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Torts partagés

Publié le 20 novembre 2010
Par Laurent Lefort
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Merci Médiator pour cette franche explosion médiatique. Un médicament, c’est la vie. Alors, s’il est accusé de tuer, le sujet devient terriblement vendeur. Je n’ai aucune tendresse particulière pour le laboratoire Servier, pas la peine de me faire un procès d’intention. Côté labo, la clarté n’a pas régné en maître mais, dans cette histoire, personne n’est tout blanc. Ni les traqueurs du moindre gramme en trop, prêts à toutes les tentatives de charme pour récupérer une prescription ou se procurer la formule magique sans ordonnance. Ni les médecins, qui ne se sont pas posé des tonnes de questions avant de prescrire hors AMM. Ni les pharmaciens, qui le savaient pertinemment en délivrant par paquets de trois les boîtes bleues. Ni la Sécu, qui a remboursé sans sourciller des dizaines de milliers de prescriptions ne s’adressant pourtant pas à des diabétiques ou à des profils lipidiques chahutés. Ni nous, presse spécialisée, qui avons laissé à Médiator le soin de vivre tranquillement sa vie, sans creuser*. Quant aux autorités, elles ont pris tout leur temps avant de finalement mettre les pieds dans le plat. Le lien de parenté entre Médiator et son cousin Isoméride, porté définitivement disparu en 1997, aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette histoire me coupe un peu l’appétit.

* Exception faite de « Prescrire ».

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