Pénurie de médicaments : se dirige-t-on vers un hiver noir ?

« Ce n’est toujours pas bon », tranche d’emblée Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Pour certains médicaments comme le paracétamol, ça s’arrange un peu, poursuit le patron de l’USPO. Mais nous manquons toujours d’amoxicilline, d’antidiabétiques comme l’ozempic, de certains anticancéreux aussi. » Pour sa part, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dit manquer « fréquemment des médicaments du diabète. J’ai aussi un problème avec le méthylphénidate. Mais cela varie beaucoup d’une pharmacie à l’autre. Ce qui est alarmant, c’est que le nombre de médicaments en rupture signalé par l’ANSM reste très important. »

Beaucoup d’énergie pour le pharmacien, des pertes de chance pour le patient

La situation est d’autant plus pénible qu’elle semble partie pour durer. « Nous en pâtissons chaque jour. Nous perdons du temps, de l’argent, et c’est une très regrettable perte de chance pour nos patients », s’agace Pierre-Olivier Variot.

Le syndicaliste accueille d’un bon œil l’amende record infligée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à 11 laboratoires qui contreviennent régulièrement à leurs obligations en matière de stocks de médicaments. « S’ils n’approvisionnent pas correctement les pharmacies, il est normal qu’ils soient sanctionnés. Les laboratoires doivent prendre conscience de leur impact négatif sur la santé des patients. Ils doivent s’engager à remplir pleinement leur rôle. » Philippe Besset, lui, s’interroge : « Pourquoi ces laboratoires ont enfreint les règles alors qu’ils savaient qu’ils allaient être contrôlés ? Ils doivent nous fournir des explications quant à ce non-respect des stocks. »

L’ANSM rassurante

Aussi importante soit-elle, la sanction du gendarme du médicament ne suffira pas à enrayer les pénuries de traitements. Pour cet hiver, cependant, l’Ansm se veut rassurante : « Les stocks sont constitués. On a un plan hivernal qui a été créé l’an dernier, et qu’on lancera à nouveau cette année pour prévenir les pénuries sur les médicaments qui traitent les pathologies hivernales », a assuré Alexandre de la Volpilière, directeur général par intérim de l’agence, au micro de France Info.

Y aura-t-il un plan blanc cet hiver ?

« Les contacts ont repris la semaine dernière avec l’ANSM au sujet du plan hivernal, explique Pierre-Olivier Variot. Pour ce qui est du problème global des ruptures de médicaments, c’est avec les nouveaux ministres que nous allons essayer de voir ça, en revenant sur le plan anti-pénuries lancé par leurs prédécesseurs, et en particulier le plan blanc du médicament. » Activable en cas de situation exceptionnelle, « le plan blanc du médicament est l’une des armes dont dispose l’agence du médicament pour faire face à une rupture majeure. Ce dispositif n’a, pour l’instant, jamais été actionné », précise Philippe Besset.