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Ramer dans le même sens

Publié le 10 février 2024
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Que pensent les médecins de la mise en place des nouvelles missions et, plus globalement, de l’évolution du métier de pharmacien ? Martial Jardel, président et cofondateur de Médecins Solidaires, a livré plusieurs clés de compréhension lors d’un débat sur le premier recours et la prescription pharmaceutique animé par l’un des fidèles contributeurs au Moniteur des pharmacies, Matthieu Vandendriessche, lors du salon Les Rencontres de l’officine*. Ce généraliste à la trentaine enthousiaste explique d’un ton rieur et avec une provocation mesurée qu’il faut trouver « le bon équilibre entre un corporatisme malvenu et… un protectionnisme utile ». Pour lui, il y a symboliquement toujours eu une « porte étanche entre celui qui prescrit et celui qui délivre, entre celui qui touche, qui palpe et celui qui analyse la prescription. » Le pharmacien professionnel de santé devient un soignant, ce qui interroge ce jeune médecin. Jusqu’à se demander : « Mais pourquoi on ne fait pas plutôt rentrer les soignants dans les officines ? » Il convoque le passé ou plus exactement « la friction historique qui existe entre médecins et pharmaciens ». Deux professions dont il a la sensation « qu’elles ne rament pas dans le même sens. » Côté médecins, une arrivée dans le monde du travail avec « une envie de non prescription » tant la faculté a appris à « faire des ordonnances dans lesquelles il n’y a rien ». De l’autre la pharmacie avec « un bric-à-brac de produits pour soigner absolument tout ». L’éducation au minimalisme animée par la suspicion : « Plus le pharmacien vend de médicaments, mieux il vit. » Tout en reconnaissant que sur la vaccination, l’angine ou la cystite, il ne peut y avoir de divergence. Inspirez, expirez, vous pouvez souffler.

 

* Paris, 27 et 28 janvier 2024.

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