Rumeurs et tremblements

L’avenir va ressembler à quoi si on suit le vrai-faux scénario du Medef ? Plus de pharmacie, donc. Où va-t-on aller alors en cas de besoin ? A la Sécu ? Laissez-moi rire. Ils n’arrivent déjà pas à faire ce qu’ils ont à faire. Chez Edouard Leclerc ? Ses caissières n’y connaissent rien en médicament. Et lui, il est toujours par monts et par vaux.

Une chose est sûre : il n’y aura plus de petites pharmacies, mais des grosses, des immenses qu’on trouvera en zone industrielle. J’imagine déjà les lettres lumineuses dans la nuit… On ira avec son doigt escamoté par un coup de marteau. On errera dans les immenses allées, comme chez Leroy Merlin, à la recherche du bon rayon et du bon vendeur. Ce dernier nous vendra ce sur quoi il aura une commission.

Avec une ordonnance, ce sera plus simple. On ira directement à la caisse tandis qu’un p’tit gars en roller filera nous chercher nos médicaments. En cas d’effets indésirables ou d’interactions, on appellera son médecin. La secrétaire nous proposera un rendez-vous dans un mois : « Vous comprenez, le docteur est complètement débordé, il n’est pas pharmacien ! »

Le pharmacien, lui, sera au musée Grévin, derrière son comptoir devenu inutile. En voyant le visage de cire, la blouse blanche, les enfants nous demanderont : « C’est quoi un pharmacien ? » On répondra : « C’est toute une époque, des siècles et des siècles de savoir, d’études… » L’émotion nous nouera la gorge. « Plus tard je veux être pharmacien ! » Les baffes voleront. Trop long à expliquer : les trois administrateurs, le Medef, etc.

On finira par se rendre chez un guérisseur trouvé sur Internet. On paiera une note salée, l’autre empochera son fric au noir. L’Etat pleurera ces fuites d’argent… et toutes les indemnités versées aux pharmaciens. Horrible, quoi !

Heureusement, le Medef a démenti depuis. Le grand patron Ernest-Antoine Seillière allant même jusqu’à dire qu’il s’agit « d’une fausse information destinée sans doute à dresser les pharmaciens, que nous considérons comme des professionnels indispensables au service de la santé de notre pays, contre le Medef, au moment où celui-ci quitte la gestion de la Sécurité sociale ». Ouf ! Il n’y a pas que Proust pour faire de longues phrases…

En tout cas, moi j’ai une autre idée géniale à soumettre aux décideurs : et si on supprimait les malades ? ça ferait de sacrées économies !