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Six candidats s’expliquent sur la pharmacie
Si le sport et la culture ont fait leur rentrée dans la campagne électorale, on ne peut pas en dire autant de la santé, sujet à la fois compliqué et sensible. « Le Moniteur » a donc interrogé six des candidats à la présidentielle sur quelques grandes questions engageant l’avenir. Et fait le tour des pistes évoquées, concernant la santé notamment, par les plus sérieux prétendants. Comment les candidats se positionnent-ils sur quelques grandes questions et évolutions possibles concernant la pharmacie ? Surtout celles qui inquiètent le plus, notamment en raison des attaques européennes ? Eléments de réponses.
Un grand vent de déréglementation souffle sur l’Europe du médicament (OTC en GMS, chaînes, e-pharmacies, attaques de la Commission européenne). Cette tendance peut-elle être bénéfique ?
Nicolas Sarkozy : « Je serai ferme sur le monopole, la répartition géographique et l’exercice personnel. Le médicament n’est pas un produit comme un autre. Le patient doit, même sans prescription, recevoir un conseil. Même un produit aussi courant que le paracétamol est la cause de nombreux accidents dans les pays qui en ont libéralisé le commerce. La Commission européenne et la Cour de justice reconnaissent que le médicament justifie un traitement particulier dans la mesure où celui-ci est motivé par des raisons d’intérêt général. Dans la directive du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, l’UE reconnaît que le monopole des pharmaciens relève de la seule compétence des Etats membres. »
Ségolène Royal : « Les officines sont un maillon indispensable de la chaîne de soin, auquel je suis attachée. Les médicaments n’ont leur place qu’à la pharmacie, seul lieu où le conseil peut être assuré et la sécurité garantie. Je suis opposée à la remise en cause du monopole du pharmacien et à une approche purement financière de votre profession. »
Jean-Luc Préel, porte-parole de l’UDF : « L’efficacité du médicament comporte toujours des effets pervers, soit seul, soit en association. C’est pourquoi la mise à disposition en GMS ou le développement de l’e-pharmacie doivent inquiéter. »
Marie-George Buffet : « Non ! L’avancée du « marché » se fait par la déréglementation de tout. Or les médicaments ne sont pas une marchandise comme une autre. Ils sont dangereux en dehors des indications ; il faut un médecin pour les prescrire après avoir fait un diagnostic ; il faut un commerce organisé, contrôlé, répandu sur tout le territoire et accessible ; c’est un service public (même s’il est de nature privée) ; de plus il doit être remboursé. »
Jean-Marie Le Pen : « La perte d’indépendance des pharmaciens ne pourra que diluer un petit peu plus les responsabilités de chacun et la qualité du soin. A nos yeux la santé et ses différents acteurs ne peuvent exister et se développer selon des critères de seule rentabilité. Cela est déjà sensible dans la disparition de nombreux médicaments retirés du marché sans justification valable. Le monopole d’officine reste toujours une bonne barrière à la déréglementation. »
Dominique Voynet : « Non ! Les médicaments ne sont pas des produits de consommation ordinaire. »
Pour ou contre la liberté d’installation des pharmacies souhaitée par l’UE ?
