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Rétro 2024 : fermeture d’officines, des trous dans le maillage ?
Que s’est-il passé ?
Le panorama dressé par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, publié en juin 2024, met en lumière l’aggravation des difficultés pour les officines en 2023. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo) n’hésite pas à parler d’un réseau qui « se meurt ».
La majorité des fermetures définitives sont contraintes par :
– un défaut de repreneur ;
– une liquidation judiciaire ;
– une inactivité constatée pendant plus d’un an.
Certaines régions sont particulièrement touchées. L’Allier, l’Ariège, l’Yonne, le Gers et la Corrèze enregistrent une baisse alarmante de 18 à 22 % du nombre d’officines en seulement une année.
Le désert médical avance
- 19 887 officines au 1er janvier 2024, soit une baisse de 1,3 % par rapport à l’année précédente (2 142 officines en 2023).
- 2 028 officines ont disparu entre 2013 et 2023, soit une baisse de 9,3 % en dix ans.
- 24 596 pharmaciens sont titulaires en 2023, dont 940 nouveaux inscrits.
- 3 421 habitants pour une officine en 2023.
- 35 % des officines constituent le cœur de l’offre de soins de proximité (installées dans des communes de moins de 5 000 habitants).
Dates clés
Chaque mois, les experts-comptables et les instituts enregistrent une trentaine de fermetures d’officines.
Ça change quoi pour les pharmaciens ?
Le maillage officinal salué jusqu’ici comme vertueux est en danger. Selon l’Uspo, 300 nouvelles fermetures pourraient être enregistrées d’ici à la fin de 2024, principalement pour des raisons économiques. En effet, 44 % des officines concernées réalisent un chiffre d’affaires compris entre 500 000 € et un million d’euros, un seuil où la viabilité devient de plus en plus difficile à assurer.
5 000 pharmacies en difficulté dans les années à venir
Le point sur les difficultés actuelles avec le bureau d’études prospectives la Longue Vue qui publie chaque mois un état des lieux de la situation économique des officines.
Quelles pharmacies sont les plus touchées ? Quelque 5 000 pharmacies seront en grande difficulté dans les 10 années à venir. En raison de deux problématiques : l’enclavement géographique – actuellement, les jeunes pharmaciens ne souhaitent pas s’installer dans des zones rurales comme cela a pu être le cas pour les anciens – et la taille des officines. Pour la Longue Vue, les officines de 1,5 à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires sont des petites pharmacies difficilement viables sur le long terme.
La fermeture des officines pourrait donc s’aggraver dans les années à venir ? Oui, parce qu’il y a aussi un défaut d’attractivité. Aider les territoires en difficulté, c’est une chose, mais le problème, c’est qu’il n’y a aucun jeune pour reprendre cette activité. Il faudrait donc déjà avoir envie d’aller vers cette filière et il y a de quoi être un peu catastrophé par ce que l’on voit. Même chez les professionnels, on remarque une forme de désaffection du secteur : l’installation est devenue un parcours du combattant et les défaillances économiques de plus en plus nombreuses. Le fait que les pharmacies dégagent de moins en moins de marge se ressent sur leur trésorerie.
Quels sont les leviers d’action ? La pharmacie doit se réinventer. Cela passe par une restructuration et une logique de regroupement : une officine qui fonctionne devrait réaliser entre 2 et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, proposer entre 150 et 200 m² rien qu’en front-office. La disparition de certaines officines va en renforcer d’autres qui, elles, vont pouvoir s’agrandir. Avec ces pharmacies leaders pourrait se développer la notion de point de vente délégué : dépêcher un pharmacien ou un adjoint pour livrer la commune en lieu et place de l’ancienne pharmacie. Ça aurait du sens économiquement, ça ne serait pas très contraignant, alors pourquoi pas ?
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