Pénuries, sécurité… Ces sujets qui préoccupent le plus les pharmaciens

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Pénuries, sécurité… Ces sujets qui préoccupent le plus les pharmaciens

Publié le 23 juillet 2024
Par Christelle Pangrazzi
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L’Ordre des pharmaciens a publié son rapport d’activité 2023, mettant en lumière les avancées réalisées sur les sujets préoccupants pour les pharmaciens. État des lieux.

De nombreux enjeux ont mobilisé l’Ordre cette dernière année. Comme le souligne Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre, l’instance s’est concentrée sur les questions réglementaires facilitant l’accès aux soins, notamment le renouvellement des traitements chroniques pour une durée maximale de trois mois et les prescriptions d’antibiotiques par les pharmaciens après un test. Néanmoins, l’Ordre a principalement focalisé ses efforts sur trois problématiques complexes : les pénuries de médicaments, la sécurité des professionnels de santé, et l’attractivité du métier.

Les pénuries de médicaments

Pour lutter contre les pénuries de médicaments, l’Ordre a été impliqué dans plusieurs actions notables :

  • Les 36 propositions concrètes du Sénat : ces propositions visent à limiter les ruptures de médicaments. Parmi elles, la publication de la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), l’obligation d’inscription au DP-Ruptures pour améliorer le partage d’informations, et la mise en place de solutions alternatives de production par les industriels.
  • Signature d’une charte d’engagement : en collaboration avec l’ANSM, l’Ordre a signé une charte visant à promouvoir une meilleure coopération entre les acteurs de la chaîne du médicament. La charte propose neuf engagements pour un accès équitable aux médicaments en tension d’approvisionnement et a été complétée par une feuille de route ministérielle lancée début 2024.
Assurer la sécurité des pharmaciens

Face à l’augmentation des agressions de pharmaciens en 2023, l’Ordre a pris plusieurs mesures :

  • Collaboration avec la gendarmerie nationale : une fiche de conseils a été élaborée pour prévenir les vols et les agressions, et des référents sécurité sont disponibles pour accompagner les victimes.
  • Constitution de partie civile : l’Ordre peut se constituer partie civile aux côtés des pharmaciens victimes de violences en raison de leur profession. En 2023, le CNOP s’est rapproché des parquets pour 78 cas identifiés.
  • Plan ministériel de sécurité : présenté en septembre, ce plan inclut une campagne de sensibilisation relayée par l’Ordre et propose des actions axées sur la sensibilisation du public, la formation des soignants, la prévention des violences, et l’accompagnement des victimes.
L’attractivité du métier

Pour comprendre les motivations des jeunes en matière d’orientation, la section A de l’Ordre a exploité une étude réalisée par des étudiants de l’Essec. L’étude révèle une faible connaissance des différents métiers de la pharmacie chez les jeunes et identifie les réseaux sociaux privilégiés selon les tranches d’âge : YouTube pour les collégiens et lycéens, et Facebook pour les étudiants. L’étude recommande également d’investir TikTok et d’être plus actif sur Instagram. Par ailleurs, en appui de la campagne métiers de l’Ordre, la section A a mis en avant les valeurs de la profession, axées sur le bien-être et la santé des populations.

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Et en 2024 ?

L’Ordre cherche à renforcer les positions sur de nombreux autres sujets

  • Renforcer le déploiement des nouvelles missions : l’Ordre cherche à conforter la réalisation des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) pour les angines, ainsi que le déploiement des protocoles de prise en charge des cystites. Plus largement, il s’agit de promouvoir l’ensemble des actes qui contribueront à positionner le pharmacien en tant qu’expert du médicament, responsable du suivi et de l’adaptation des traitements délivrés aux patients.
  • Assurer la réussite du virage numérique : les enjeux du numérique, notamment la e-prescription, nécessitent que les officines progressent en matière de qualité et de sécurité de leurs pratiques. Ces technologies doivent non seulement aider à mieux gérer les difficultés d’approvisionnement, mais aussi garantir la sécurité des données des patients. La section A s’engage à promouvoir une culture partagée et à généraliser les bonnes pratiques en cybersécurité.
  • Soutenir le réseau des pharmacies rurales : selon l’Ordre, il est crucial d’intensifier les échanges avec les acteurs locaux (élus, professionnels de santé, associations) pour mieux soutenir les pharmacies isolées dans des zones à faible densité de population et de services publics. L’objectif est de faciliter l’intégration de ces officines dans des projets collectifs et coordonnés de prise en charge des patients, afin de renforcer le tissu des officines rurales.