Nicolas Sarkozy : « Je suis opposé à la suppression du quorum, il en va de l’égalité d’accès au médicament sur l’ensemble du territoire. La liberté d’installation entraînerait des fermetures de pharmacies dans les zones rurales. De plus, en zone urbaine, le bénéfice serait bien maigre pour le consommateur car il se limiterait à des baisses de prix sur les médicaments non remboursables. »
Ségolène Royal : « Je pense que cette question doit être traitée à l’occasion d’une réflexion globale sur notre dispositif de santé et sur la nécessaire égalité de l’accès aux soins sur tout le territoire. »
Jean-Luc Préel : « Je suis contre la suppression du quorum. Celui-ci permet d’assurer sur l’ensemble du territoire un service indispensable à la population, à tel point qu’un tel dispositif est envisagé par certains pour l’installation des médecins. Cependant, il serait nécessaire de le revoir au fil du temps, en accord avec la profession, et donner un peu de souplesse aux transferts dans une même commune. Il conviendrait également de favoriser certains regroupements et de prévoir une aide financière pour les installations en zone rurale. »
Marie-George Buffet : « Nous sommes contre. Sans organisation il n’y aura plus de service public et plus de pharmacie sur tout le territoire. La concurrence sauvage ne jouera pas en faveur des malades. »
Jean-Marie Le Pen : « Contre ! Le Front national est pour la liberté d’installation de tout libéral et opposé à la notion de planification. Mais le cas de l’installation des pharmaciens est un peu particulier dans la mesure où la santé doit être traitée également en campagne comme en ville, au titre de la solidarité nationale. Pour autant, s’il doit persister pour l’équilibre de la profession, le quorum doit être révisé très régulièrement. »
Dominique Voynet : « Totalement contre. Face au problème de démographie médicale, c’est la liberté d’installation des médecins qu’il s’agit de questionner. »
Pour ou contre la possibilité de créer des chaînes de pharmacies ? En Allemagne, Doc Morris propose des franchises à des pharmacies d’officine physique. Vous opposeriez-vous à une telle démarche vis-à-vis de pharmacies françaises ?
Nicolas Sarkozy : « L’exercice personnel est essentiel. Les pharmaciens doivent pouvoir administrer leur entreprise comme ils l’entendent, y compris le capital. Mais le pharmacien doit rester le décideur majoritaire dans son entreprise. Il s’agit là d’une garantie d’impartialité de l’avis qui est donné aux patients et d’indépendance vis-à-vis des groupes pharmaceutiques. Pour les mêmes raisons, je suis opposé aux chaînes de franchisés. Je crois en outre qu’il faut mettre fin aux risques de dérive des sociétés d’exercice libéral en cascade, qui pourraient conduire à une déresponsabilisation des acteurs. »
Ségolène Royal : « Je suis contre toute idée de chaîne ! Je défends le principe du pharmacien propriétaire de sa pharmacie, pour perpétuer une conception de proximité de l’offre et éviter les dérives capitalistiques. »
Jean-Luc Préel : « L’idée de créer des chaînes est de permettre de mieux négocier. Il convient cependant d’être très prudent, la sagesse serait de limiter ces chaînes au capital réservé à des pharmaciens titulaires. Il pourrait être envisagé de permettre l’entrée au capital des grossistes-répartiteurs. Quant à Doc Morris, nous nous opposerions à une telle demande. »
Marie-George Buffet : « Nous pensons que les chaînes de pharmacies profiteront uniquement à leurs propriétaires. Un objectif de rentabilité n’est pas un objectif de santé. Les pharmaciens eux-mêmes seront mangés dans ce processus. »
Jean-Marie Le Pen : « Je suis contre les chaînes ! Les regroupements professionnels mutualisant les moyens existent déjà et fonctionnent bien. Dans le cadre libéral cher au FN, toute forme commerciale peut exister, mais les chaînes avec leurs actionnaires uniquement motivés par les dividendes sont inadaptés. Bien entendu, nous nous opposerions à une démarche de type Doc Morris. »
Dominique Voynet : « Je suis contre tout principe de chaîne de pharmacies. Une telle organisation ne peut que servir à promouvoir le marketing comme outil pour augmenter de façon artificielle la consommation médicamenteuse. Et je m’opposerai à une offensive de Doc Morris. »
Pour ou contre la rémunération du pharmacien pour de nouvelles missions (prévention, éducation thérapeutique…) en sus de sa rémunération commerciale ?
Et la rémunération du pharmacien devrait-elle à l’avenir être essentiellement composée d’une marge commerciale, d’honoraires à l’acte ou bien d’un forfait par patient ?
