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Prescripteurs d’économies
Acclamé par des congressistes debout pour l’accueillir, Xavier Bertrand a fait des annonces importantes à Albi, mais compte plus que jamais sur la profession pour l’aider à maîtriser les dépenses.
Xavier Bertrand n’est pas venu en touriste à Albi. Dès l’entame de son discours, il a rappelé sa première préoccupation, qui doit être selon lui aussi celle des pharmaciens, à savoir assurer la pérennité du système d’assurance maladie. « Je sais la part qui a été la vôtre dans les premiers signes de la réussite de la réforme engagée avec Philippe Douste-Blazy […] mais je compte sur la poursuite de votre engagement », a-t-il déclaré. A court terme, il s’agit pour l’officine d’atteindre l’objectif de sept boîtes sur dix substituées dans le Répertoire des génériques mais aussi de contribuer à ce que « l’ensemble des traitements chroniques qui ne nécessitent pas de surveillance mensuelle soit dispensé, lorsque le traitement est stabilisé, en grands conditionnements ». Si plusieurs sont déjà sur le marché, les grands conditionnements de 14 autres médicaments viennent d’être inscrits au remboursement. Le léger brouhaha provoqué dans la salle lors de cette dernière annonce n’a pas fait mollir le ministre, pour qui les « problèmes de rangement et de marge » ne pèsent guère face à « la demande des malades qui perdure depuis plusieurs années » et surtout des 100 millions d’euros d’économies escomptés !
Cela va être dur pour l’officine pendant un an.
Si sur les gros conditionnements il ne devrait pas y avoir trop de « casse », selon Jean-Marc Yzerman, conseiller de la commission Economie de la FSPF, en revanche, il estime à 200 millions environ la perte de marge de l’officine à prévoir en 2006. Son calcul est simple : les probables 300 millions de croissance du marché du médicament remboursable ne suffiront pas à compenser le manque à gagner sur les génériques (300 millions) avec le plafonnement des marges arrière, les déremboursements et autres baisses de prix (200 millions). De plus, les sorties de la réserve hospitalière (estimées aujourd’hui par la FSPF à 3 % du CA mensuel de l’officine et environ 1 % de sa marge) ne concerneront pas tout le monde. Le syndicat va d’ailleurs mener une analyse de l’impact de ces sorties, qui pourrait devenir un élément important pour l’économie officinale.
« Cela va être dur pendant un an mais il fallait passer par là pour pérenniser le système, assure Jean-Marc Yzerman. Nous ne pouvons pas casser l’assurance maladie, nous devons de temps en temps pouvoir l’aider à freiner ses dépenses d’autant que seuls 14 % de notre chiffre d’affaires reposent sur les produits non prescrits. Notre métier, c’est d’abord de délivrer des prescriptions. Alors même si nous cherchons à élargir nos missions, nous ne devons pas sortir de ce rôle. Vouloir trop révolutionner nous mettrait en danger. » En écho, Jean-Pierre Lamothe, président de la commission Economie de la FSPF, souhaite « accroître le rôle du pharmacien comme prescripteur d’économies pour l’assurance maladie ».
Silence ministériel sur un taux de marge pour les dispositifs médicaux.
Pour soutenir les efforts des pharmaciens, le ministre a annoncé que l’Assurance maladie préparait une campagne de communication grand public sur les génériques. Xavier Bertrand promet aussi son soutien actif lors des prochaines vagues de déremboursement des médicaments à SMR insuffisant. « Je ne laisserai pas recommencer les mêmes erreurs commises par le passé », a-t-il affirmé, en pointant du doigt la terminologie désastreuse accolée à ces médicaments. « Il faut parler de priorités de prise en charge plutôt que d’insuffisance ou d’inefficacité. Pour cela, nous avons besoin de changer les textes réglementaires, j’y travaille. »
Le ministre souhaite aussi se pencher sur les prix, car il juge tout à fait anormal leur « explosion » sitôt leur déremboursement. Du coup, les clients « pensent que c’est la décision du pharmacien. Je travaille sur des propositions que j’aborderai avec vos instances dès le mois de juin ». Des discussions qui auront lieu dans le cadre plus vaste d’une réflexion globale sur l’automédication. « Mon objectif est de donner toute sa place à ce mode de prise en charge des troubles les plus courants. Je le ferai avec un niveau d’exigence de qualité de soins sur lequel je ne transigerai pas : cette autonomisation du patient ne peut se faire que dans le cadre de référentiels de bon usage accompagné par le conseil des professionnels que vous êtes. »
Le prix des dispositifs médicaux, poussant dans un certain nombre de cas les pharmaciens à la vente à perte, a aussi été évoqué. « Pas question de laisser perdurer ces anomalies, a assuré Xavier Bertrand. Le Comité économique des produits de santé est au travail et cela sera corrigé afin de ne pas mettre en péril la rémunération des pharmaciens. » En attendant, Pierre Leportier a demandé la mise en place d’« un taux de marge fixé réglementairement pour la distribution des dispositifs médicaux soumis à un prix limite de vente » – soit 44 % du chiffre d’affaires de l’ensemble de ce marché.
