Vente en ligne : dans le cadre des élections européennes, le Parti Radical de Gauche (PRG) s’y oppose

Qu’est-ce qu’une Europe du médicament et en quoi impacterait-elle l’exercice des pharmaciens ?

L’Europe du médicament est la première proposition de notre liste : nous souhaitons créer un « Airbus » du médicament pour garder nos laboratoires et donner des moyens à notre recherche afin de favoriser l’autonomie sanitaire de l’Union. La crise sanitaire  a révélé notre dépendance à la Chine, l’Inde et aux Etats-Unis. La coopération des pays de l’Union européenne (fabrication de vaccins) a permis de résister. Ce qui a été possible pour l’aéronautique ou l’espace l’est aussi pour le médicament. Elle sera favorable aux pharmaciens français confrontés à la gestion quotidienne des ruptures de stock les éloignant de leur cœur de métier, la santé. Elle sera aussi favorable à leur qualité de travail et à la santé économique du secteur et de l’attractivité du métier (3 000 places vacantes en UFR Pharmacie)

L’année 2 023 a été noire : 276 fermetures d’officine ont été enregistrées. Comment l’Europe peut-elle maintenir le maillage officinal français ?

En nous inspirant des autres pays européens et en continuant d’investir dans les nouvelles missions. Nous ne devons pas ajouter aux déserts médicaux des déserts pharmaceutiques. L’officine est un lieu de premier recours et d’orientation qui permet d’éviter le passage systématique aux urgences hospitalières en cas de difficulté pour accéder au médecin. Nous défendons une Europe qui fait barrage à la financiarisation de la profession. Afin de maintenir le maillage territorial (ruralité et politique de la ville). Il ne faut pas reproduire ce qui a eu lieu pour les laboratoires d’analyses médicales soumis pour beaucoup à des objectifs de rentabilité de structures financières. Le diplôme de pharmacien est obtenu après a minima 6 années d’études. Ces compétences doivent être pleinement reconnues et exploitées dans de nouvelles missions.

Quelles sont les solutions au niveau européen pour remédier aux ruptures et tension de médicaments ?

Nous ne pouvons pas déconnecter ruptures et tensions du prix des médicaments. L’« Airbus du médicament » doit permettre à chaque patient européen d’accéder au traitement dont il a besoin. Il doit assurer la production en Europe des médicaments essentiels par la création d’un établissement pharmaceutique non lucratif européen chargé de produire des médicaments peu rentables délaissés par les laboratoires (paracétamol, amoxicilline). Nous souhaitons renforcer les moyens de l’HERA (autorité européenne de préparation et réaction en cas d’urgence sanitaire) pour mutualiser les achats de médicaments et soutenir les projets pharmaceutiques européens.

Que pensez-vous de la vente en ligne de médicaments sur ordonnance préconisée par l’exécutif français ?

Nous sommes défavorables à cette proposition. Parce que le médicament, surtout sur ordonnance, n’est pas un produit de consommation comme un autre. C’est une substance qui peut faire l’objet de mésusage alors qu’il est prescrit à un patient donné pour un temps donné. Ce qui a eu lieu aux États-Unis pour les opiacés doit éclairer nos choix. À l’heure où on voit les effets délétères des addictions et du narcotrafic dans nos sociétés, il serait incompréhensible de banaliser ainsi l’usage des médicaments. Nous pensons que le rôle du pharmacien est indispensable à la délivrance des médicaments sur prescription (conseils de prise, contrôle des interactions) dans un exercice coordonné avec les autres professionnels de sante au bénéfice du patient. Tout en intégrant les solutions numériques ou de l’intelligence artificielle (IA).