Nicolas Sarkozy : « Les pharmaciens ont largement démontré leur capacité de mobilisation avec le succès de la substitution par le générique. S’il me semble que le fondement de la rémunération du pharmacien restera durablement la marge commerciale, je crois que la reconnaissance de son rôle passe par une diversification de ses modes de rémunération. Plusieurs pistes sont possibles : le conseil en matière de médication assistée, l’intervention du pharmacien dans le parcours de soins, dans le suivi de certaines maladies chroniques, dans la prise en charge de la perte d’autonomie. En concertation avec les organisations professionnelles, ces pistes d’activités nouvelles doivent être étudiées. »
Ségolène Royal : « J’attends des pharmaciens qu’ils jouent pleinement leur rôle de professionnels de santé. Il est clair que leur mode de rémunération peut évoluer, différentes options sont envisageables. Seule une négociation avec tous les acteurs concernés, dont bien évidemment les représentants de votre profession, permettrait de définir les nouvelles formes de rémunération des missions de santé publique. Le métier du pharmacien du XXIe siècle sera nécessairement différent de celui du siècle dernier. Il doit s’adapter à un monde en mouvement. »
Jean-Luc Préel : « A l’UDF, nous sommes favorables à une rémunération forfaitaire des missions de prévention et d’éducation thérapeutique. Le pharmacien a en effet un rôle à jouer, notamment pour les maladies chroniques. On pourrait envisager une rémunération forfaitaire par patient pour la tenue du dossier pharmaceutique, pour les conseils…
Nous sommes favorables à une évolution de la rémunération. Il n’est pas logique que celle-ci soit basée sur une marge dégressive. [Il faut] aller vers une rémunération mixte « marge plus forfait » soit par acte, soit plutôt par patient à discuter avec l’ensemble de la profession. »
Marie-George Buffet : « Oui à une rémunération supplémentaire pour l’éducation thérapeutique, à tout ce qui donnera de la dignité et du sens au travail du pharmacien, à tout ce qui réduira l’aliénation des professionnels de santé par rapport à l’argent. Quant à la rémunération principale, pourquoi pas un paiement à la fonction dans des pharmacies publiques ou parapubliques, par exemple mutualistes ? Les solutions libérales manquent d’imagination ! »
Jean-Marie Le Pen : « Des rémunérations supplémentaire ? Oui… tout métier doit évoluer. Par contre, il ne faudrait pas que ces nouvelles missions puissent amputer les autres professions médicales et paramédicales d’une partie de leurs prérogatives. A la base, la rémunération du pharmacien doit rester la marge commerciale. Des honoraires à l’acte ne prendraient pas en compte l’aspect commercial inévitable du métier de pharmacien. Un aspect forfaitaire de l’ordre de la capitation ne pourrait qu’aboutir à un étranglement progressif. »
Dominique Voynet : « La prévention, tout comme l’éducation thérapeutique, doivent être privilégiées dans le cadre de nouvelles rémunération. La logique de promotion des génériques doit rapidement faire évoluer la rémunération du pharmacien vers d’autres modes jusqu’à la capitation (forfait par patient). A terme, le pharmacien fera partie de l’équipe en charge de la santé sur un territoire et pourra être rémunéré en fonction des objectifs de santé publique. »
Seriez-vous partisan de prix à la classe thérapeutique ?
