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« Une santé florissante qui vit mal »

Publié le 5 janvier 2002
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Les professions de santé sont en colère et il suffit de lire en ce moment les médias pour en être convaincu. Elles souffrent d’un manque de reconnaissance car l’approche économique des gouvernants conduit à les considérer seulement comme des techniques onéreuses, donc d’une certaine façon suspectes d’être antisociales. Pour aller plus profondément dans la douleur ressentie par ces professionnels, force est de constater que les gouvernements observent toujours le dépassement de leurs objectifs et qu’en retour, ils violent ou dépassent les conditions de tous les contrats précédemment signés. La maîtrise des dépenses de santé a amené des comportements professionnels plus sages, mais elle n’est pas arrivée à son but qui était la résorption des déficits, but illusoire par nature…

Les Français sont friands de santé, mais ils ne sont pas les seuls sur Terre à partager cet engouement. Au fond, ce comportement est très naturel dans nos sociétés industrialisées. […] Mais la course à la santé idéale n’est pas finie car il apparaîtra encore des nouvelles maladies et de nouveaux besoins. Les déficits n’ont pas de raison objective d’être résorbés.

Les citoyens sont donc en présence d’un secteur où la demande existe sans limite et où l’offre abonde en se renouvelant constamment. Ayant un système de cotisations sociales déjà très élevé, les gouvernants se trouvent donc dans l’obligation de faire des coupes dans les budgets pour donner l’apparence d’une bonne gestion. Mais ces mesures sont souvent scandaleuses. L’exemple de la publicité des médicaments est un bon sujet. La collectivité recherche le progrès thérapeutique et donc l’industrie crée. Près de dix ans sont nécessaires pour commencer à percevoir le retour sur investissement, que l’on taxe immédiatement en s’attaquant à la promotion. S’il est vrai que l’on a commis des excès en la matière, on ne peut pas demander tout et son contraire à des entreprises noyées dans la concurrence internationale. […] Mais d’autres exemples existent. Pourquoi les ventes directes à l’officine sont-elles taxées alors même que ce mécanisme est sans influence sur le prix du remboursement ? Seule la volonté d’un nivellement par le bas peut conduire à de telles solutions car, en réalité, les achats directs sont l’une des conditions de l’approvisionnement en profondeur des officines. Il faudra sans doute revenir à la lecture de Turgot pour qu’enfin on dise à tous ces professionnels : « Laissez-les faire. » Le dirigisme n’a pas prouvé à ce jour sa capacité à donner la solution idéale, et doit-on continuer les mêmes techniques alors que tout le monde sait bien que le monde de la santé continuera à grossir ? Il est temps de penser différemment.

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