Prescription en DCI : les médecins pas motivés

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Prescription en DCI : les médecins pas motivés

Publié le 2 janvier 2015
Par Marjolaine Labertonière
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Depuis le 1er janvier 2015, les prescriptions doivent mentionner les principes actifs des médicaments.

Cette obligation ne suscite guère l’enthousiasme chez les médecins, surtout s’il s’agit d’écrire la DCI à la main. Le fait que tous les logiciels d’aide à la prescription (LAP) ne comportent pas encore cette option semble donc être un bon prétexte. D’autant que la mesure n’est assortie d’aucune sanction pour les prescripteurs.

La DCI peut être accompagnée de la dénomination de fantaisie ou de la marque.

Éric Henry, président du Syndicat de Médecins Libéraux, pointe ironiquement que le logiciel de la sécurité sociale, le fichier CCAM (Classification commune des actes médicaux) n’est pas non plus à jour : « si l’organisme réglementaire n’est pas aux normes, il semble excessif de demander aux médecins de l’être ».

MG France Languedoc Roussillon a demandé et obtenu en commission paritaire régionale le report de cette mesure, en attendant le développement des LAP.

L’UNOF-CSMF dit suivre la logique d’une prescription en DCI, facilitant la reconnaissance des médicaments, et attend aussi des logiciels totalement prêts.

Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France (FMF) admet : « la prescription en DCI fait certes partie de l’attirail pour réduire les dépenses médicamenteuses françaises qui dépassent de 10 milliards d’euros la moyenne européenne », mais remarque que « le gouvernement devrait encourager les patients à prendre le générique comme en Allemagne. Le patient qui refuse le princeps paye la différence mais est remboursé à 100 % s’il accepte le générique le moins cher. Les Allemands obtiennent un taux de générique de 68 % au lieu de nos 30 % ». Il regrette qu’en France « le choix a été de rembourser avec retard le patient au prix fort après avoir gâché la vie des médecins avec la mention non substituable manuscrite, et celle des pharmaciens en bloquant les remboursements s’ils ne pratiquent pas la mesure tiers payant contre générique ».

Éric Henry, un rien désabusé, estime que « le générique est presque un combat d’arrière garde pour l’Etat, comme pour nous » et se montre dubitatif aussi bien sur les économies réelles engendrées que sur la sécurité des génériques.

Enfin, Maître Pierre Desmarais, avocat au barreau de Paris, soulève un problème à la prescription exclusive en DCI, au moins dans certains cas : lorsque deux médicaments de même DCI ont des AMM couvrant des indications distinctes avec des règles de remboursement différentes. Il cite par exemple le cas de la doxycycline.









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