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Philippe Douste-Blazy vous répond

Publié le 19 mars 2005
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Génériques, répartition démogéographique, regroupements, qualité, rémunération, SEL, Cyclamed… Philippe Douste-Blazy, ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, répond aux lecteurs du « Moniteur ».

A la fin de l’année dernière, Le Moniteur des pharmacies invitait ses lecteurs à émettre leurs voeux pour la profession officinale. Promesse avait été donnée de les transmettre à Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, qui s’était engagé à y répondre. C’est aujourd’hui chose faite. Merci à lui.

« Nous nous servirons des TFR avec précaution et discernement »

« Je souhaitais répondre à tous ces témoignages de pharmaciens que Le Moniteur des pharmacies m’a fait parvenir en ce début d’année. Je tiens tout d’abord à leur dire combien je les salue et les encourage dans leur rôle de conseil et de substitution en faveur des médicaments génériques. Comme vous le savez, nous avons prévu dans la réforme de l’assurance maladie, que j’ai engagée avec Xavier Bertrand, de réaliser 2,3 milliards d’euros d’économie sur les produits de santé. Avec près d’un milliard d’euros d’économie, le développement du générique représente près de la moitié de cet objectif. Nous savons que nous pourrons compter sur votre profession pour prodiguer conseils et pédagogie auprès des Français, et appliquer la substitution.

Les enquêtes d’opinion nous montrent que seule une minorité de Français y reste opposée. Nous savons également que vous continuerez à expliquer sans relâche que le générique est le même médicament, avec les mêmes propriétés, que le princeps. Le taux de marge a été adapté afin de reconnaître et rémunérer vos efforts. Ils doivent s’accompagner d’un taux de substitution ambitieux et continuellement croissant. C’est pourquoi nous nous servirons des TFR avec précaution et discernement dès lors qu’il n’y a plus d’autre voie. Car le générique doit être suffisamment développé pour atteindre l’objectif d’économies prévue par la réforme. »

« Attention à la coexistence des contrats de coopération commerciale avantageux avec un niveau de marge bonifié ! »

« J’appelle votre attention sur le niveau des contrats de coopération commerciale (appelés parfois « marges arrière ») qui ont cette année atteint des niveaux très importants, évalués à près de 300 millions d’euros. C’est justement le montant des économies engendrées par le développement du générique. Si on ajoute à cela les remises légales et le taux de marge bonifié pour le générique au niveau du princeps, c’est encore 150 millions qu’il faut ajouter pour la rémunération des pharmaciens. Si ces pratiques sont utiles à la pénétration du générique, il ne faudrait pas qu’elles atteignent des niveaux disproportionnés, sans quoi elles se retourneraient contre l’objectif de développement du générique qu’elles sont censées promouvoir. C’est pourquoi je compte bientôt proposer un nouveau mécanisme qui en limiterait l’ampleur. »

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« Les médecins de nouveau incités à prescrire des génériques »

« Les médecins, quant à eux, ont de nouveau été incités à prescrire des génériques. Nous avons de plus chargé la Haute Autorité de santé de certifier des logiciels d’aide à la prescription afin d’aider les médecins à prescrire en dénomination commune, et ce sans risque supplémentaire d’interaction médicamenteuse. Enfin, la Haute Autorité de santé devra certifier les réseaux de visites médicales afin qu’ils se trouvent en conformité avec la Charte de la visite médicale, signée le 22 décembre dernier. Le respect de cette charte permettra de moins déployer la visite médicale sur les produits de contournement et davantage sur les vraies innovations thérapeutiques. »

« Les officines rurales font vivre la France des proximités »

« Je souhaite aussi répondre à ceux d’entre vous qui ont émis le souhait de vivre dignement du travail qu’ils fournissent seuls ou dans des officines de petites tailles. En milieu rural, elles jouent, je le sais, un rôle considérable pour garantir la proximité de l’accès aux soins, notamment pour les plus vulnérables comme les personnes seules, âgées et peu mobiles. Ces officines font vivre la France des proximités et tissent le lien social qui me tient tant à coeur pour les services de santé et que je sais essentiel pour les Français. C’est pourquoi je veille, tout comme vos instances représentatives, à ce que la loi de répartition soit au mieux respectée. Nous devons garantir le meilleur approvisionnement à une population résidente, pour toute décision de transfert ou de création, dans le respect de la loi de répartition de 1999. Grâce au respect de cette loi, il n’y a pas, aujourd’hui, de désert sanitaire pharmaceutique. C’est un succès. Dans cet objectif, une circulaire de mon ministère a rappelé notamment ses règles et conditions d’application. »

« C’est en région parisienne que le revenu des titulaires est le plus modeste »