La Fédération a aussi réévoqué de nouvelles missions pour le pharmacien : la prescription pharmaceutique d’urgence (selon un périmètre préalablement défini et organisé avec la régulation médicale), le « renouvellement de nécessité » (qui correspond à ce qui se pratique déjà lors de l’avance d’un traitement à un malade chronique alors que son médecin ne peut le recevoir dans les délais), ainsi que des partenariats avec les médecins en matière de gestion des ALD et de respect des AMM. Si le ministre n’a pas commenté sur le vif ces propositions, il a dans son discours proposé aux pharmaciens d’améliorer immédiatement la qualité des soins en « sachant refuser certaines dispensations. C’est probablement là que doit s’exercer dans toute sa rigueur ce que l’on appelle l’opinion pharmaceutique ». Une allusion directe à la récente affaire d’intoxications par des extraits thyroïdiens.
A noter : Pénurie médicale et partages des compétences
« La pénurie croissante de l’offre médicale conduit à la délégation de tâches, mais notre position n’est pas revendicative sur ce dossier et notre objectif n’est pas d’usurper des compétences et de nous mettre en porte à faux avec les médecins », a précisé Yves Trouillet, président de l’APR. Même son de cloche chez le président de la FSPF, qui souligne ici la nécessité d’accords interprofessionnels, de référentiels et protocoles précis, sans oublier des accords avec l’Assurance maladie sur le remboursable et avec les complémentaires sur le non-remboursable. La difficulté : en délivrant les médicaments qu’il prescrit, le pharmacien sera juge et partie, ce qui pourra faire douter le législateur. La sagesse : commencer par les gardes et les renouvellements de nécessité (régularisation des avances).
Par ailleurs : Cancer
Les représentants de l’Institut national du cancer ont annoncé qu’un rendez-vous institutionnel a été pris avec l’Ordre. Déjà entamé : un travail avec le Cespharm sur certaines thématiques, notamment le tabac.
L’institut propose d’associer les officinaux aux politiques de prévention et de dépistage. La formation en ligne a été évoquée.
Des préparations centralisées d’anticancéreux (par secteurs) pourraient être réalisées par des officines disposant d’un équipement adéquat et de personnel formé.
Les autres annonces de Xavier Bertrand
– Dossier pharmaceutique dès 2007
Le ministre a demandé à ce que soit intégrée une interface entre le dossier pharmaceutique et le dossier médical personnel dès 2007. « Cette initiative permettra d’intégrer les données de délivrance de médicaments, y compris en automédication. »
– Convention pharmaceutique : bientôt applicable
Xavier Bertrand a annoncé avoir signé le 17 mai dernier l’arrêté d’approbation de la convention pharmaceutique nationale. Sa parution au Journal officiel est imminente, ouvrant notamment la voie à l’entrée en vigueur de l’indemnisation des astreintes. En revanche, le ministre est resté muet concernant la demande de revaloriser le tarif de garde de jour à 6 euros, à l’instar de celui de nuit.
– Formation continue obligatoire
Le décret sur la formation continue sera publié dans les jours qui viennent, parallèlement à celui des médecins et des chirurgiens-dentistes. Le financement par des industriels sera possible, à condition de respecter une charte de bonnes pratiques.
– Pharmacies minières
Le ministre a assuré que les pharmacies minières ne deviendraient pas à terme des pharmacies mutualistes…
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