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Roselyne Bachelot a la Santé
Roselyne Bachelot-Narquin succède donc à Xavier Bertrand au ministère de la Santé. Cette pharmacienne de formation saura-t-elle rassurer une profession en proie actuellement à de nombreuses inquiétudes sur son avenir ? La tâche s’annonce ardue. D’autant que Bercy garde la main sur les dépenses.
Pourquoi faire semblant ? Son sourire radieux en dit long. Roselyne Bachelot-Narquin avait envie de tout, sauf de bouder son plaisir à l’annonce de sa nomination au poste de ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Un assemblage encore jamais expérimenté sous la Ve République. Mais le champ d’action de la Santé a dans le même temps été amputé du budget de la protection sociale, donc de l’assurance maladie. C’est dorénavant le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, Eric Woerth, qui en aura la charge. Autrement dit, pour les cordons de la bourse, il faudra que Roselyne Bachelot voie Bercy. Inédit depuis 2002. Cette organisation risque fatalement de réduire sa marge de manoeuvre et impliquera encore plus qu’avant des négociations avec plusieurs interlocuteurs gouvernementaux. Déconnecter besoins de santé et exigences comptables, n’y pensons même pas !
La politique plutôt que le comptoir
Signe particulier du nouveau ministre de la Santé : c’est une pharmacienne ! Qui a même été titulaire à Angers de 1984 à 1991. Mais, au comptoir, elle a vite préféré les sirènes de la politique, avec un CV bien rempli en la matière. D’abord conseillère générale du Maine-et-Loire en 1982, elle a été députée de ce même département en 1988. Militante RPR dès la fondation du parti en 1976, elle a été le porte-parole de Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 2002. Connue pour son franc-parler, elle a animé au sein du RPR des groupes de travail sur la dépendance, le médicament, l’hôpital, la santé publique, la recherche et le handicap. Le handicap est d’ailleurs l’un de ses sujets de prédilection puisqu’elle a assuré la présidence du Conseil national des personnes handicapées de 1995 à 1998.
A l’origine du premier plan national santé-environnement, Roselyne Bachelot est nommée au poste de ministre de l’Ecologie et du Développement durable de 2002 à 2004. Souvent raillée pour ses gaffes, elle jette l’éponge en mars 2004 suite au remaniement gouvernemental qui suivit la crise de la canicule de l’été 2003.
Féministe engagée, Roselyne Bachelot se montre même rebelle à ses heures en n’hésitant pas à s’opposer aux consignes de son propre camp. L’histoire a déjà retenu d’elle un engagement sans faille en faveur du pacte civil de solidarité (Pacs) et de l’adoption par les couples homosexuels. Une position courageuse qui lui a valu beaucoup d’attaques au sein d’une droite hostile, notamment avec Christine Boutin… aujourd’hui ministre du même gouvernement (au Logement et à la Ville). Roselyne Bachelot est députée européenne depuis 2004.
Du pain sur la planche
Premier souci en perspective pour Roselyne Bachelot, le dépassement de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) estimé à 1,2 milliard d’euros. Ce qui devrait valoir d’ici le 31 mai un avertissement du comité d’alerte, destiné au Parlement, au gouvernement et aux caisses d’assurance maladie, ces dernières devant alors proposer des mesures de redressement. « Il n’y aura pas forcément de loi de financement de la Sécurité sociale rectificative en juillet. On peut faire beaucoup d’économies via des mesures réglementaires et il n’est pas question de relever l’objectif des dépenses ou de dégrader les comptes », a précisé Eric Woerth le 24 mai. Autre souci en perspective : concocter avec le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2008 élaboré en juin et présenté en septembre. Ce PLFSS verra-t-il la création d’une branche dépendance, comme le candidat Sarkozy l’avait évoqué ?
Par ailleurs, les dossiers chauds ne manquent pas non plus du côté de la pharmacie, également très inquiète du PLFSS 2008 : menaces d’ouverture du capital, évocations régulières d’une remise en cause du monopole, avis – toujours attendu – du ministère de la Santé sur l’automédication depuis la publication du rapport Coulomb. Et puis il y aura la mise en place de la fameuse franchise de Nicolas Sarkozy, y compris sur les médicaments. Franchise qui fait déjà jaser.
Déjà un couac
Ex-directeur de cabinet de Bernard Kouchner en 1997, Martin Hirsch, ancien président d’Emmaüs France, tout juste nommé haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a commencé fort en expliquant qu’il était en désaccord avec l’instauration de ces franchises sur les soins pour financer la Sécurité sociale. Ni plus ni moins l’une des mesures phares du programme de Nicolas Sarkozy. Cette prise de position a bien évidemment provoqué des remous. Toujours est-il que ce système est depuis son évocation vivement contesté par les organisations syndicales, les associations d’usagers et certains médecins qui craignent tous de voir des patients renoncer aux soins, faute de moyens. Réponse conciliante de Roselyne Bachelot à travers la publication d’un communiqué : « La franchise annoncée par le gouvernement devait être entendue comme un facteur de responsabilisation des assurés qui, conformément aux engagements de Nicolas Sarkozy, serait accompagnée des exonérations nécessaires pour tenir pleinement compte des situations sociales très dégradées. » De quoi calmer le jeu puisque Martin Hirsch s’est dit rassuré.
Cette franchise pourrait être mise en place plus rapidement que prévu, devant la petite forme des comptes de l’assurance maladie. D’autres mesures pourraient d’ailleurs tenter d’éponger en urgence l’hémorragie : pénalisation des consultations hors parcours de soins, extension nationale du dispositif tiers payant contre générique…
Xavier Bertrand au Travail
Xavier Bertrand quitte la Santé mais prend en charge le ministère du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité. A ce titre, les dossiers relatifs aux personnes âgées, aux handicapées et à la famille sont dans son giron. Et certains des dossiers à traiter risquent d’être chauds puisque le ministre devra faire avancer les grandes réformes sociales souhaitées par Nicolas Sarkozy : les retraites, le service minimum, les heures supplémentaires… Xavier Bertrand devra démontrer tous ses talents d’orateur et d’habile négociateur.
Réforme de l »hôpital
Nicolas Sarkozy l’a annoncé lors d’une visite au centre hospitalier de Dunkerque, il veut aussi réformer l’hôpital : partenariat optimisé entre les médecins de ville et le réseau hospitalier, plus de structures pour l’accueil des personnes âgées. Il a aussi promis de doubler les moyens pour les soins palliatifs. Roselyne Bachelot, à qui le président de la République a demandé mardi de mener une grande concertation sur les missions de l’hôpital, devra aussi se pencher sur la rémunération des heures supplémentaires dans les services.
Pour l’Enseignement supérieur et la Recherche, c’est Valérie Pécresse
Valérie Pécresse a été nommée ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au sein du gouvernement de François Fillon. Elle est conseillère régionale d’Ile-de-France depuis mars 2004 et a été successivement rapporteur de divers projets de loi dont celui de bioéthique en 2003-2004. Elle a également présidé le groupe d’études Applications des biotechnologies en génétique et a été vice-présidente du groupe d’études « Internet, technologies de l’information et de la communication et commerce électronique ». Cette ancienne élève de l’ENA mettra-t-elle en application son diplôme d’HEC pour piloter la recherche ? Son objectif est en tout cas de hisser la recherche française à la première place dans le monde. Une meilleure reconnaissance des professeurs d’université et des chercheurs est dans ses préoccupations. La réforme de l’université (CNRS, INSERM) figure d’ailleurs sur la liste de ses priorités.
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