Stock de masques de protection : pourquoi ça coince

 Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, un sujet revient en permanence : le manque de masques de protection pour les soignants. Si la France est à la peine, c’est d’abord à cause d’un stock d’Etat réduit à 140 millions de masques chirurgicaux et aucun masque FFP2, contre respectivement 1 milliard et 700 millions de masques en 2011. En cause : un changement de doctrine et des impératifs budgétaires qui ont conduit à l’Etat, en 2013, à ne pas renouveler ses stocks et à demander aux collectivités de constituer leurs propres réserves. En cas de besoin, l’Hexagone avait “réservé” des capacités de production dans d’autres pays, en particulier en Chine. Or la Chine, confrontée au virus depuis décembre 2019, a pendant un temps réduit sa production.

En face, les capacités de production nationales sont relativement faibles. Et si les usines ont boosté leur production, passant de 3,5 millions de masques par semaine à 8 millions actuellement, cela ne permet pas de couvrir les besoins, estimés à 40 millions chaque semaine (contre environ 4 millions en temps normal). 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé mardi 31 mars lors d’un déplacement près d’Angers (Maine-et-Loire) que la production hexagonale devrait atteindre les 15 millions de masques par semaine d’ici fin avril. Le chef d’Etat ambitionne par ailleurs d’atteindre “l’indépendance pleine et entière” en matière de masques d’ici la fin de l’année.

Le masque, objet de toutes les convoitises

Pour répondre aux besoins, le gouvernement a réquisitionné les masques présents sur tout le territoire début mars, tout en multipliant les commandes à l’étranger. Dans une enquête publiée le 2 avril, Mediapart met en cause la gestion de ces commandes par les autorités et pointe leur “léthargie” sur le sujet. Interrogé samedi par le média en ligne Brut, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué qu’environ 2 milliards de masques ont été commandés à la Chine. Certaines commandes commencent à arriver grâce à un pont aérien mis en place avec Pékin, mais d’autres peinent à être livrées et ce, pour deux raisons. D’une part, les pays producteurs constituent des stocks en cas de retour de l’épidémie sur leur territoire. D’autre part, tous les pays au monde sont à la recherche de masques. La concurrence est donc rude. Plusieurs responsables politiques français ont récemment indiqué que les Etats-Unis avaient racheté des lots destinés à d’autres pays directement sur le tarmac des aéroports chinois. Washington a depuis démenti.