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Rester femme
Un sourire, de l’écoute, le plein de conseils : c’est le cocktail gagnant de Martine. Une préparatrice présente dans les bons comme dans les mauvais moments de la vie des femmes.
Une femme qui vient d’accoucher et ne sait à quel sein se vouer ? Une femme voulant se reconstruire après un cancer du sein ? Pas de souci pour Martine, préparatrice dans le centre-ville de Houilles (78). Le slogan de sa pharmacie – « Une équipe formée pour des patients bien informés » – annonce d’ailleurs la couleur. Après un BEP carrières sanitaires et sociales en alternance et le passage du BP, en 2006, Martine a, comme ses collègues, suivi au fil des ans de solides formations pendant que la titulaire faisait agrandir l’officine, acquérait un robot ou développait un préparatoire. Après l’aromathérapie et l’homéopathie, cette jeune maman a opté, en plus des délivrances habituelles au comptoir et de la gestion de rayons, pour des formations sur l’allaitement et les prothèses mammaires externes.
Esprit sein
Aux femmes enceintes ou aux jeunes mères, elle distille de précieux conseils sur la grossesse, ses interactions avec les médicaments, l’allaitement, le sevrage, les laits, tire-lait ou autres biberons. « Cela peut être au comptoir ou lors d’ateliers sur l’allaitement. Nous y donnons des informations, de la documentation et présentons différents matériels, chaque femme restant bien sûr libre d’allaiter ou non. Ces moments permettent aussi de répondre aux questions et de lutter contre les idées reçues : l’allaitement ne fait pas tomber la poitrine, il n’est pas lié à un quelconque instinct maternel, etc. »
À celles, souvent plus âgées, confrontées à une mastectomie, elle propose un accompagnement pour mieux vivre leur quotidien de femme opérée. « Il y a une demande pour se reconstruire après un cancer du sein, après une intervention lourde. Autant de femmes que notre titulaire a décidé de suivre en nous faisant former », témoigne Martine. Ces femmes viennent en confiance, l’officine étant répertoriée dans les brochures des hôpitaux des alentours et sur les sites des laboratoires. Le bouche à oreille, l’affichage en vitrine, l’empathie et la discrétion jouent également un rôle important.
Après un premier contact, rendez-vous est pris pour un entretien spécifique et des essayages. Le local est accueillant, confortable avec ses miroirs, pour essayer prothèses et compléments mammaires, lingerie et maillots de bain. « Nous suivons des femmes sur plusieurs mois ou années. Certaines sont en récidive, d’autres sont au début de leur parcours, vont être opérées ou l’ont été il y a longtemps. L’une des pharmaciennes adjointes gère les laboratoires Anita et Amoena et fait une sélection dans leurs collections. Pour les prothèses, c’est en revanche du sur-mesure, dont je suis la commande jusqu’au bout ».
Le poids des mots
Lors de sa formation avec Pharmareflex, outre la nomenclature et l’application des prothèses, l’accent a été mis sur la psychologie. « Il faut s’adapter aux comportements et peser ses mots pour ne pas choquer. On ne dit par exemple jamais à une personne qu’elle a une belle cicatrice et on ne parle pas d’appareillage. On est plus dans le travail sur la silhouette, le côté esthétique, souligne Martine. Quand les femmes arrivent, elles sont souvent voûtées et elles repartent droites avec la lingerie sur elles ! »
Pour les coups durs, « notamment quand on a face à soi quelqu’un qui a un parcours de vie similaire ou le même âge », Martine se tourne vers ses collègues pour discuter et évacuer le trop-plein d’émotion. Des réunions et des débriefings, avec échange de supports de formation et de fiches conseils, assurent un degré de qualité maximal aux patientes qui viennent à la pharmacie. Et leur permettent de rester femmes.
Martine Floch
Âge : 35 ans.
Formation : BEP carrières sanitaires et sociales, BP de préparateur en pharmacie.
Lieu d’exercice : Houilles (78).
Ce qui la motive : le contact humain et l’évolution continuelle du métier.
Si vous étiez une titulaire ?
Je créerais une crèche d’entreprise pour mes salariés.
Si vous étiez une cliente ?
Je serais une cliente mystère, comme celle que les laboratoires nous envoient parfois à la pharmacie.
Si vous étiez un médicament ?
Je serais celui qui donne le sourire. C’est quelque chose que je fais plutôt bien… souvent à mon insu !
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