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© Getty Images/iStockphoto
Un nouvel outil pour lutter contre la soumission chimique vendu en pharmacie fait polémique
Le test CYD se présente sous la forme d’un petit sachet contenant plusieurs bandelettes réactives. Il suffit de déposer une goutte de boisson sur les marqueurs pour détecter la présence de substances psychoactives telles que le GHB, la MDMA ou la kétamine. Si une drogue est présente, la bandelette change de couleur. À 8,90 euros pour une pochette de cinq bandelettes, le produit promet de détecter plus de 600 molécules.
Un dispositif de prévention simple mais non médical
Cependant, il est important de noter que ce dispositif n’est pas un dispositif médical. « Normalement, ces produits ne figurent pas sur la liste des articles autorisés en pharmacie », précise Guillaume Racle, élu au conseil national de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Il rappelle que la réglementation applicable à ce type de produits diffère de celle des dispositifs médicaux et s’apparente à celle des éthylotests.
« J’attends l’avis de l’ANSM et des autorités de santé sur ce type de produit », indique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), soulignant ainsi la nécessité d’un encadrement officiel pour de tels outils.
Une utilité préventive reconnue par certains
Pour Stéphane Brohard, distributeur de Cyd, le test répond à un besoin réel. « Contrairement aux analyses sanguines ou urinaires, qui ne peuvent être effectuées qu’après l’acte, ce test permet d’agir en amont, dès qu’un doute surgit », explique-t-il. Il insiste également sur la discrétion et la simplicité du dispositif, qui peut être transporté et utilisé facilement, apportant ainsi une solution rassurante pour les utilisateurs.
Bien que le produit ait déjà été adopté par une centaine de pharmacies du réseau PharmaVie, son usage reste encore limité. « La diffusion n’est pas suffisante pour en faire un outil largement accessible », reconnaît Patrick Le Branchu.
Des critiques concernant la fiabilité et l’absence d’encadrement
Malgré son apparente simplicité, le test CYD soulève des interrogations parmi certains pharmaciens. « À ce jour, il n’existe aucune recommandation officielle concernant les substances à tester, la méthodologie à suivre ou les performances attendues de ces dispositifs », déplore Guillaume Racle. Selon lui, cette absence d’encadrement constitue un réel problème : « Nous sommes contraints de faire confiance au fabricant, sans aucune garantie externe. Fabricant qui ne communique pas sur la manière dont il a réalisé ses études ni sur les performances réelles du test. Il est difficile d’accepter ces informations sans vérification indépendante », ajoute Guillaume Racle.
Un coût qui interroge face à une efficacité limitée
Bien que le prix du test, fixé à 8,90 euros pour cinq bandelettes, semble raisonnable, son utilité est parfois mise en doute. « À ce tarif, il serait peut-être plus judicieux de jeter son verre et d’en reprendre un autre », ironise Guillaume Racle. De plus, la faisabilité d’une utilisation régulière du test, en particulier le fait de tester chaque gorgée, soulève des questions pratiques.
Stéphane Brohard défend toutefois l’intérêt du produit. « Même s’il ne répond pas à toutes les situations, ce test a le mérite de sensibiliser et de responsabiliser. Il fait partie des outils nécessaires pour lutter contre un problème complexe. »
Un besoin d’approche globale et encadrée
Pour Guillaume Racle, le test CYD constitue un premier pas dans la bonne direction, mais il appelle à des solutions plus structurées. « Il est essentiel que des protocoles soient établis, comme pour les Trod. Lorsqu’une personne soupçonne avoir été victime de soumission chimique, elle devrait pouvoir se rendre en pharmacie pour effectuer un test urinaire fiable », plaide-t-il.
Des laboratoires français travaillent déjà sur des dispositifs plus adaptés à ce type de situation, bien que leur développement en soit encore à ses débuts. « La mise à disposition d’autotests est une initiative positive, mais elle doit être accompagnée d’un protocole de prise en charge clair et validé par les autorités de santé », insiste Guillaume Racle.
Une prise en charge médicolégale et un suivi des victimes
Une fois le dépistage réalisé, il est crucial d’orienter les victimes vers des structures spécialisées, telles que le CRAFS (Centre de Référence pour l’Assistance aux Victimes de Soumission Chimique), afin d’assurer une prise en charge médicolégale. De plus, la formation des professionnels de santé est essentielle pour leur permettre de mieux appréhender ces situations complexes et d’orienter les victimes vers les soins appropriés. Comme le souligne Guillaume Racle, « une approche coordonnée et bien informée est indispensable pour garantir que les victimes de soumission chimique reçoivent une aide efficace et adaptée. »
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