Nicolas Sarkozy : « Je n’y suis pas favorable. Le prix à la classe thérapeutique est un instrument de régulation trop fort qui, à mon sens, nuit à la recherche et à l’innovation. Nous devons plutôt continuer à faire progresser le médicament générique et la substitution car il reste des marges de manoeuvre à exploiter. Je crois ensuite que la priorité doit être d’améliorer les prescriptions pour que les médicaments de seconde intention ne soient pas prescrits systématiquement. »
Ségolène Royal : « Je suis contre ! Je suis résolument en faveur du soutien à l’innovation, seule voie de la poursuite du progrès thérapeutique. Je ne suis donc pas favorable, à ce stade, au remboursement par classe de médicaments. »
Jean-Luc Préel : « Cela peut paraître logique. Cependant, il paraît souhaitable de garder une certaine liberté de prix fixes par négociation conventionnelle en fonction de l’implication dans la recherche par exemple. Par contre, il serait souhaitable d’évoluer vers une prescription en dénomination commune. »
Marie-George Buffet : « Non ! C’est un peu simpliste : dans une même catégorie de médicaments, les coûts de production peuvent être différents. C’est sur le prix de la publicité que nous voulons faire des économies (34 % du prix de vente en moyenne). »
Jean-Marie Le Pen : « Ce serait retirer toute rentabilité aux laboratoires très investis dans la recherche. En France, les résultats liés aux génériques très momentanément positifs pour les officines aboutissent déjà à une fragilisation importante des très grands laboratoires et à la disparition totale des petits laboratoires innovants. »
Dominique Voynet : « Oui, j’y serais favorable. »
Pour ou contre la possibilité pour les pharmacies qui auraient obtenu un label qualité (reconnu par l’Etat/l’Assurance maladie) de se différencier en le faisant savoir au public (sur sa vitrine par exemple) ?
Nicolas Sarkozy : « Le principal label que je crois utile et dont tous les pharmaciens sont déjà pourvus est le doctorat en pharmacie. Les pharmaciens ne doivent pas se lancer dans une concurrence qui serait contraire à leurs règles déontologiques. La création d’un éventuel label qualité et son expérimentation ne pourraient donc venir que de la profession et de l’ordre des pharmaciens. »
Ségolène Royal : « J’attendrai, avant de me prononcer, d’en savoir plus sur ce que pourrait être ce label. En tout état de cause, une telle mesure ne peut se concevoir, encore une fois, sans une large concertation avec la profession pour en définir les objectifs et les critères. »
Jean-Luc Préel : « Tout ce qui favorisera la qualité doit être aidé. Reste à définir celle-ci dans le cadre de l’officine et à l’évaluer. Ces critères doivent être définis par la profession. »
Marie-George Buffet : « Pourquoi pas, si ce service est réel. »
Jean-Marie Le Pen : « Je suis pour. L’unicité du diplôme n’entraîne pas forcément une unité de services. Cela permettrait de reconnaître la qualité des diplômes complémentaires et l’ancienneté dans la profession. »
Dominique Voynet : « Je suis contre ! L’Etat doit être le garant du respect des obligations de santé publique (diplôme, formation continue obligatoire…). En cas de non-respect des règles, il ne s’agit pas d’enlever un label mais d’interdire la pratique. »
Pour ou contre la prescription par le pharmacien de médicaments, avec remboursement par la Sécu et/ou la complémentaire, dans le cadre de pathologies bénignes ?
Nicolas Sarkozy : « La base du remboursement par la Sécurité sociale doit rester la prescription médicale. »
Ségolène Royal : « L’automédication est une pratique répandue, même si les Français y sont moins enclins que d’autres. Que ceux qui sont à même de traiter seuls un problème bénin, qu’ils connaissent bien, aient à leur disposition des médicaments sûrs et efficaces me paraît être une bonne chose. Il me semble toutefois nécessaire d’y mettre un peu d’ordre dans un souci de santé publique. Quant au débat sur la possibilité de prescriptions par le pharmacien, il mérite d’être ouvert sans préjuger des choix définitifs, en associant votre profession, les prescripteurs médicaux, les assurances obligatoires et complémentaires. »
Marie-George Buffet : « Pourquoi pas, mais cela suppose que le pharmacien ait reçu une formation sérieuse, ait les moyens d’examiner le patient, la possibilité de discuter avec lui donc un local adapté, confidentiel et, enfin, qu’il ait aussi une bonne assurance… Franchement, allez voir votre médecin puis votre pharmacien si cela est nécessaire. C’est plus simple. »
Jean-Luc Préel : « Qu’est-ce qu’une maladie bénigne ? Nous n’y sommes a priori pas favorables. Par contre, nous sommes favorables – et avons d’ailleurs déposé un amendement en ce sens – à la dispensation de médicaments dans le cadre d’un renouvellement d’ordonnance pour une maladie de longue durée faisant l’objet d’un plan de soins. »
Jean-Marie Le Pen : « La prescription pharmaceutique serait un élément de plus de la balkanisation de la profession médicale. Le médecin est seul juge de la bénignité d’une pathologie. »
Dominique Voynet : « Nous sommes pour. Dans un cadre précis, le pharmacien peut se voir confier la responsabilité de prescrire certains médicaments remboursés (la Sécu contrôlerait cette activité). Il a un rôle clé dans le bon usage de l’automédication. »
Pour ou contre la possibilité de commande de médicaments hors prescription à des pharmacies via un site Internet dédié ?
