Relocalisation contre prix gelés sur le paracétamol : l’accord stratégique entre Upsa et l’État

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Relocalisation contre prix gelés sur le paracétamol : l’accord stratégique entre Upsa et l’État

Publié le 21 novembre 2024 | modifié le 22 novembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Selon une révélation du quotidien économique Les Échos, le laboratoire Upsa a conclu un accord avec l’État français pour produire des médicaments stratégiques sur son site d’Agen. En contrepartie, l’entreprise bénéficiera d’un gel de deux ans sur les prix de ses médicaments à base de paracétamol, Dafalgan et Efferalgan.

Les médicaments stratégiques concernés par l’accord signé entre l’État et Upsa ne sont pas encore officiellement connus. Le laboratoire doit choisir parmi une liste d’une trentaine de molécules, établie par l’État en octobre 2023 dans le cadre de sa lutte contre les pénuries de médicaments. Selon Les Échos, Upsa étudierait sérieusement la production de llamotrigine et de lpregabaline.

Un accord gagnant-gagnant

L’État poursuit ici un double objectif : relocaliser en France la production de médicaments stratégiques et prévenir la fuite de ses fleurons pharmaceutiques vers l’étranger. Une volonté politique de relocalisation industrielle portée par Emmanuel Macron depuis 2023. La vente d’Opella, filiale de Sanofi et fabricant de Doliprane, au fonds américain CD & R (cession actée le 21 octobre), a représenté un revers de taille pour la souveraineté sanitaire française. En contrepartie, Upsa obtient un gel de deux ans sur la baisse des prix de ses médicaments phares, Dafalgan et Efferalgan. Actuellement, la boîte de Dafalgan est vendue par le laboratoire 76 centimes d’euro hors taxe en France.

Un acteur historique au cœur de l’industrie française

Le laboratoire Upsa, fondé à Agen en 1935 et acquis en 2019 par le japonais Taisho Pharmaceutical, produit 320 millions de boîtes de paracétamol par an sur son site lot-et-garonnais, dont 45 % destinées au marché français. Si Doliprane domine largement les ventes avec, à lui seul, plus de 300 millions de boîtes écoulées en 2023 sur le territoire, Dafalgan conserve une place importante : 71,6 millions de boîtes la même année. Cet antalgique-antipyrétique est d’ailleurs le deuxième médicament le plus prescrit en France selon l’Assurance maladie.

Ce gel de prix accordé par l’État n’est pas une première pour Upsa. En 2021, un moratoire similaire avait été conclu, en échange d’investissements dans la relocalisation de la production du principe actif du paracétamol. Alors que ce premier gel arrive à son terme, l’accord actuel permet à Upsa de maintenir sa compétitivité tout en contribuant à l’effort national.

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Une diversification vers des marchés plus lucratifs

Face aux marges réduites sur les médicaments génériques, Upsa a élargi ses activités en investissant dans les compléments alimentaires, un marché en pleine expansion. En septembre 2023, le laboratoire a même racheté une entreprise spécialisée dans ce domaine, confirmant sa stratégie de diversification pour répondre aux enjeux économiques de l’industrie pharmaceutique.