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Une vie tambour battant
Préparatrice depuis sept ans à Marseille, Jennifer Jeannot s’est embarquée dans l’aventure d’un ensemble de percussions brésiliennes. Passion « batucada » pour cette pétillante trentenaire.
Tous les mercredis soir, Jennifer troque sa blouse blanche pour un pantalon de coton noir. Après un dîner sur le pouce, cette brune élancée au visage lumineux part retrouver pour trois heures ses compagnons percussionnistes de batucada.
Une enfant du Brésil. Genre musical de la sphère samba-reggae, la batucada recouvre aussi la formation des musiciens qui le pratiquent. L’ensemble des instruments, pour la plupart des percussions traditionnelles du Brésil, génère un « battement » – batucada en brésilien , à l’origine du nom. Caisses, tambour ou cymbales, les instruments alternent sons plus ou moins graves, aigus, secs ou prolongés. C’est par hasard que Jennifer découvre cet univers. Adolescente, elle s’était initiée au djembé : « Acheté dans la rue, il avait englouti mes économies de toute une année ! Mais, seule, j’ai vite abandonné. » Elle revient aux percussions grâce à une cliente de la pharmacie du cours Julien de Marseille. Un quartier calme mais vivant où la préparatrice exerce. « Elle me semblait réservée, voire timide, jusqu’au jour où elle m’a parlé de l’association Mulêketú, son groupe de batucada », se souvient Jennifer en évoquant Katerina, avec qui elle s’est depuis liée d’amitié. Mulêketú vient de moleque, « gamins de rues » en portugais, et de ketú, du nom d’une communauté noire du Brésil. Appartenir à ce groupe signifie « c’est toi le gamin ». En d’autres termes, laisse s’exprimer « l’enfant qui est en toi ». Un programme qui séduit Jennifer. Elle rate pourtant la première répétition. « Je n’ai pas trouvé la salle, nichée au fond d’une petite rue. » La semaine suivante, elle prend le train en route. « On m’a donné un surdo [tambour métallique au fût droit, large, qui marque les sons graves], deux mailloches », et hop ! sans plus d’explication, elle rejoint une vingtaine de percussionnistes dirigés par Sean, fondateur de l’association, à Paris, en 1999. « J’avais évidemment du mal à suivre, mémoriser à la fois le rythme et les pas, mais en même temps, je me sentais parfaitement à l’aise, j’ai tout de suite senti que ça allait le faire. » Une disposition naturelle héritée de parents originaires de Madagascar ? « Je reconnais que j’ai l’oreille musicale, ce qui est précieux. »
Transe Brésil Express. « Faire corps avec cet instrument accroché à la taille, sentir raisonner en soi les sons graves qu’il émet procure des sensations intenses. » Rythme et danse dégagent une énergie communicative. L’émotion partagée est directe. « J’aime ces moments de communion avec les spectateurs, nous donnons beaucoup, c’est très physique. En retour, ils sont touchés, et le montrent. » Un surdo standard ne fait pas moins de 4 kg ! Jennifer a désormais le plaisir de jouer sur un instrument spécialement conçu pour elle par l’habileté d’un artiste argentin. Il a allégé le sien de plus d’un kilo. Elle s’est essayée au repinique, beaucoup plus petit et au son qui claque, mais elle aime revenir à son surdo de prédilection. « On est épuisés, mais comme mus par un second souffle… Cela peut se comparer à la transe. » Son autre satisfaction est d’avoir accédé au statut de musicienne sans avoir jamais appris la musique conventionnelle. Elle chante même à l’occasion. « Vous entendrez ma voix sur l’introduction du CD(1) que nous avons enregistré. »
