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Une ombre au tableau
Problème d’énoncé, erreur informatique… Les étudiants en pharmacie sont-ils prompts à dénoncer les couacs des facultés ? Si des cas existent, le sujet est particulièrement délicat à évoquer…
Les étudiants en pharmacie sont-ils aujourd’hui prompts à remettre en cause les conditions ou les résultats d’examens ? Soucieuses de ne pas voir une si mauvaise publicité étalée sur la place publique, les facultés de pharmacie estiment que non. Mais certains enseignants admettent que les mentalités commencent à changer.
Esprit critique.
« Les mentalités évoluent et les étudiants se permettent d’être beaucoup plus critiques, explique un professeur interrogé. Auparavant les étudiants ne se permettaient pas d’interpeller aussi fortement leurs enseignants et il en est de même pour les recours aux examens qui ont tendance à se multiplier. Ils sont prêts à annuler un examen s’il leur semble que le sujet prête à confusion. Mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas les plus défavorisés en pharmacie. » La révolte gronderait-elle parmi les rangs des futurs pharmaciens ? Plutôt moins qu’ailleurs si l’on en croit ceux qui ont accepté de nous en parler. Mais il faut bien admettre que le sujet reste délicat à évoquer.
Il a été en effet difficile de répertorier les quelques cas de recours aux examens ayant eu lieu ces dernières années, le sujet restant très tabou. Etudiants et professeurs interrogés ont préféré gardé l’anonymat. Pour les étudiants, par pure crainte de représailles. Car même si tous sont conscients que leur cas est loin d’être unique, la peur de se voir par la suite mal noté prédomine. Il n’est pas toujours bon de dire que l’on a fait reconnaître ses droits… Côté administration, certaines facultés n’ont pas hésité à nous expliquer que nous ne pouvions joindre le doyen, car le thème « n’a aucun intérêt journalistique (sic) ». Quoiqu’il en soit, la très grande majorité des cas répertoriés concernent des réclamations individuelles et non collectives.
Règlements à l’amiable.
Il semble bien que nombre de litiges se règlent à l’amiable le plus rapidement possible et sans heurts, la ligne de conduite étant : « Tout sauf le tribunal. » Il faut reconnaître que grâce à la loi de 1978 visant à améliorer les relations entre l’administration et le public (en permettant notamment un libre accès aux copies d’examens) et à l’arrêt du Conseil d’Etat d’avril 1987, les rectorats ont largement mis en application les dispositions de la loi, selon la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) .
Mais la sacralité des concours reste encore bien présente et il est difficile pour une faculté de reconnaître une défaillance qui paraîtrait bien banale dans toute autre institution… Ce fut notamment le cas d’un étudiant en pharmacie qui a décelé une erreur de notation sur sa copie lors du concours de fin de 1re année. L’erreur découverte, la note de l’étudiant a été revue lui permettant ainsi de se hisser d’une place et de passer en seconde année. Mais doyen et professeur se sont retrouvés dans l’embarras car il s’agissait alors de rétrograder un autre étudiant à qui l’on avait déjà annoncé son passage en seconde année. « Le doyen m’a appelé très gêné et m’a donné rendez-vous, explique l’étudiant en question. Il m’a expliqué la situation en me disant qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire mais sans me garantir de résultat. J’étais abasourdi. Mon père a alors décidé de prendre rendez-vous avec lui. Il a été plutôt persuasif. Finalement le doyen a obtenu du ministère l’augmentation d’une place du numerus clausus et l’affaire en est resté là. »
Erreur d’énoncé.
La même année plusieurs élèves contestent un examen dans une autre session, car un professeur a fait une erreur dans un énoncé. L’administration s’empresse alors d’organiser une session de remplacement en respectant tout juste le délai minimum obligatoire pour annoncer les modalités d’examen. L’absence à l’examen, qui normalement est éliminatoire, est toutefois acceptée (la note était en cas d’absence de 0).
Autre exemple à Nancy où un étudiant qui devait redoubler à cause d’une matière ne comprenant que des travaux pratiques (TP)a menacé de porter plainte arguant du fait que les TP ne pouvait constituer une épreuve éliminatoire. Là encore il a obtenu gain de cause sans intenter aucune poursuite.
Ces exemples ne sont pas les seuls. Bon nombre de facultés ont dû faire face aux revendications de leurs étudiants concernant les résultats officialisés, l’organisation des examens ou les sujets, mais le plus généralement il s’agit de recours concernant un seul étudiant. Rares sont les cas comme à Rennes où une épreuve a dû être repassée par l’ensemble des étudiants. Si l’on n’aime guère exposer au grand jour ces quelques couacs, les facultés sont plus ou moins intransigeantes. Ainsi l’administration bordelaise, forte de son bon droit, ne flancha pas lorsque après une erreur informatique il fallut annoncer aux deux derniers reçus, un jour après la parution des résultats d’examens, qu’ils étaient recalés… « Nous nous sommes battus pour obtenir un recours mais le doyen nous a rétorqué que ces étudiants, qui étaient des redoublants, ne méritaient pas le concours même si c’était humainement une catastrophe pour eux, confie un étudiant. Nous avons cherché la faille mais comme légalement l’administration avait deux mois pour se rétracter, nous n’avions pas d’issue. »
De l’avis de chacun, les étudiants en pharmacie sont donc plutôt moins procéduriers que leurs homologues d’autres disciplines. « Selon les remontées que nous en avons les contestations sont traitées au cas par cas, confie un responsable de l’ANEPF. L’un des avantages de notre cursus réside dans le fait qu’une fois la première année franchie, les études se déroulent le plus souvent sans heurts. Du coup rares sont les problèmes nécessitant un recours. »
La taille « humaine » des facultés de pharmacie contribue aussi, sans doute, à un règlement des litiges à l’amiable sans pertes ou fracas… Une « situation d’exception » que les professeurs et les administratifs aimeraient voir perdurer encore de nombreuses années…
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