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Pas de thérapies sans social

Publié le 16 novembre 2002
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Que pensent les Français du médicament ? Quel jugement portent-ils sur notre système de santé ? Pour le savoir, le mensuel « Pharmaceutiques » a lancé une enquête d’opinion *, publiée jeudi. Analyse.

Quel est le moyen le plus efficace pour maîtriser les dépenses de santé ?Pour les Français, le recours aux génériques et le bon usage des médicaments sont les moyens les plus efficaces pour maîtriser les dépenses.

Une fois n’est pas coutume. Vos clients donnent leur avis sur les progrès thérapeutiques et se prononcent même sur la maîtrise des dépenses. L’enquête menée pour le journal Pharmaceutiques – qui fête ses dix ans – donne la parole à huit cents patients. Et, contre toute attente, les Français attribuent l’amélioration de leur état de santé autant à la recherche scientifique… qu’à la création de la CMU. Comme quoi, les révolutions thérapeutiques ont autant d’impact sur le grand public que les avancées sociales.

Les personnes interrogées attribuent également un bon point à la médiatisation de la santé et au développement des campagnes de prévention. Encourageant pour les pouvoirs publics, non ? A noter que la création de la carte Vitale fait partie des dix premières mesures jugées responsables de la bonne santé des Français.

Prime aux antalgiques. Du côté des avancées thérapeutiques, on ne s’étonne pas de la prime qui revient aux traitements antidouleurs. Lorsqu’on demande au grand public de citer spontanément dix noms de produits, ils arrivent en première position (Doliprane, Efferalgan et Aspirine). Au quatrième rang des progrès thérapeutiques (selon les patients) se place la pilule du lendemain, devant les traitements de la ménopause et le vaccin contre la méningite (actualité oblige). Les traitements contre l’impuissance obtiennent une note supérieure à ceux contre la maladie d’Alzheimer ou le sevrage tabagique. Sans commentaires.

Que demandent les malades pour les années à venir ? Des progrès dans la lutte contre le cancer, le sida et les maladies cardiovasculaires. ça tombe bien ! En effet, ces pathologies, avec la maladie d’Alzheimer, font partie des préoccupations majeures des industriels interrogés parallèlement.

Dans le contexte actuel de course effrénée vers une éternelle jeunesse, seuls 18 % des Français plaident pour l’augmentation de l’espérance de vie. La perte d’autonomie fait-elle peur ? Une chose est sûre, les patients misent leurs espoirs sur le traitement des pathologies lourdes plutôt que sur l’avènement de la pilule de jouvence.

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Responsables. Quant à la maîtrise des dépenses, quelles solutions plébiscitent-ils ? Ils reconnaissent qu’un usage raisonné du médicament et le développement des génériques, ont un effet incontestable sur la limitation des coûts. Encore faut-il qu’ils « passent à l’acte »… Cependant, nous sommes peut-être entrés dans l’ère de la responsabilisation accrue des patients. Un sur deux cite cette mesure parmi les trois plus efficaces pour combler le trou de la Sécu. Mais il ne sont que 15 % à la revendiquer comme essentielle, contre 45 % des médecins interrogés sur le même sujet. Il faut au passage reconnaître que chacun défend sa chapelle dès que l’on aborde le problème épineux des dépenses. Exemple probant : si 22 % des patients se prononcent en faveur du développement des génériques, seuls 6 % des médecins (et des industriels) accordent à la substitution un rôle incontournable. Et le développement de l’OTC ? La médication familiale n’est pas perçue comme un moyen efficace pour freiner les dépenses. Ni par les patients, ni par les industriels (4 % des suffrages en première intention), et encore moins les médecins. A méditer, à l’heure où plane la menace des déremboursements.

Mattéi veut revoir la distribution du médicament

A l’occasion de ses dix ans, Pharmaceutiques a également interrogé Jean-François Mattéi. A noter son commentaire sur la distribution du médicament : « Nous n’échapperons pas à une réflexion sur la dispensation des médicaments. Le dispositif actuel, vieux d’un demi-siècle, est-il toujours le mieux adapté à nos besoins ? Toute réflexion devra s’axer sur trois principes : la disponibilité des médicaments sur l’ensemble du territoire, la dispensation par un professionnel pour garantir l’analyse de l’ordonnance et le conseil, ce qui est l’essence même du rôle du pharmacien, et enfin l’efficience économique. Nous devons, avec les pharmaciens, dessiner la pharmacie de demain. »