Nicolas Sarkozy : « J’y suis opposé. Le réseau de distribution des pharmacies et le contrôle de l’Etat sont pour les patients une garantie de la qualité et de la fiabilité des médicaments. »
Ségolène Royal : « Il n’est plus possible de penser l’avenir de la pharmacie sans tenir compte du développement fulgurant de l’accès et de l’utilisation d’Internet. Le débat sur la place d’Internet devra s’ouvrir et associer tous les acteurs concernés, y compris les usagers. En tout état de cause, la sécurité sanitaire est primordiale à mes yeux. »
Jean-Luc Préel : « Si l’on pense qu’un médicament n’est pas un produit comme un autre, qu’il existe des interactions avec d’autres médicaments, que le rôle de conseil du pharmacien est essentiel, comment accepter de s’en priver ? »
Marie-George Buffet : « La commande par Internet, c’est dangereux pour les patients. Au moins, la vente en pharmacie sans prescription permet à un professionnel de santé de contrôler un peu ce qu’il vend. Et le contact humain reste indispensable. »
Jean-Marie Le Pen : « Je suis contre les commandes par Internet. »
Dominique Voynet : « Contre ! »
Pour ou contre la possibilité de vente directe par des laboratoires aux patients utilisant leurs produits dans le cadre de pathologies chroniques ?
Nicolas Sarkozy : « Je n’y suis pas favorable. Là comme ailleurs, le pharmacien doit intervenir. C’est lui qui offre un conseil impartial, c’est lui qui doit connaître l’ensemble des prescriptions qui concernent le malade. De plus, il s’agit d’une atteinte au monopole du pharmacien et donc, potentiellement, d’une remise en cause de la densité du réseau. »
Ségolène Royal : « Dans la ligne de mon raisonnement sur Internet, il est tout aussi indispensable de maintenir les garanties de sécurité qu’apporte le pharmacien, ce qui exclut la commercialisation directe par les laboratoires pharmaceutiques. »
Jean-Luc Préel : « L’industrie a pour vocation de rechercher, de fabriquer, de commercialiser, pas de vendre directement aux patients. »
Marie-George Buffet : « Je suis absolument contre, car c’est soumettre le patient sans défense à la pression des fabricants, dont on connaît le sens éthique… »
Jean-Marie Le Pen : « Je suis contre ! A nos yeux, de la même façon qu’il n’est pas possible qu’une chaîne se substitue à une officine, qu’un pharmacien se substitue au médecin, il n’est pas possible qu’un laboratoire se substitue au pharmacien. Il en va des responsabilités et de la survie de chacun. »
Dominique Voynet : « Je suis contre. Le laboratoire a pour mission la recherche et la fabrication de produits conformes. La prescription et la délivrance aux patients ne sont en aucun cas de leur ressort. »
Face au déficit de la Sécurité sociale, vaut-il mieux augmenter les cotisations pour financer tous les besoins de santé (CSG), limiter les prestations prises en charge (panier de soins), avoir plutôt recours à la dette (CRDS) ou basculer la prise en charge du petit risque sur les assurances complémentaires ?