Un surnom de Paradis. Jennifer est « Tatie Paradis ». La raison de ce surnom, donné par son professeur dès ses débuts, se perd dans ses souvenirs. Son sourire, sa bonne humeur ? Son goût pour la douceur et l’harmonie ? Peu importe… Dans cette formation se vivent plus que des performances musicales et chorégraphiques. « Mulêketú m’a apporté une vraie bouffée d’oxygène, de nouvelles relations, une expérience humaine très riche. » Le groupe de Marseille est constitué depuis cinq ans. Jeunes adultes entre 25 et 30 ans, « nous avons grandi et évolué ensemble ». Et Jennifer d’évoquer l’atmosphère colonie de vacances qui règne dans les déplacements. « C’est un peu à la dure, sacs de couchage et dortoirs collectifs, mais avec des bosses de rire, des fêtes, des repas plus mémorables les uns que les autres… » Répétitions hebdomadaires, stages certains week-ends préparent les rendez-vous dans les festivals, les animations de rue ou les carnavals. Pantalon noir et haut bleu et jaune, les couleurs de Mulêketú se frottent aux autres batucadas de l’Hexagone. L’association marseillaise a été primée en 2005 et en 2009 lors de compétitions nationales. Elle répond aussi à des demandes militantes. « Nous avons participé à l’animation de marches pour la paix, l’écologie, les sans-papiers… » Un supplément d’âme ajouté au plaisir…
B comme « batucada » et bonheur. Tatie Paradis, Jennifer l’est aussi à l’officine, dans ce métier que lui a fait connaître une amie de sa mère, qui l’a prise en apprentissage. Attentive aux détails du quotidien qui font la vie plus douce, un mot, une précision, un conseil personnel… C’est aussi ce qu’elle met en œuvre en tant que conseillère en dermo-cosmétique, titre obtenu après une formation d’un an et demi « casée » entre travail, répétitions et tournées ! Batucada est aussi le battement du cœur. Espagne, Allemagne, Pologne… dans la liste des pays où Mulêketú s’est produite, l’Italie occupe une place privilégiée. À Sestri Levante, non loin de Gênes, prend racine sa rencontre avec Boris, musicien du groupe de Paris. Une participation commune à un festival, des échanges de mails, un stage à Marseille… Boris a quitté la capitale pour la cité phocéenne et l’amour de Jennifer. « Vivre mes activités avec mon compagnon est essentiel, une vie de couple sans cette passion partagée serait difficile. » Le Brésil et la batucada sont au centre de leur vie, pourtant ils n’y ont jamais séjourné et n’en ressentent pas le besoin dans l’immédiat. « Nous vivons le Brésil par procuration. Des amis vont souvent en Amérique latine, toute l’année nous vivons en proximité musicale et affective avec le Brésil. » Une autre Amérique est à portée de rêve. Après un festival en Virginie, en mai, Mulêketú projette d’organiser des représentations à New York. D’autres battements en perspective…
(1) Disponible sur www.myspace.com/muleketu.
Portrait chinois
Si vous étiez un végétal ? La lavande, pour son odeur qui déclenche une « nostalgie bienheureuse » de mon enfance, le Sud, la Provence, la douceur. Ça m’apaise.
Une forme galénique ? Une huile essentielle. Selon mon humeur, je mets dans mon diffuseur verveine, agrumes, menthe… l’odorat est primordial.
Un médicament ? Un sachet antibiotique contre les infections urinaires. Quand on est une angoissée de l’infection comme moi, en avoir un constamment avec moi me rassure.
Un dispositif médical ?
Des pansements hydrocolloïdes pour protéger des ampoules les mains nues aux percus !
Un vaccin ? Un qui donnerait une conscience écologique aux gens, aux pollueurs et aussi aux décideurs !
Une partie du corps ? Le nez, pour l’odorat encore. Pour ce que ça a de meilleur, les fleurs, les aliments, les épices et de pire aussi… Je suis très sensible aux mauvaises odeurs, comme les haleines chargées ou les parfums trop capiteux… J’ai une mémoire olfactive.
Jennifer Jeannot
Âge : 30 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Marseille (Bouches-du-Rhône).
Ce qui la motive : la recherche du bien-être et de l’harmonie.
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