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PLONGÉE EN EAUX TROUBLES
La politique du gouvernement qui vise à limiter les dépenses de santé a eu raison du chiffre d’affaires des pharmacies en 2012. Le tassement de l’activité est historique et difficile à occulter, même si l’évolution du CA est de moins enmoins un indicateur économique qui relate la rentabilité réelle de l’officine.
Après plusieurs années de stagnation (+ 0,2 % en 2011, – 0,3 % en 2010, + 0,8 % en 2009, 0 % en 2008…), l’activité des pharmacies est passée dans le rouge en 2012 (- 0,9 % en CA HT à 33,652 Md€ pour l’ensemble du réseau des officines, selon des données IMS Pharmastat). Une première pour la pharmacie d’officine depuis l’après-guerre ! Cette rupture inédite mais prévisible illustre la fragilité nouvelle du secteur. En effet, cette involution générale du CA est dans la lignée du phénomène d’essoufflement de l’activité enregistré ces cinq dernières années. Les répercussions de la crise sur le pouvoir d’achat, les vagues de déremboursements et plus encore de baisses de prix, l’érosion de la prescription laminent petit à petit les pharmacies. Selon leur typologie, elles affichent des disparités notables. La pharmacie « moyenne » n’existe plus en France ! « Il y a des pharmacies qui tirent leur épingle du jeu grâce à leur taille et leur volume d’activité, et beaucoup d’autres qui régressent à tout point de vue », explique Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
PLUS D’UNE PHARMACIE SUR DEUX DANS LE ROUGE
Les résultats de l’enquête économique de la FSPF, réalisée sur 983 bilans clôturés en 2012, témoignent de disparités très préoccupantes entre les officines, au-delà de la seule baisse de CA qui ressort pour l’officine moyenne (1,547 M€) à – 1,73 %. L’an dernier, le ratio du CA a été mauvais pour 56 % des pharmacies, et seules 44 % enregistrent une évolution positive de leur activité. Mais la moyenne est inégalement répartie : 23,1 % des pharmacies ont eu en 2012 une baisse de chiffre d’affaires inférieure à 4 %, 14,4 % ont progressé entre 0 et 2 %, et 8,2 % ont progressé de plus de 8 %.
L’effet de taille est toujours de mise : plus le CA de l’officine est important, plus l’évolution de celui-ci est favorable. Il en va de même pour les pharmacies de centre commercial.
Selon Fiducial, les officines rurales et de centre-ville sont les plus touchées par la récession. En campagne, seules 35,9 % des officines ont vu leur activité progresser par rapport à 2011. C’est le signe que la désertification médicale gagne du terrain.
La situation est tout aussi critique pour les petites pharmacies de centre-ville dans l’incapacité, de par leur taille, à résister à la montée des enseignes « low cost » et au surnombre, particulièrement lorsqu’elles sont situées en plein centre des grandes agglomérations.
DES PRÉVISIONS 2013 à – 2,7 %
Sur 2012, la baisse n’est pas au rendez-vous à tous les rayons. Concernant le médicament remboursable, « la baisse de chiffre d’affaires de 2,5 % est la plus forte enregistrée », signale Philippe Besset. Et sur les huit premiers mois de l’année 2013, la baisse ne fléchit pas vraiment (– 2,2 % en cumul fixe et – 2,7 % en cumul mobile sur 12 mois à fin août).
Le médicament non remboursable, qui pèse 7 % de l’activité officinale, a heureusement réalisé un score prometteur en 2012 (+ 6,9 % en valeur) après trois années de baisse ininterrompue. Mais cette embellie a été de courte durée (– 0,4 % en cumul fixe à fin août 2013). Les seuls motifs de satisfaction viennent des ventes de dispositifs médicaux qui semblent s’accélérer sur 2013 (+ 4,3 % en 2012 et + 5,2 % en année glissante à fin août 2013) et du dynamisme du secteur de la parapharmacie (+ 4,3 % en 2012, + 3,2 % sur les huit premiers mois de cette année). Mais, en totalisant seulement 13 % du CA officinal, ces deux segments peuvent difficilement compenser les pertes sur le médicament remboursable.
Il ne semble faire aucun doute pour Philippe Besset que l’évolution du CA des médicaments remboursables sera similaire à celle de 2012. « Selon nos extrapolations, nous devrions finir l’année 2013 avec une baisse de 2,7 % », prévoit-il. n
Lexique
• Année glissante : période d’un an se terminant à la dernière mesure ou valeur connue.
• Cumul mobile annuel : total, en quantités ou en valeurs, des réalisations des douze derniers mois, porté sur un tableau statistique à la fin de chaque mois. Cette méthode de chiffrage permet, à partir de la seconde période annuelle, de neutraliser les influences saisonnières et de déterminer la tendance relative des mouvements enregistrés.
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