Nicolas Sarkozy : « Augmenter la CSG et la CDRS est inenvisageable. Le taux de nos prélèvements obligatoires est devenu intenable. Par ailleurs, je n’ai jamais cru dans la distinction grand risque/petit risque. Et que faire alors pour ceux qui n’ont pas de complémentaire ? En réalité, le déficit de la Sécurité sociale sera, selon moi, surmonté, d’une part, si on lutte efficacement contre les abus, les fraudes et les gaspillages, d’autre part, par la création d’une franchise universelle d’un montant modeste qui responsabilisera les patients, enfin, par le retour au plein emploi grâce à la revalorisation du travail, ce qui est au coeur de mon projet. »
Ségolène Royal : « La droite a laissé filer les comptes sociaux depuis cinq ans : le déficit cumulé sur la législature qui s’achève s’élève à 50 milliards d’euros. Or, à structures et politiques inchangées, les prévisions officielles pour les années à venir n’incitent pas à l’optimisme. Il faut donc avant tout une autre politique économique et sociale. De 1997 à 2002, grâce à une politique fondée sur la croissance et l’emploi, la gauche était ainsi parvenue à rétablir l’équilibre des comptes sociaux. En tout état de cause, je suis opposée au basculement de la prise en charge du petit risque sur les assurances complémentaires ou directement sur les assurés sociaux. C’est pourquoi je dénonce la proposition de franchise annuelle non remboursable avancée par Nicolas Sarkozy. »
Jean-Luc Préel : « Chaque génération doit financer ses dépenses. Il convient d’abord d’optimiser les dépenses. C’est pourquoi l’UDF préconise une régionalisation de la santé avec des conseils régionaux de santé où siégeront tous ceux qui s’intéressent à la santé. Associer les acteurs en amont aux décisions et en aval à la gestion, c’est la seule méthode pour aboutir à une réelle maîtrise médicalisée des dépenses de santé.
L’UDF, pour responsabiliser le patient, préconise :
– le contrat passé entre le patient et son médecin,
– le remplacement de la CMU par une aide personnalisée à la santé inversement proportionnelle au revenu pour financer la complémentaire de son choix,
– le principe de la caution remboursable pour la complémentaire. »
Marie-George Buffet : « Il faut trouver des ressources nouvelles mais pas par augmentation de la CSG. Nous proposons une taxation des revenus financiers des entreprises et une réforme de l’assiette des cotisations sociales. »
Jean-Marie Le Pen : « Il faut augmenter faiblement les prélèvements sur la plus large assiette possible par le biais d’une TVA sociale. Cela s’impose en attendant les effets d’une reprise en main urgente des comptes de la Sécurité sociale par un audit et une centralisation des comptes, puis une meilleure gestion en limitant les fraudes, les abus et les redondances. Il est évident que l’on ne pourra pas non plus faire l’économie d’une prise en charge des petits risques par des assurances complémentaires. »
Dominique Voynet : « Il faut passer d’une logique de soins à une logique de santé. Les maladies dominantes aujourd’hui sont les maladies chroniques et leurs causes environnementales sont déterminantes. Il faut donc agir sur les causes environnementales et comportementales. Par exemple, on fera régresser l’épidémie d’obésité par une action sur l’alimentation et la sédentarité, beaucoup plus que par l’action de médicaments ou de vaccins antiobésité. C’est pourquoi les Verts proposent de refonder le système de santé sur trois piliers : le soin, l’environnement et l’éducation. »
L’objectif de dépenses d’assurance maladie pour 2007 se décompose en + 3,5 % pour l’hôpital, + 1,1 % pour les soins de ville, dont une hausse dépassant 3 % pour les honoraires des médecins et – 2,6 % pour les produits de santé. Quel commentaire sur cette répartition ?
