Rock’Anne Roll

Dis-nous Anne, si tu avais une baguette magique, quelle rock-star deviendrais-tu ? Regard turquoise, visage poupon, la voix teintée de son Alsace natale, Anne est loin des frasques d’une Amy Whinehouse, diva déjantée de la soul. Et pourtant… Mêmes lieux, quelques heures plus tard. Mêmes gens qu’elle connaît à peine. Fin du dejeûner de la rédaction de : Anne ne se fait pas prier pour empoigner sa guitare. Trente regards braqués sur elle et pas l’ombre d’un flottement.

En avant la musique. Fais pas si, fais pas ça… Et ne touche pas à cette guitare ! se souvient Anne. Mi, la, ré, la première leçon reprend les accords du de Polnareff. Dans son coin, la petite n’en perd pas une miette. Tandis que maman s’escrime à placer les doigts dans les bonnes cases, elle s’empare de la guitare. , aujourd’hui encore, Anne n’est pas peu fière. C’est décidé, les leçons seront collectives. Puis particulières… Sa mère jette l’éponge. Son plaisir maintenant, c’est de voir jouer sa fille. Pendant trois ans, Anne apprend les rudiments. D’abord des mélodies simples à trois accords, puis les barrés, quand un seul doigt pince toutes les cordes, sur les accords de Dire Straits. Anne est douée : Ses parents la poussent à intégrer une association de Picking, technique utilisée dans le blues et la musique country. Et de faire ses premiers pas sur scène. C’est la fête de la musique, la foule se presse pour voir cette petite de 9 ans reprendre des Eagles. Descendue de scène, Anne n’a pourtant pas envie de recommencer. Peu de temps après, elle arrête même la musique :

De la pédale Oua-Oua à celles du bicross. Anne a du caractère. Et une obsession : l’indépendance. Hand-ball, judo, gym… Elle enchaîne les disciplines sportives, jusqu’à huit heures de pratique le mercredi, et attaque sur tous les fronts : Alors, quand son frère se met au BMX (bicycle motocross), impensable de rester sur le bord de piste. reconnaît Anne en riant. La piste est parsemée d’obstacles : simples, doubles, dromadaires, whoops, les bosses se sautent ou s’enroulent par cabrage du vélo sur la roue arrière. Pour gagner, il faut arriver le premier. C’est un sport brutal, Anne se souvient avec émotion de ce concurrent évacué par hélicoptère. Qu’à cela ne tienne, elle a de la vélocité. , confie-t-elle naturellement. Chaque week-end, le camping-car familial sillonne les routes de France au gré des compétitions de bicross. Et la guitare ? Anne de temps en temps :

Ça balance pas mal. Anne a 12 ans quand ses parents se séparent. Elle et son frère partent vivre dans les Vosges chez leur grand-mère. Du bout des lèvres, Anne évoque une situation familiale chaotique et choisit sa parade : Repérée, elle entre en équipe départementale, puis régionale de Hand-ball et intègre à Metz le «Pôle espoir» qui alimente les grandes équipes. L’été de ses 16 ans, alors qu’elle anime une émission de radio locale à Saint-Dié, Anne rencontre son premier amour. Plus que jamais, elle veut voler de ses propres ailes. Elle quitte la maison et s’installe en appartement. Tout va très vite: reprise d’un cursus classique en première scientifique, les petits boulots, le bac et la fac de sport. Elle écume les bureaux d’orientation, on lui propose professeur des écoles, éducateur spécialisé… Anne choisit préparatrice en pharmacie : En parallèle, elle reprend assidûment la guitare:

Elle dit «M». Anne se sépare de son ami et rentre s’insaller chez son père dans le Doubs. Depuis, elle compose ses propres morceaux. Au feeling. Et à l’instinct. Côté technique, elle se classe plutôt , les solos interminables, très peu pour elle. , précise Anne, polyvalente dans l’âme. Si elle n’est pas du genre à se pâmer pour des idoles, ses mirettes s’allument quand elle évoque Mathieu Chedid: En parlant de scène, pourquoi pas toi? , s’indigne Anne. Juin approche et pour l’instant, c’est son diplôme de préparatrice en pharmacie d’abord. Message reçu: pour le moment, la musique, c’est pour son plaisir. Et pour le nôtre, le temps de notre rencontre.•

Anne Robert

Âge : 22 ans.

Formation : élève en 2^e année de BP (CFA de Besançon, Doubs).

Lieu d’exercice : Pharmacie des Rohans à Molsheim (Alsace).

Ce qui la motive : partager des brins de vie avec les gens.

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Une fleur qui s’éveille chaque année. Je m’émerveille des petites choses qui arrivent au fur et à mesure.

• Si vous étiez une forme galénique ? Une pastille. Son action arrive lentement, mais dure longtemps. Comme l’amitié.

• Si vous étiez un médicament ? Je soignerais une maladie grave, afin de permettre à des gens « condamnés » de profiter de la vie.

• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Un préservatif pour protéger des mauvaises choses. Ce n’est pas juste d’attraper une maladie par le sexe.

• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre la jalousie. Beaucoup de gens se font la guerre par jalousie ou par envie.

• Si vous étiez une partie du corps ? Le coeur, pour donner plein d’amour à tout le monde. On m’en donne tant.