PLFSS : la motion de censure est vouée à l’échec

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PLFSS : la motion de censure est vouée à l’échec

Publié le 5 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Après le recours à l'article 49.3 pour faire adopter sans vote les budgets de l’État et de la Sécurité sociale, le Premier ministre François Bayrou affronte ce mercredi deux motions de censure. Sans l'appui des socialistes et probablement du Rassemblement national, ces initiatives parlementaires sont d’ores et déjà condamnées à l’échec.

Dès 15 h 30, l’Assemblée nationale examinera une première motion déposée par La France insoumise (LFI) contre le recours au 49.3 pour le projet de budget de l’État 2 025. L’exécutif vise un retour du déficit public à 5,4 % du PIB, en s’appuyant sur des contributions exceptionnelles des ménages les plus aisés et des grandes entreprises, ainsi que des coupes dans certains ministères.

Face à cela, François Bayrou défendra un budget présenté comme un « signal de responsabilité » pour l’économie française. Mais pour Aurélie Trouvé (LFI), il s’agit d’un « budget catastrophe », justifiant la motion de censure.

Si les écologistes et communistes sont attendus en soutien, l’absence des voix socialistes rend la censure impossible. Engagé dans des négociations avec le gouvernement, le PS a déjà indiqué qu’il ne la voterait pas au nom de « l’intérêt général ».

Le Rassemblement national, bien que critique du budget, reste évasif. Mais Jordan Bardella a clairement exclu toute censure susceptible de provoquer une crise économique plus grave. Le rejet attendu de cette motion signera donc l’adoption du budget par l’Assemblée, avant un passage sans surprise au Sénat.

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Un marathon parlementaire à l’issue prévisible

Dans l’après-midi, une seconde motion sera examinée, cette fois contre le budget de la Sécurité sociale, adopté également par 49.3. Sans le soutien du PS et probablement du RN, elle connaîtra le même sort. François Bayrou devrait ensuite activer de nouveaux 49.3 en fin de semaine, poursuivant ainsi la stratégie qui avait coûté son poste à Michel Barnier. Avec quatre censures à éviter, voire cinq si les socialistes déposent une motion sur « les valeurs républicaines » en réaction aux propos du Premier ministre sur l’immigration, la majorité garde cependant la main.

Une opposition en quête de cohérence

Pour LFI, la non-censure des socialistes signifiera un « soutien » indirect à l’exécutif. « C’est l’heure de vérité, il y aura des conséquences », prévient Manuel Bompard, alors qu’écologistes et communistes peinent à se positionner clairement.

Le RN, de son côté, manœuvre pour entretenir le doute sans pour autant franchir le pas d’une censure qui risquerait de déstabiliser l’économie.

Pour le Premier ministre, le principal défi demeure la suite du calendrier parlementaire. Dès jeudi, la droite présentera une proposition de loi sur le droit du sol à Mayotte, susceptible d’attiser de nouvelles tensions. Mais pour l’heure, Bayrou se concentre sur son cap : « la réforme de l’État », qu’il entend lancer sitôt le budget adopté.