Nicolas Sarkozy : « Les économies qui ont été faites grâce aux médicaments génériques n’auraient pas été possibles sans l’engagement des pharmaciens. Sur le long terme, l’évolution de l’ONDAM « produits de santé » pose la question de la rémunération de l’innovation pharmaceutique. Les gouvernements socialistes avaient adopté une attitude incroyablement autoritaire sur le prix du médicament. L’emploi et l’innovation pharmaceutique en France en ont pâti. […] Il vaut mieux prendre en compte les dépenses de recherche et développement dans le prix des médicaments et améliorer encore la lisibilité du système de fixation des prix. »
Ségolène Royal : « L’ONDAM 2007 n’est pas sincère et sa répartition encore moins. Au vu des dépenses réelles estimées pour 2006, la marge de manoeuvre pour les soins de ville n’est déjà plus que 0,8 % au lieu des 1,1 % prévus. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le ministre de la Santé, porte-parole du candidat UMP, a demandé la hausse des honoraires des médecins, en contradiction totale avec la loi qu’il vient de faire voter. Ce n’est tout simplement ni sérieux, ni responsable. »
Jean-Luc Préel : « La diminution depuis deux ans de l’objectif concernant le médicament ne peut conduire qu’à de graves difficultés. »
Marie-Georges Buffet : « Ceci aboutit à un sous-financement de l’hôpital public qui s’endette gravement, à une fuite des libéraux vers les honoraires libres et à un système qui facilite de moins en moins l’accès aux soins des plus pauvres. »
Jean-Marie Le Pen : « C’est le principe même de l’ONDAM que nous contestons, puisque celui-ci se fait toujours sur des bases totalement erronées et est un outil de division des professionnels de santé évident. »
Dominique Voynet : « La diminution des dépenses en produits de santé (grâce à l’aide des pharmaciens dans la substitution générique) est pertinente. L’augmentation des honoraires des médecins doit être justifiée par le respect des engagements conventionnels et doit questionner quant au mode de rémunération (capitation). La dépense de médicament a atteint en France un niveau sans relation avec le bénéfice attendu en termes de santé publique. Il n’est pas normal que la consommation en France soit trois fois celle des Pays-Bas ou de la Norvège. Il faut tendre au niveau médian des pays européens. L’argent économisé sera plus utile dans l’organisation du système de santé de proximité, l’organisation des réseaux de santé, l’action sur l’environnement et l’éducation pour la santé. »
UMP : le monopole discuté… puis conforté
La question du monopole pharmaceutique a bien fait l’objet d’un débat au sein de l’UMP, a clarifié, sur le blog Pharmaciensencolere.com, Chantal Jouanno, responsable des relations avec les professionnels de Nicolas Sarkozy. « Mais la décision finale retenue était de ne pas y toucher », peut-on y lire. Le site avait en effet fait l’objet de très nombreux échanges, en particulier sur Nicolas Sarkozy en raison de ses positions ultralibérales, de son peu de goût pour les monopoles et de son porte-parole Xavier Bertrand, dont
le plan médicament reste en travers de la gorge de la profession. Au point de pousser le candidat UMP à poster un courrier lundi sur http://www.pharmaciensencolere.com.
La voix du peuple pharmaceutique
En moins de deux mois, le blog http://www.pharmaciensencolere.com, créé à l’initiative de la chambre syndicale de l’Hérault, est devenu une véritable tribune nationale pour la profession auprès des politiques (voir Le Moniteur n° 2664). A tel point que certains politiques se sont cru obligés de répondre à ses interpellations, le site proposant notamment un « pacte officinal » sur lequel les candidats seraient susceptibles de s’engager. « Nous ne sommes pas du tout là pour supplanter les syndicats, mais il se trouve aujourd’hui que nous sommes effectivement devenus une véritable voix de la profession, constate M. Pistre, qui gère le blog. Le résultat dépasse nos espérances. Nous émanons finalement de la base et nous avons trouvé une place dans le débat. »
Les préparateurs préfèrent Bayrou
« Porphyre » a interrogé les préparateurs quant à leurs intentions de vote à partir d’une question posée sur le site Internet de la revue, du 6 au 15 mars dernier, sur la base du volontariat. Il ne s’agit donc pas d’un sondage représentatif. Voici néanmoins les résultats qui ressortent de cette consultation :
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Explosion des défaillances en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- [VIDÉO] Financiarisation de l’officine : « Le pharmacien doit rester maître de son exercice »
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?
![[VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/bonnefoy-dpc-680x320.png)
![[VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/grollaud-sans-680x320.png)