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Pénuries de médicaments : les effets de la charte dès décembre ?
Le nombre de ruptures d’approvisionnement ne cesse d’augmenter, ainsi que les ventes directes aux pharmaciens. La Chambre syndicale de la répartition (CSRP) explique pourquoi il faut encore attendre les effets concrets de la charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament.
« 37 % des Français déclarent avoir été confrontés à des pénuries de médicaments et l’ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, NdlR] a reçu en 2022, 3 761 signalements de ruptures et risques de ruptures de stock en 2022. Surtout, le contexte est inédit parce que ces tensions d’approvisionnement touchent des médicaments d’usage courant alors qu’auparavant elles touchaient plutôt des médicaments à usage spécifique », a expliqué Laurent Bendavid, président de la CSRP, le 7 décembre 2023 lors du lancement de l’Observatoire de la disponibilité du médicament. Pour les grossistes-répartiteurs, trois grandes causes macroéconomiques expliquent cette situation : le déclin de la production française de médicaments, une baisse des défenses immunitaires en raison du Covid-19 et une triple épidémie de virus respiratoires à l’hiver 2022.
Perturbations dans la distribution
« Ces problèmes de disponibilité de médicaments ne sont pas simples à gérer, puisque les causes de ruptures sont multiples. Notre industrie joue un rôle d’amortisseur lors de difficultés d’approvisionnement ; néanmoins face à leur montée, on se rend compte qu’un certain nombre de perturbations dans le canal de distribution sont apparues, en particulier un transfert de volume vers une distribution directe », a détaillé Laurent Bendavid. De fait, en 2023, 62,8 % des boites d’amoxicilline 1 gramme en comprimé dispersible sont vendues par la répartition pharmaceutique, contre 76,6 % en 2022. Autre exemple : les ventes directes de corticoïdes oraux ont augmenté de + 132 % et celles des grossistes ont diminué de – 20 %. Pour les médicaments à base d’amoxicilline, la croissance des ventes directes est de + 57 % et la baisse des ventes de la répartition atteint – 18 %. Un phénomène qui joue en défaveur d’une distribution « universelle » pour reprendre le terme du président de la CSRP et notamment de l’accès aux médicaments pour les « pharmacies de territoires éloignées, ou moins bien servies ou les pharmacies de moyenne ou de petite taille ». Ce qui conduit à une situation où « des officines ont des niveaux de stock très élevés et un certain nombre des niveaux bas ou voire nuls », a commenté Laurent Bendavid.
Une latence
D’où l’intérêt de la charte d’engagement des acteurs du médicament pour un accès équitable des patients aux médicaments, signée par les représentants des pharmaciens, le Gemme (Générique même médicament), le Leem (Les entreprises du médicament) et la CSRP. L’un des 9 engagements concerne les industriels et vise à « prioriser les flux de distribution des industriels au profit des grossistes-répartiteurs pour une répartition équitable aux pharmacies du territoire national des stocks disponibles ». Par ailleurs, l’ANSM a également envoyé un courrier aux industriels le 14 octobre pour leur demander de limiter à 20 % les ventes directes d’amoxicilline. Pour autant, le 1er décembre, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) ne constatait pas de réels changements dans l’approvisionnement des officines.
« On va voir si les paroles se sont transformées en actes, a souligné Laurent Bendavid. Dans le monde de la logistique, il y a toujours une latence : à partir du moment où on retransfère le flux d’un canal à un autre, parce que les commandes ont déjà été programmées, les stocks ont été légèrement réorientés… On s’attend à avoir réellement une mise en place totale durant le mois de décembre. »
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