Réforme de l’ALD : comment le gouvernement envisage de faire des économies

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Réforme de l’ALD : comment le gouvernement envisage de faire des économies

Publié le 4 mars 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Le 27 février 2024, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la santé et de la prévention indiquait la volonté du gouvernement de réfléchir à la « pertinence du système » des ALD. Des pistes de réformes sont actuellement à l’étude.

La prise en charge en ALD concerne aujourd’hui 13 millions de personnes soit 20 % de la population. Interrogé par le député RN Christophe Benz, Frédéric Valletoux déplorait ainsi quelques débordements. « La prise en charge en ALD représente les deux tiers des remboursements par l’Assurance maladie. Il n’est donc pas illégitime, illogique, comme cela a été fait régulièrement, d’interroger (…) la pertinence de ces dispositifs ».

1 000 euros de reste à charge par an pour les personnes en ALD

Cette future cure d’austérité inquiète déjà les associations de patients. « Les personnes en ALD sont précisément celles qui ont les restes à charge parmi les plus importants.», pointe Catherine Simonin, porte-parole de France Asso Santé et administratrice de la Ligue contre le cancer. Deux études, l’une menée par France Assos Santé sur les personnes en situation de handicap, l’autre par la Ligue contre le cancer objectivent plus de 1 000 euros de reste à charge par an pour ces patients. « Vouloir faire des économies depuis les bureaux feutrés du ministère est une chose, la réalité de terrain en est une autre. Les personnes en situation d’ALD figurent parmi les patients les plus précaires. Leur maladie a des conséquences sur tous les pans de leur vie : au niveau social, professionnel », fait remarquer Frédéric Paing, généraliste à Saint-Lô (Manche) et membre du Collectif Santé en Danger regroupant soignants, pharmaciens, hospitaliers et libéraux.

Des pistes encore imprécises

Si le sujet a été évoqué dans l’arène politique de l’Assemblée, les pistes envisagées semblent encore imprécises. Le ministre n’a pas spécifié de manière claire s’il préconisait une diminution du nombre de personnes en ALD, une réévaluation de la prise en charge ou encore une modulation du remboursement de certains frais de santé en fonction des revenus.

Pour réduire les dépenses de santé, l’exécutif compte beaucoup sur les négociations en cours avec les médecins libéraux. Il s’agirait notamment de faire passer une feuille de route visant à réduire les prescriptions de médicaments notamment les antibiotiques et les analgésiques mais aussi de limiter le nombre d’arrêts maladie.

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Une réforme qui interroge sur les dérives de financiarisation du système

À terme, beaucoup d’acteurs du soin s’interrogent sur une financiarisation du système de santé. « Nous risquons de nous diriger vers une santé à deux vitesses : avec des personnes en mesure de payer des complémentaires de santé très onéreuses et d’autres laissées au bord du chemin. La hausse des franchises de médicaments et les dépassements d’honoraires ont des coûts extrêmement lourds sur le long terme : des personnes sans accès aux soins aujourd’hui vont arrêter les dépistages, elles seront plus gravement atteintes et donc nécessiteront sur le long terme des soins plus onéreux. », conclut Catherine Simonin.