout le territoire et les patients s’y rendent sans trop de difficultés. Et quand ils ne peuvent pas le faire, les pharmaciens se déplacent chez eux. »
A-t-on besoin de la vente en ligne en France ?
Même scepticisme du côté de la FSPF. « Deux choses m’intéressent : la vente en ligne va-t-elle améliorer l’accès au médicament ? Je n’en suis pas sûr. La vente en ligne va-t-elle améliorer le prix des médicaments ? Pas sûr non plus. Pour améliorer l’accès au médicament, il faut avant tout renforcer le réseau officinal. Et pour baisser les prix, il faut réviser les conditions d’achat, nous permettre de mieux acheter les médicaments », explique Philippe Besset.
Fait marquant : le député Marc Ferracci, qui s’est très peu exprimé dans les médias ces derniers mois, a pris la parole le jour de la mobilisation des pharmaciens. Dans un entretien accordé hier à l’Agence France Presse, le député Renaissance et artisan de cette potentielle réforme a expliqué que le projet en était au stade de la « réflexion (…) pour savoir s’il est pertinent ou non d’assouplir les règles de la vente en ligne des médicaments sans ordonnance. » Pas question de remettre en question le monopole officinal ni « d’ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution ou à Amazon », ajoute le député des Français de l’étranger, qualifiant ces craintes de la profession de « spéculations ».
Nouvelle réunion avec le ministère de la santé le 5 juin
L’inquiétude des syndicats était-elle pour autant infondée ? Jusqu’à présent, le député Marc Ferracci a refusé de les recevoir, leur suggérant d’attendre de lire les conclusions de son rapport. La semaine dernière, les conseillers du Premier ministre Gabriel Attal ne s’étaient pas montrés plus rassurants. « Hier, la commission des Affaires sociales du Sénat nous a apporté son soutien dans un communiqué de presse rappelant son attachement au modèle français de dispensation du médicament. Elle estime que nos inquiétudes quant à la possible libéralisation de la dispensation des médicaments sont fondées », explique Pierre-Olivier Variot.
Une réunion des syndicats avec le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention de France, Frédéric Valletoux, aura lieu la semaine prochaine, mercredi 5 juin. D’ici là, les syndicats restent sur leurs gardes : « Pour l’instant, nous n’avons que des paroles. Tant que nous n’avons pas d’actes ni d’écrits, pour nous, ce n’est pas fini », prévient le président de l’USPO.
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