Ruptures sur les céphalosporines : on en sort quand et comment ?

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Ruptures sur les céphalosporines : on en sort quand et comment ?

Publié le 11 avril 2023
Par Yves Rivoal
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Les céphalosporines subissent des tensions d’approvisionnement. Pourquoi ? Jusqu’à quand ?

Des antibiotiques de la classe des céphalosporines (céfuroxime, céfixime et cefpodoxime) et Pyostacine sont en rupture de stock. « Nous avons demandé à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de nous fournir des explications sur les raisons qui expliquent ces difficultés d’approvisionnement et de trouver des solutions pour que l’hiver prochain ne soit pas encore marqué par de trop nombreuses tensions », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO), qui a participé tout récemment à une réunion à l’ANSM pendant laquelle un point sur les différentes ruptures de stock a été fait

Cette pénurie est confirmée par le Leem (Les Entreprises du médicament). « L’ANSM nous a demandé d’activer une session TRACStock sur certaines antibiotiques de la classe des céphalosporines afin que l’on documente l’état des stocks, ce dispositif mis en place par le Leem pouvant être activé en cas de tensions d’approvisionnement ou de ruptures sur un médicament », confirme Thomas Borel, le directeur scientifique du Leem. « Les difficultés rencontrées sur la cefpodoxime ou la céfuroxime, deux molécules génériquées à plus de 90 %, s’expliquent par une explosion des prescriptions liée à la forte incidence des pathologies hivernales, conjuguée à une reprise de la demande mondiale, ajoute pour le compte du Gemme (l’association des industriels du médicament générique) Rémy Petitot, le responsable des Affaires publiques de Biogaran. Sur les douze derniers mois, les prescriptions de céfuroxime 500 mg ont augmenté de 117 % d’après le GERS, les médecins s’étant reportés sur différents antibiotiques faute de pouvoir prescrire l’amoxicilline. »

Délégué général de la Chambre syndicale de la représentation pharmaceutique (CSRP), Emmanuel Dechin avance, lui, une autre explication. « Après une quasi-absence de pathologies hivernales en 2020 et 2021, tous les acteurs semblent avoir été pris de court cet hiver par la virulence des épidémies qui ont, en plus, eu le mauvais goût de démarrer en même temps », souligne-t-il.

En voie d’amélioration

Rémy Petitot estime toutefois que la situation devrait s’améliorer avec le recul des pathologies hivernales, et se projette déjà sur l’étape d’après… « Les laboratoires travaillent avec l’ANSM pour adapter leurs plans d’approvisionnement et de reconstituer leurs stocks de sécurité sur tous ces antibiotiques afin d’être en mesure de faire face à la demande à l’automne et à l’hiver prochain, confie-t-il. La plupart des industriels sont aussi en train d’étudier des solutions pour augmenter leur capacité de production ou identifier de nouvelles sources d’approvisionnement. Toujours en lien avec l’ANSM, les différents acteurs ont enfin accepté de partager leurs niveaux de stock et leurs prévisions de vente pour une meilleure visibilité et anticipation. »

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