Substitution des biosimilaires : s’y préparer pour mieux performer 

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Substitution des biosimilaires : s’y préparer pour mieux performer 

Publié le 7 février 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Sept groupes de médicaments biosimilaires sont suspendus à la publication d’un arrêté ministériel pour pouvoir être substitués par les pharmaciens. Un arrêté qui ne saurait tarder. Pour se préparer au mieux aux spécificités de ces médicaments, le groupement Totum a d’ores et déjà formé ses pharmaciens. Une table ronde était organisée sur le sujet, jeudi 6 février, pour rappeler le rôle central que les officinaux auront à jouer, mais aussi celui des pouvoirs publics.

L’usage des médicaments biosimilaires est appelé à se développer considérablement dans les mois et années à venir. L’autorisation déjà donnée aux pharmaciens de délivrer, par substitution au Filgastrim et au Pegfilgastrim, un médicament biosimilaire a fait monter en flèche leur taux de pénétration à hauteur de 95 % et 90 %, en 2024. Depuis peu, il en est de même pour les biosimilaires du Lucentis qui commencent tout juste leur percée.

Là où, aujourd’hui, le pharmacien est confronté deux à trois fois par semaine à une substitution de biosimilaires, il le sera quotidiennement dans les mois et années à venir. « Demain, avec des médicaments très courants comme l’Enoxaparine, cette nouvelle mission des pharmaciens va considérablement s’intensifier. Nous savons au sein de Totum que la formation et l’information des équipes favorisent l’adoption rapide par les patients. Elles permettent un accompagnement de qualité qui rassure, et assure une meilleure adhérence au traitement », explique le docteur Mehdi Djilani, pharmacien d’officine et président de Totum Lab.

Adhésion des patients

La communication autour des biosimilaires auprès du grand public n’est cependant pas encore à la hauteur. « Si l’on ne veut pas rencontrer les mêmes freins auxquels nous avons fait face avec les médicaments génériques, il faut que les pouvoirs publics lancent de grandes campagnes d’informations, au même titre que celles sur les antibiotiques », souligne le professeur Stéphane Mouly, pharmacologue à l’hôpital Lariboisière. Selon le baromètre des Biosimilaires Ifop pour Biogaran, paru ce mois-ci, seuls 10 % des Français pensent en effet savoir ce qu’est un médicament biosimilaire. Pourtant, près d’un Français sur deux se dit favorable à la substitution par le pharmacien d’un médicament biologique de référence par un médicament biosimilaire.

« Il est primordial de faire savoir l’équivalence, la sécurité et l’efficacité des biosimilaires, cela facilitera le bon usage et favorisera l’adhésion des patients. La valeur ajoutée en santé doit être clamée haut et fort », poursuit-il. Mais les sources d’économies suscitées par ces substitutions de biosimilaires sont aussi parmi les raisons qui poussent à leur déploiement. « Si l’élargissement aux 7 autres médicaments avait été permis dès l’an dernier, il aurait dégagé 130 millions d’euros d’économie pour l’Assurance maladie », confirme David Syr, directeur général de Gers Data. On ne refera pas l’histoire, mais les promesses d’économies pour l’année à venir sont particulièrement séduisantes, et permettront ensuite d’investir dans la recherche.

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Site d’informations

Chez Totum, afin d’engager plus avant les pharmaciens sur la voie des biosimilaires, les formations ont notamment porté sur les conditions de substitution, « qu’il s’agisse des conditions techniques et administratives d’information du médecin et du patient, de la mise à disposition par les laboratoires de dispositifs factices pour montrer le fonctionnement aux patients, ou encore de la nécessité de maintenir une continuité du traitement… », détaille Mehdi Djilani. Rien n’est laissé de côté. « Peu à peu la liste des biosimilaires va s’élargir. J’aime à dire que c’est comme le vélo, il faut apprendre à pédaler avec les premières molécules pour pouvoir ensuite assurer de bonnes conditions de substitution le moment venu. » Pour aller plus loin dans ce sens, le groupement a développé une plateforme ouverte à tous – www.biomedinfo.fr – qui regroupe l’ensemble des informations de bon usage des médicaments biosimilaires. « Il s’agit d’un guichet unique calqué sur le site des Omedit avec des fiches patients et des fiches pour les professionnels de santé. Il fournit des renseignements détaillés sur les techniques d’injection et les modes d’administration spécifiques. »