« L’étude de la DREES et de l’INSEE sur les revenus de votre profession montre que c’est en région parisienne que le revenu moyen des titulaires est le plus modeste, et dans les unités urbaines peu peuplées qu’il est le plus élevé. J’ai donc mis en place un groupe de travail sur les regroupements d’officines, problème très aigu dans les grandes villes, pour celles et ceux d’entre vous qui souhaitent demain prendre une retraite et s’inquiètent des conditions de la revente de leur officine. »

« Renforcer les liens entre les pharmaciens hospitaliers et d’officine »

« Je souhaite que les conventions pour la dispensation des anticancéreux injectables, couplées à la sortie de la réserve hospitalière de certains produits de santé, soient l’occasion de renforcer des liens entre les pharmaciens hospitaliers et les pharmaciens d’officine. Il faut que des actions de formation médicale continue permettent d’accompagner ce formidable pari du maintien à domicile de certains patients qui relevaient, il y a peu de temps encore, de l’hospitalisation systématique. »

« Favoriser la continuité de traitement chez les patients chroniques »

« Pour les patients atteints de maladies chroniques, je souhaite attirer votre attention sur une de vos responsabilités concernant la substitution de génériques. Il est indispensable de favoriser la continuité de traitement chez ces patients, passer à un médicament générique peut être déstabilisant si ce dernier change tous les mois de forme, de couleur au gré des différents contrats que vous pouvez passer avec tel ou tel fabricant. Pour ces produits, il est indispensable de rester fidèle à une forme qui ne déstabilise pas le patient dans l’observance de son traitement. »

« Enregistrer informatiquement les mouvements des stupéfiants »

« […] Un projet de décret modifiant la réglementation des substances vénéneuses et notamment celle des stupéfiants est en cours d’achèvement et devrait pouvoir être publié avant l’été. Ce décret répond à une attente des pharmaciens notamment sur un allégement de leurs obligations en matière d’enregistrement des médicaments et de conservation de documents relatifs aux stupéfiants. Les principales mesures sont la suppression de l’obligation pour le pharmacien d’officine de commander les médicaments stupéfiants par le biais du carnet de commandes à souche et la possibilité d’enregistrer informatiquement les mouvements des médicaments stupéfiants. Par ailleurs, afin de faciliter la délivrance de ces médicaments, le patient, qui aujourd’hui n’a que 24 heures pour présenter son ordonnance, disposera désormais de trois jours. »

« Aider une vraie accession à la propriété pour les jeunes diplômés »

« Je connais les difficultés actuelles des jeunes pharmaciens qui souhaiteraient pouvoir un jour devenir titulaires. Pour de jeunes diplômés, la perspective de rester adjoints à vie n’est sans doute pas d’une attractivité suffisante. C’est pourquoi j’attacherai une attention particulière à aider tous les projets de société d’exercice libéral qui permettraient une vraie accession à la propriété de futures officines pour les jeunes diplômés. Je sais que votre profession développe des efforts considérables pour réfléchir à de nouveaux modèles, je saurai y répondre favorablement dès que ces projets seront un premier pas vers l’accession d’une officine pour les jeunes diplômés. »

« Un décret qui rend obligatoire la formation continue des préparateurs »

« Le nombre de préparateurs en pharmacie est aujourd’hui estimé à 35 000 dont 5 000 préparateurs « assimilés cadres ». Aujourd’hui leur mission est indispensable car, rappelons-le, « le préparateur est le seul autorisé à seconder le titulaire de l’officine et les pharmaciens qui l’assistent dans la préparation et la délivrance des médicaments au public ». Si l’activité de préparation peut varier d’une officine à l’autre, son développement sera notamment lié à la prise en charge des soins au sein de réseaux de santé ou dans le cadre du maintien à domicile. Dans ce double rôle, préparation et dispensation, les préparateurs interviennent de façon déterminante pour garantir la qualité de l’exercice pharmaceutique et la sécurité sanitaire. En 2005, mes services poursuivront la démarche de réflexion sur le diplôme, pour tenir compte des évolutions scientifiques. L’année 2005 sera également consacrée à l’élaboration du décret qui rend obligatoire la formation continue des préparateurs en pharmacie. Cette rédaction fera l’objet d’une concertation étroite avec les professionnels concernés, par l’intermédiaire de leurs organisations représentatives. »

« Il en va de la dignité de votre profession »

Un rapport très sévère concernant Cyclamed m’a été remis par l’IGAS au mois de janvier dernier. Il nous faut aujourd’hui profondément réformer ce système, son mode de collecte, de financement, sa construction. Il en va de la dignité de votre profession et de la filière entière du médicament. Toutefois, des besoins restent à satisfaire sur le plan de la sécurité sanitaire de l’élimination des déchets issus des médicaments. C’est vers la satisfaction de ce besoin qu’il faut aujourd’hui faire évoluer ce dispositif, en utilisant et valorisant le circuit spécifique d’élimination des déchets issus de médicaments. Mes services ainsi que ceux du ministre de l’Ecologie et du Développement durable seront chargés de la transformation de ce dispositif. »