Rapport Polton et déremboursements : « ça suffit », disent l’UNPF et l’USPO.

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Rapport Polton et déremboursements : « ça suffit », disent l’UNPF et l’USPO.

Publié le 14 août 2015
Par Marjolaine Labertonière
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Pour Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF, parmi les axes présentés celui qui touchera le plus les pharmacies concerne la nouvelle vision de taux de remboursements ; le deuxième point important est la proposition de désengager le système de remboursement au plan national pour une prise en charge par régionalisation.

Un grand « coup de gueule » 

Il n’y va par quatre-chemins et déclare :« Depuis plusieurs années, la pharmacie française est confrontée à des plans d’économie drastiques. Je ne sais pas si Madame Polton réalise l’impact qu’auraient un taux de remboursement à 60 % et la suppression du remboursement à 15%, ce genre de discours est aberrant ». Il précise : « Ce n’est pas une solution de pénaliser les pharmaciens, les grossistes-répartiteurs, mais aussi les patients… Car quand on rentre dans les procédures qui devraient être mises en place, on s’aperçoit qu’il aurait des remboursements à taux variable en fonction de la pathologie, mais aussi en fonction de la tranche imposable par patient ; c’est un système profondément inégalitaire.».

Pour l’UNPF « trop, c’est trop » martèle Jean-Luc Fournival : « D’un cöté les baisse de prix, de l’autre les remises génériques qui vont certainement être retravaillées. Il faut savoir que trois pharmacies ferment en ce moment par semaine, un pharmacien vient de se suicider. Le courage politique consiste à dire, on arrête. »

Même son de cloche chez Gilles Bonnefond, président de l’USPO, qui se dit très surpris de l’orientation prise par Dominique Polton dont la mission de départ était de se pencher sur la réévaluation du SMR qui conditionne l’admission au remboursement.

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« Ce rapport se transforme en propositions de déremboursements des médicaments à 15 % et d’une partie de ceux à 30 %. Cette voie serait une catastrophe économique pour l’officine pour un piètre résultat pour l’assurance-maladie ; parmi ces médicaments se trouvent pas mal de médicaments peu chers qui ont une meilleure marge et sur lesquels l’honoraire à un euro aura un impact. » Pour lui, ces mesures représentent clairement un risque supplémentaire de pénaliser la rémunération du pharmacien.

D’autres pistes sont possibles

Des propositions pour réaliser des économies sans détruire le réseau officinal, ils en ont, d’accord pour changer les règles mais, sans qu’elles soient imposées. Des pistes qui n’ont pas été retenues par ce rapport.

Gilles Bonnefond estime que l’évaluation des médicaments par la HAS mérite un vrai débat, son rôle, ses moyens, etc. Le rapport devait comprendre un volet sur l’évaluation du médicament en vie réelle : « Nous, pharmaciens, étions prêts à aider les pouvoirs publics à avoir de façon complètement indépendante et autonome par rapport à l’industrie pharmaceutique, un suivi des nouveaux médicaments en vie réelle, en remontant toute une série d’informations. Une piste, source de meilleur usage qui ne ressort pas dans le rapport » .

L’UNPF de son côté, a remis le 14 juin un livre blanc consacré à la PDA (préparation des doses administrées) en Ehpad aux ministères de la Santé et de l’Économie, PDA par les pharmaciens qui pourrait générer des économies chez la personne âgée. Un deuxième livre blanc est en préparation pour le 23 septembre sur les nouvelles formes juridiques et économiques afin de perenniser le réseau.

En mot de la fin, Gilles Bonnefond et Jean-Luc Fournival souhaitent tous deux que ce rapport n’aboutissent pas et que Marisol Touraine, ministre de la Santé, d’en tienne à son intention de ne pas être la ministre des déremboursements.