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ROYAUME-UNI : Bienvenue au royaume de la DCI

Publié le 10 novembre 2001
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Les généralistes ont l’obligation de gérer le budget médicaments de chacun de leurs patients. Ils prescrivent donc beaucoup de génériques, d’autant que les économies réalisées leur sont reversées pour l’aménagement de leur cabinet.

En revanche, la substitution est interdite en Grande-Bretagne sauf si un médecin prescrit un générique. Libre alors au pharmacien de le remplacer par un autre générique. « Mais nous aimerions avoir plus de pouvoirs et pourquoi pas, comme en France, avoir le droit de substituer », nous confie John d’Arcy, directeur de la National Pharmaceutical Association, le plus important syndicat de pharmaciens britannique.

Les génériques constituaient, à la fin des années 90, 35 % du marché du médicament britannique en valeur, et 48 % en volume. « S’il n’y avait pas de médicaments génériques, avance Paul Duke, de l’Association des fabricants britanniques de médicaments génériques, le coût global des ordonnances pour une année se monterait à 8,6 milliards de livres [89,5 MdF]. En fait, le NHS [le service de santé britannique] n’en dépense que 5,3 milliards (55,5 MdF) : nous lui faisons donc économiser 3,3 milliards de livres [34 MdF]. » Ce rapide calcul, les responsables du NHS l’ont fait depuis quelques années déjà : c’est pourquoi les médicaments génériques sont au coeur du système de santé britannique. Ils sont aussi parmi les moins chers d’Europe avec un prix moyen de 42 F tandis qu’un médicament encore protégé par un brevet coûte en moyenne 61 F soit une différence de l’ordre de 45 %.

Particularité du système britannique, les généralistes doivent prescrire en DCI, et non en nom de marque. En 2000, c’était le cas pour 72 % des ordonnances. Mais d’ici 2002, toutes les ordonnances devront impérativement être rédigées en DCI. Prodigy, le logiciel utilisé par les généralistes, devrait les y aider puisqu’il n’indique que les DCI.

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Comparatif de prix :

Amoxil 250 mg (21 cap.) : 6,27 Euro(s) ;

Générique : 2,03 Euro(s).

Roger Brays, Londres : « Nous sommes des pions »

Le pharmacien britannique, qui perçoit une rémunération parmi les plus faibles d’Europe (15 % du montant de l’acte), a souvent l’impression de n’être qu’un simple exécutant. C’est en tout cas le sentiment de Roger Brays, installé à Dagenham dans la banlieue est de Londres : « J’ai souvent l’impression d’être un pion. On me dit ce que je dois délivrer, combien je dois donner de comprimés à l’unité… En fait, je ne suis qu’un moyen pour le gouvernement de réduire ses dépenses tandis que d’autres profitent du système. »

Cible de ses attaques, les grands groupes de distribution comme Tesco (218 pharmacies), Sainsbury’s (58 pharmacies) et surtout Boots the Chemist. Forts de leurs volumes de commandes, ils obtiennent des remises pouvant atteindre 30 % du prix public des génériques, selon une enquête du ministère de la Santé.

Des niveaux de remise impossibles pour les pharmaciens indépendants qui ne représentent plus que 29 % du parc britannique. « Nous ne pouvons plus lutter », se lamente Roger Brays. Un autre effet secondaire des génériques…