Paracétamol et AINS retirés du libre accès : la profession partagée

© paracétamol, AINS, libre accès, OTC, automédication, médication familiale, FSPF, USPO, Afipa, ANSM - DR

Socioprofessionnel Réservé aux abonnés

Paracétamol et AINS retirés du libre accès : la profession partagée

Publié le 3 octobre 2019
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

L’achat en libre accès dans les pharmacies de spécialités à base de paracétamol et celles contenant certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et aspirine) pourrait bientôt ne plus être autorisé. C’est en tout cas ce que souhaite l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans son point d’information de ce jeudi 3 octobre (voir notre actualité ici). Une proposition approuvée par les deux syndicats pharmaceutiques. « Ce projet va dans le sens de notre engagement contre la banalisation du médicament », se félicite Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Même réaction de satisfaction de Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ce jeudi matin sur Europe 1, qui voit dans ce projet l’application d’un principe de précaution. « Ne pas mettre en accès direct en pharmacie ces médicaments est un bon signal car leur consommation doit s’inscrire dans le cadre d’un parcours de soin, après des conseils de médecins ou de pharmaciens », appuie-t-il. Et pour que cette mesure puisse prendre tout son sens, le président de l’USPO estime que ce « come-back » derrière  les comptoirs doit s’accompagner d’une interdiction en parallèle de vente de ces médicaments sur Internet.

L’AFIPA vigoureusement opposée

Si ces syndicats d’officinaux soutiennent cette mesure, les industriels de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) se déclarent totalement opposés à ce projet qu’ils considèrent comme un « véritable retour en arrière » de tout ce qui a été construit depuis plus de dix ans autour du développement du libre accès en pharmacie. « Cette décision prise sans concertation nous surprend, elle vient à contre-courant des travaux entrepris depuis 2008 avec l’ANSM pour établir une liste de molécules en libre accès et définir ce marché », tance l’association. Elle ajoute : « Elle va à l’encontre de la mouvance des Français à devenir acteurs de leur santé, en les privant de leur capacité à choisir et à comparer des médicaments d’automédication. »

Sur le plan économique, cette mesure serait un mauvais coup porté à un marché de l’automédication déjà mal-en-point, qui ne parvient toujours pas à décoller en France, contrairement à ses voisins européens. Elle concernerait environ 80 spécialités de la liste des médicaments en libre accès, soit 20 % des produits de ce marché.

Publicité

Selon l’AFIPA, 72 % des officines ont investi dans un espace dédié au libre-accès et auraient, elles-aussi, à souffrir de cette mesure. Réaffirmant, par ailleurs, son attachement au conseil pharmaceutique, elle maintient que cette mesure n’est pas nécessaire et qu’il existe d’autres façons de renforcer le bon usage et la sécurité du patient, notamment en inscrivant de manière systématique des médicaments à prescription médicale facultative au dossier pharmaceutique du patient lors de leur délivrance, et en organisant une campagne de communication grand public sur le bon usage des médicaments sans ordonnance que l’Afipa appelle de ses vœux depuis plusieurs années. Elle aura l’occasion de le faire savoir à l’ANSM qui a annoncé dans le même temps l’ouverture d’une « phase contradictoire » et de consultation avec les laboratoires concernés.