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© Un pharmacien devant ses tiroirs - Arnaud Finistre
Prescription « pharmaceutique » : les médecins disent non
Les députés ont adopté la semaine dernière en commission un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 qui prévoit une expérimentation pour trois ans dans deux régions, permettant aux pharmaciens de dispenser des médicaments à prescription médicale obligatoire… sans prescription.
Rappelons que le 20 septembre 2017, Carine Wolf-Thal avait évoqué lors de la Journée de l’Ordre national des pharmaciens, dont elle est la présidente, l’idée de lancer une catégorie de médicaments « de prescription pharmaceutique ». « Cela se pratique déjà en Suisse, au Canada ou aux Etats-Unis. Les pharmaciens peuvent disposer de manière responsable de médicaments dits de prescription pharmaceutique. Ils ont toutes les compétences pour cela », avait-elle déclaré.
Une compétence que les médecins ne semblent pas tout à fait prêts à partager. Le syndicat MG France s’oppose ainsi à cette disposition, fût-elle expérimentale.
« La prescription s’appuie sur les conclusions d’un acte médical incluant un interrogatoire, un examen clinique et la confrontation de ces données à l’ensemble de l’historique du patient », déclare ce syndicat dans un communiqué daté du 22 octobre.
Cette remise en cause complète des contours de métier n’est pas non plus du goût de Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux Français (CSMF). « Le médecin est celui qui a l’apanage du diagnostic médical et de la prescription du médicament (sauf médicaments en vente libre), le pharmacien celui qui analyse la prescription médicale et dispense le médicament. » Selon lui, bouger ainsi les frontières sous le prétexte de la coopération est de nature à engendrer la non-qualité des soins, des dysfonctionnements et des problèmes graves dans la prise en charge des patients (erreurs de diagnostic, retard dans l’instauration du bon traitement, etc.).
S’ils rejettent ce type d’expérimentations, ces deux syndicats se disent en revanche favorables à une meilleure coopération entre médecin et pharmacien dont le point de départ doit être l’élaboration conjointe de protocoles de soins en équipe.
Même « s’il faut entendre que la CSMF et MG France ont une base syndicale », Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) soutient cet amendement du PLFSS. « Cela fait des années que l’on travaille sur un conseil protocolisé, a-t-il exposé lors du 71e congrès national des pharmaciens qui s’est déroulé à Strasbourg (Bas-Rhin) les 20 et 21 octobre. La voie de l’exonération n’a pas été retenue, on est bien sur la voix de l’expérimentation. » Et d’insister : « Encore une fois, je comprends la vigilance des différents acteurs sur leurs champs de compétences, mais il ne faut pas que cette vigilance devienne un frein pour la prise en charge des patients. »
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