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« Une rupture de style »

Publié le 21 juin 2003
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A nouveau président, nouvelle politique… Cet adage sera-t-il applicable à l’Ordre où Isabelle Adenot a été élue à la présidence de la section A (titulaires). Réaction à chaud, lundi, après l’élection.

« Le Moniteur » : C’est, semble-t-il, la première fois dans l’histoire de l’Ordre qu’une femme est élue à la tête d’une section. Dans un contexte de féminisation de la profession, c’est un petit événement…

Isabelle Adenot : La proportion de femmes est effectivement autour de 53 % dans la section A. Cela dit, je ne pense pas que c’est cela qui a motivé mon élection mais plutôt mon projet basé notamment sur une rupture de style, une manière différente de travailler.

Vous vous basez pour cela sur votre expérience au conseil de l’ordre de Bourgogne ?

Après quinze ans à l’Ordre et quatre ans de présidence du conseil régional, j’ai une bonne connaissance des dossiers. Surtout, j’ai pris l’habitude au niveau du conseil régional d’organiser régulièrement des réunions dans les départements pour être au plus près des confrères. On ne pourra les faire adhérer à notre politique que si l’on est à leur écoute.

Vous comptez donc également organiser ce genre de réunions départementales au titre de la section A ?

Oui tout à fait.

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A propos de dossiers, vous étiez particulièrement en charge de celui concernant les problèmes d’insécurité à la section A. Ce sera l’une de vos priorités ?

Je pense qu’il s’agit d’un dossier à traiter maintenant plutôt au plan local. Les conseils régionaux ont désormais les outils pour bien travailler sur le sujet avec les préfets. Les dossiers à traiter prioritairement au conseil central sont ceux imposés par l’actualité. Par exemple, bien évidemment, les conditions d’application de la loi Murcef et les conditions d’ouverture du capital des officines. Mais je pense aussi à la prévention et à l’acte pharmaceutique, pour lesquels il va falloir très rapidement voir le ministre et diablement se poser la question du rôle que peut jouer le pharmacien en la matière !

Quand on parle de prévention et d’acte pharmaceutique, on pense aussi rémunération à l’acte. Vous allez travailler en ce sens ?

Lorsqu’on parle de rémunération, c’est d’abord et quoi qu’il arrive l’affaire des syndicats. Mais nous n’en sommes pas encore là. Ce qu’il faut retenir aujourd’hui comme message fort à propos de cette élection, c’est la rupture de style. Cela étant, je tiens à préciser qu’il ne s’est agi en aucun cas d’un désaveu de Christian Blaesi, qui a d’ailleurs été élu à l’unanimité au Conseil national de l’Ordre.

A noter

Et maintenant ?

– La section D aura élu, à son tour, le 20 juin ses huit représentants au Conseil national de l’Ordre. A cette occasion sera également élu le président de la section D.

– Les représentants de l’ensemble des sections ordinales au conseil national de l’Ordre éliront son président le 30 juin prochain.

De source ordinale, 1 049 bulletins concernant les élections aux conseils régionaux (section A) seraient arrivées après la date limite de vote. Une déperdition qui aurait encore permis d’améliorer la participation (51,44 %).

Composition du nouveau bureau de la section A

– Président : Isabelle Adenot (présidente de la région Bourgogne).

– Vice-Président : Henri Lepage (président du conseil du Centre).

– Trésorier : Xavier Desmas* (délégué supplémentaire des Pays de la Loire).

– Membres : Jean Arnoult (président du conseil du Nord-Pas-de-Calais) ; Dominique Brasseur* (président du conseil de Haute Normandie) ; Bernard Minne* (président du conseil de Rhône-Alpes) ; Sylvère Quillerou (président du conseil de Bretagne)

* Nouvellement élus au bureau de la section A.

PERSONNES DÉSIGNÉES POUR REPRÉSENTER LA SECTION A AU CONSEIL NATIONAL :

Christian Blaesi*, Jean Lamarche, Jean Parrot, Josette Dubray, Jean-Luc Audhoui*, Louis Douard, Yves Trouillet et Claire Sévin*.

* Nouvellement élus au Conseil national.

Trouillet président ?

Le conseil national de l’ordre élira son président le 30 juin prochain. Si cette élection se fait uniquement via le suffrage de ces « grands électeurs », Le Moniteur avait tout de même proposé aux pharmaciens qui le souhaitaient d’exprimer, via le site Internet et la newsletter du journal, le choix qu’ils auraient formulé s’ils avaient eu à choisir eux-mêmes à partir des candidats déclarés début juin (Jean Parrot, Yves Trouillet et Pierre Béras). Selon les résultats, Yves Trouillet emporterait l’élection. A noter toutefois que ce sondage n’a aucun caractère représentatif puisque les votes ont été spontanés. Par ailleurs d’autres candidats peuvent très bien se présenter d’ici le 30 juin.

Trois questions à Jean Parrot, président du Conseil national de l’Ordre

Quel est votre lecture de ces élections ?

Promouvoir une femme à la tête de la section A, c’est la preuve que l’institution est bien vivante et qu’elle est en phase avec la totalité des membres de la profession. Cela dit, Christian Blaesi, pour autant, n’a pas démérité. D’ailleurs la section A l’a désigné à l’unanimité pour être l’un de ses huits représentants au Conseil national de l’Ordre (1).

Le rééquilibrage entre représentants de la section A et de la section D au sein du Conseil national de l’ordre (2) ne prend-il pas une importance toute particulière alors que va se décider dans les prochains mois les conditions d’intégration des salariés dans le capital des officines ?

On peut dire cela. C’est effectivement particulièrement important à ce moment précis où le terme d’adjoint est aussi définitivement consacré, mais je tiens à signaler que la refonte des élections liées à la section D constitue aussi une revalorisation des pharmaciens hospitaliers. A cet égard, la création d’une section H pour les hospitaliers (3), reste d’actualité.

L’étude que l’Ordre avait commandée sur la loi Murcef est-elle finalisée ?

Elle est présentée aujourd’hui (ndlr, lundi 16 juin) aux membres de la section A puis sera étudiée avec les syndicats. Elle nous donne des pistes mais il est bien trop tôt pour en tirer des conclusions. A sa lecture, la question qui se posera à la profession est de savoir comment nous construirons cette ouverture du capital des officines : est-ce que nous voulons des chaînes avec capital extérieur, des chaînes avec capital uniquement pharmaceutique, des mini-chaînes entre officines ou juste permettre un maillage entre quelques pharmaciens.

(1) Jean Parrot sera candidat à sa propre succession le 30 juin prochain.

(2) La loi Kouchner du 4 mars 2002 impose une meilleure représentation de la section D, et donc des pharmaciens salariés, au sein du Conseil national (à parité avec les représentants des titulaires).

(3) Aujourd’hui la section D, regroupant les pharmaciens adjoints, les hospitaliers et les mutualistes, soit 31 013 pharmaciens (dont 27 673 pour la section A).