Sécurité : qui sont ces médecins qui subissent des violences et pourquoi ?

Le recensement de 2022 met en exergue une forte augmentation des violences subies par les médecins, de + 23 % depuis l’année 2021 (1244 déclarations versus 1009). Ce fait est inédit depuis la naissance de l’Observatoire.

Hauts de France (233)) et Ile-de-France (176) sont les deux régions les plus concernées. A l’autre bout de la chaîne se trouve la Corse  avec une seule déclaration !

La majorité des médecins déclarants en 2022 sont des médecins généralistes (71 %) à déposer une déclaration auprès de l’Ordre).

Les professionnels agressés sont majoritairement des femmes (56 %).

Qui est l’agresseur ?

Les médecins sont avant tout agressés par leur patient (58 %). Dans 18 % des cas, c’est l’accompagnant du patient qui est responsable des faits reprochés. Si les professionnels travaillant en milieu urbain sont les plus concernés (centre-ville, 56 % et banlieue, 19 %), les praticiens de zones rurales sont également confrontés à cette violence (21 %).

Quel est le type d’agression ?

8 agressions sur 10 sont des atteintes aux personnes, c’est-à-dire des agressions verbales ou menaces (73 %), voire des agressions physiques (7 %). Et dans 20 % des cas, il s’agit de vols, tentatives de vol ou actes de vandalisme. Les incidents ont lieu essentiellement dans le cadre de la médecine de ville (73 %), moins fréquemment en établissements de soins (23 %).

Pour quel motif ?

Les cinq principaux motifs de l’agression sont, dans l’ordre, un reproche relatif à une prise en charge (33 %), un refus de prescription (médicament, arrêt de travail…) à 20 %, une falsification de document (ordonnance, certificat…) à 11 %, un temps d’attente jugé excessif (10 %), un vol (9 %). Il est à noter que le refus des règles sanitaires (nombre de personnes, port du masque) compte tout de même pour 4 % des situations qui s’enveniment.

Ces résultats sont éloquents et pourtant, le Conseil national de l’Ordre des médecins se dit parfaitement conscient d’une sous-déclaration notable des violences dont les médecins sont victimes, notamment de ceux exerçant dans les établissements de soins publics et privés. Par ailleurs, peu de médecins vont jusqu’au bout de la démarche : en 2022, sur les 1244 déclarations, 31% seulement des médecins portaient plainte.

En officine, le bilan apparaît tout aussi anxiogène. 427 atteintes avaient été recensées en 2021 par l’Ordre dans son bilan annuel sur la sécurité des pharmaciens d’officine. Un chiffre en baisse de 27 % par rapport à 2020, mais qui a été multiplié par trois depuis 2012. Les vols représentaient 37,5 % des déclarations.

La diffusion de l’enquête du Conseil national de l’Ordre des médecins coïncide cette année avec les faits tragiques qui se sont déroulés au CHU de Reims (Marne), où une infirmière, décédée de l’agression, et une secrétaire médicale ont été violemment attaquées.